LA PIOGGIA
«Gira rigira biondina » cantava mia madre, e cuciva. Io m’incantesimavo alle prosodie della pioggia sul tetto, della piena in mezzo alla strada. Le quali erano in verità tempeste irrisorie, dopo un po’ ne restava solamente, da una crepa nel soffitto, uno sgocciolìo che mia madre chiamava
stizzània e combatteva con un bacile smaltato posato sul pavimento. Ne misuravo i rintocchi, ricordo, sul metronomo del mio polso, più categorico allora del suonatore di piatti domenicali nella banda di Pulvirenti. Ma già il sole s’affacciava fra le nuvole, come dopo uno stratagemma felice. Uscendo, l’odore di terra bagnata feriva il cuore con tanta dolcezza che tutta la vita a venire pareva dovesse replicare il successo di quella giornata : acquazzoni da nulla, al mattino, quindi
stizzànie di un’ora, quindi il sole per terrazze e balconi, con uccelli a far festa, come nella poesia che avevo imparato a memoria l’altr’anno. Si capisce che poi la vita non è andata veramente così.
Gesualdo Bufalino Museo d'ombre, Ed. Bompiani
LA PLUIE
« Dansez, valsez, ma belle » chantait ma mère en cousant. Moi, je m’enchantais du rythme de la pluie sur le toit, de la crue qui envahissait la route. Il s’agissait en fait de tempêtes dérisoires ; peu de temps après, il n’en restait, s’écoulant d’une fissure du plafond, qu’un goutte à goutte que ma mère appelait
stizzània, et contre lequel elle luttait à l’aide d’une bassine émaillée posée à même le sol. Je me souviens que je mesurais la cadence des tintements sur le métronome de mon pouls, plus régulier en ce temps-là que le préposé aux cymbales dans les concerts dominicaux de la fanfare de Pulvirenti. Mais déjà le soleil se montrait à travers les nuages, heureux du bon tour qu’il venait de jouer. Dehors, l’odeur de la terre mouillée blessait l’âme avec tant de douceur qu’on pouvait presque s’imaginer que toute la vie à venir serait une exacte réplique de cette journée parfaite : le matin, quelques averses inoffensives suivies d’une heure de goutte à goutte, et enfin le soleil sur les terrasses et les balcons, accompagné du chant des oiseaux, comme dans le poème que j’avais appris par cœur l’année précédente. On l’aura compris : plus tard, ce n'est pas vraiment ainsi que la vie s'est déroulée.
(Traduction personnelle)
'I CASI ' Û VIENTU.
Le case del vento
Che non si sappia in giro, ma il vecchio catarroso Eolo è qui, in questo crocicchio di campagna, che s’è venuto a nascondere, dopo che vide i suoi scogli invasi da bande di detestabili
sub. Ed è qui ancora, a mezzo marzo, quando l’aria va in fregola e ogni sangue esita fra temporale e torpore, ch’egli per pochi professori di lettere e intenditori paganti apre le porte del suo teatro di primavera. Dato che da noi, a primavera, anche le meteore e le ore diventano persone drammatiche, sorprendono come un intrigo a puntate. Senza lesinare un colpo di scena, uno scambio di persona, un dio ex-machina, un’agnizione. Basta mettere il naso fuori, e subito si sente il cielo gonfiarsi e sgonfiarsi di umori tanto imperiosi quanto fuggitivi. Esordisce lo scirocco, altezzosamente, e riempie di sabbia i colletti, di vespe fiacche le soglie. Un minuto dopo, è già libeccio, un malandrino malpelo che t’investe di sbieco e ti butta a cercare riparo nei mancorrenti di ferro. Svolti l’angolo, e ti sorprende dalla Provenza
‘a pruvenza, monotona prefica alle cui lamentele presta orecchio il suicida. Le volti doverosamente le spalle, ma ti afferra sottobraccio il levante, un farfallone amoroso che ruba capelli e cappelli, occhieggia sotto le gonne, impiglia rondini e foglie in trappole di girotondi. Quando infine si fa (pare farsi) la pace, ecco, fuori programma,
‘a viscia, un soffio al quale nessuno punto dell’orizzonte fu patria, ma è nostro, di qui, partorito da un singolare mulinello sul nostro capo, qui ai piedi del monte, dove i carrubi s’azzuffano con le viti della pianura : un gesuita untuosetto, umidiccio, solito maltrattare le ossa dei vecchi e fare impennare i baveri sui colli magri degli adolescenti. Perciò che non si dica in giro, ma è qui che Eolo ha traslocato per sempre, lui e quei quattro scavezzacolli dei venti suoi.
Gesualdo Bufalino Museo d'ombre Ed. Bompiani
'I CASI 'Û VIENTU.
Les maisons du vent
Il ne faut pas ébruiter la nouvelle, mais c’est bien ici, dans ce carrefour de campagne, que ce vieux catarrheux d’Éole est venu se cacher, après avoir vu ses rochers envahis par des hordes de détestables adeptes de la plongée sous-marine. Et c’est encore ici qu’à la mi-mars, quand l’air devient moite et que chacun hésite entre orage et torpeur, il ouvre les portes de son théâtre de printemps, au bénéfice de quelques professeurs de lettres et connaisseurs payants. On sait bien que chez nous, au printemps, même les météores et les heures deviennent des acteurs de drame, aussi imprévisibles qu’un feuilleton à épisodes. Ils ne lésinent pas sur les coups de théâtre, les quiproquos, les interventions d’un Deux ex machina, les révélations. Il suffit de mettre le nez dehors et l’on sent aussitôt le ciel enfler et désenfler, sous l’effet d’humeurs aussi impérieuses que fugitives. C’est d’abord le hautain sirocco qui remplit de sable les cols de chemise et de guêpes lasses les seuils des maisons. Une minute plus tard, c’est déjà le tour du libeccio, un coquin mal embouché qui t’attaque par surprise, te forçant à chercher refuge contre quelque rampe de fer. Tu tournes à l’angle et voilà que te surprend le mistral venu de Provence, comme une monotone pleureuse dont les lamentations attirent le candidat au suicide. Tu lui tournes justement le dos, mais c’est alors le vent d’est qui te prend par le bras, tel un amoureux papillonnant qui chipe cheveux et chapeaux, glisse un œil sous les jupes, entraîne hirondelles et feuilles dans les pièges de ses rondes. Quand enfin la paix revient (ou semble revenir), voici, hors programme, ce vent froid apatride et pourtant bien de chez nous, né d’un singulier tourbillon au-dessus de nos têtes, ici même, au pied de la montagne, là où les caroubiers se querellent avec les vignes de la plaine : il ressemble à un jésuite mielleux et moite, qui se complait à maltraiter les os des vieillards et à faire remonter les cols de veste sur les cous maigres des adolescents. Donc, il ne faut pas que cela se sache, mais c’est bien ici qu’Éole s’est définitivement installé, lui et ses quatre vents intrépides.
(Traduction personnelle)