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mercredi 20 août 2014

Quei bambini che giocano (Ces enfants qui jouent)




Quei bambini che giocano
un giorno perdoneranno
se presto ci togliamo di mezzo.
Perdoneranno. Un giorno.
Ma la distorsione del tempo
il corso della vita deviato su false piste
l'emorragia dei giorni
dal varco del corrotto intendimento :
questo no, non lo perdoneranno.
Non si perdona a una donna un amore bugiardo,
l'ameno paesaggio d'acque e foglie
che si squarcia svelando
radici putrefatte, melma nera.
« D'amore non esistono peccati,
s'infuriava un poeta ai tardi anni,
esistono soltanto peccati contro l'amore ».
E questi no, non li perdoneranno. 

Vittorio Sereni  Gli strumenti umani, Einaudi Editore, 1965






Ces enfants qui jouent
un jour pardonneront
si nous faisons vite place nette.
Ils pardonneront. Un jour.
Mais la distorsion du temps
le cours de la vie détourné sur de fausses pistes
l'hémorragie des jours
s'écoulant de la brèche de la raison corrompue :
cela, non, ils ne le pardonneront pas.
On ne pardonne pas à une femme un amour mensonger,
le plaisant paysage d'eaux et de feuilles
qui se déchire en révélant
des racines putréfiées, de la fange noire.
« Il n'y a pas pas de péchés d'amour,
martelait un poète dans ses vieux jours (1),
il n'y a que des péchés contre l'amour. »
Et ceux-là, non, ils ne les pardonneront pas.

(Traduction personnelle)

(1) Le vieux poète est Umberto Saba, dont Vittorio Sereni rapporte ici les propos. 

Je rajoute ici la traduction du même poème par Bernard Simeone et Philippe Renard (in Les instruments humains, Verdier, 1991) :

Ces enfants qui jouent
un jour ils pardonneront
si vite nous laissons la place.
Ils pardonneront. Un jour.
Mais la distorsion du temps
le cours de la vie dévié sur de fausses pistes
l'hémorragie des jours
dans la trouée de l'intelligence corrompue :
cela non, ils ne le pardonneront pas.
On ne pardonne pas à une femme un amour mensonger,
le riant paysage d'eaux et de feuilles
qui se déchire en dévoilant
des racines putréfiées, de la boue noire.
« Il n'existe pas de péchés d'amour,
rugissait un poète en ses vieilles années,
il n’existe que des péchés contre l'amour. »
Et ceux-là non, ils ne les pardonneront pas.








Images : en haut, Ilaria Gatto  (Site Flickr)

au centre, Erminio Vanzan  (Site Flickr)

en bas, Cesare Nicola  (Site Flickr)




dimanche 20 avril 2014

Nella sera della domenica di Pasqua (Le Soir du dimanche de Pâques)




Solo e pensoso dalla spiaggia i lenti
passi rivolgo alla casa lontana.
È la sera di Pasqua. Una campana
piange dal borgo sui passati eventi.

L'aure son miti, son tranquilli i venti
crepuscolari ; una dolcezza arcana
piove dal ciel sulla progenie umana,
le passioni sue fa meno ardenti.

Obliando, io penso alle legende
di Fausto, che a quest'ora era inseguito
dall'avversario in forma di barbone.

E mi par di vederlo, sbigottito
fra i campi, dove ombrosa umida scende
la notte, e lungi muore una canzone.

Umberto Saba   Canzoniere, Poesie dell'adolescenza e giovanili






Le soir du dimanche de Pâques


Seul et pensif, je reviens de la plage
à pas lents vers la maison lointaine.
C'est le soir de Pâques. Une cloche
pleure depuis le bourg sur ce qui s'est passé.

Les brises sont légères, tranquilles les vents
du crépuscule ; une mystérieuse douceur
tombe du ciel sur les humains,
dont les passions se font moins ardentes.

Méditant, je pense aux légendes
de Faust, qui à cette heure était poursuivi
par l'adversaire changé en chien.

Et il me semble le voir, stupéfait,
aller par les champs, où la nuit ombreuse et humide
descend, et au loin meurt une chanson.


(Traduction personnelle) 




 



Images : en haut, LellaViola  (Site Flickr)

au centre, Mike Scoltock  (Site Flickr)

en bas, Flavio Ricci  (Site Flickr)




mercredi 9 janvier 2013

Mezzogiorno d'inverno (Midi en hiver)




 In quel momento ch'ero già felice
(Dio mi perdoni la parola grande
e tremenda) chi quasi al pianto spinse
mia breve gioia? Voi direte: "Certa
bella creatura che di là passava,
e ti sorrise". Un palloncino invece,
un turchino vagante palloncino
nell'azzurro dell'aria, ed il nativo
cielo non mai come nel chiaro e freddo
mezzogiorno d'inverno risplendente.
Cielo con qualche nuvoletta bianca,
e i vetri delle case al sol fiammanti,
e il fumo tenue d'uno due camini,
e su tutte le cose, le divine
cose, quel globo dalla mano incauta
d'un fanciullo sfuggito (egli piangeva
certo in mezzo alla folla il suo dolore,
il suo grande dolore) della Borsa e il Caffé dove seduto
oltre i vetri ammiravo io con lucenti
occhi or salire or scendere il suo bene.

Umberto Saba, Canzoniere, Cose leggere e vaganti, ed. Einaudi



Midi en hiver

En ce moment où j'étais déjà heureux
(Que Dieu me pardonne une parole si grande et si terrible)
qui mena presque jusqu'aux larmes ma joie fugace ?
Sans doute direz-vous : «Certaine belle créature qui passait par là
et qui t'a souri ?» En fait, ce n'est qu'un petit ballon,
un petit ballon bleu perdu dans l'azur de l'air,
et le ciel natal resplendissant comme jamais
en ce midi limpide et froid de l'hiver.
Un ciel avec quelques petits nuages blancs,
et les vitres des maisons flamboyant au soleil,
et la fumée légère d'une ou deux cheminées,
et au-dessus de chaque chose, les divines choses,
ce globe échappé de la main imprudente d'un enfant
(bien sûr, son chagrin, son grand chagrin, le faisait pleurer
au milieu de la foule) entre le Palais de la Bourse et le Café
où, assis derrière les vitres, les yeux brillants d'admiration,
je regardais tantôt monter, tantôt descendre son trésor.

(Traduction personnelle)







Images : en haut, Site Flickr

en bas, Site Flickr

lundi 13 juin 2011

Principio d'estate (Début d'été)




Dolore, dove sei ? Qui non ti vedo ;

ogni apparenza t'è contraria. Il sole
indora la città, brilla nel mare.
D'ogni sorta veicoli alla riva
partono in giro qualcosa o qualcuno.
Tutto si muove lietamente, come
tutto fosse di esistere felice.

Umberto Saba Canzoniere Ed. Mondadori


Douleur, où es-tu ? Ici, je ne te vois pas ;

toute apparence t'est contraire. Le soleil
dore la ville, brille dans la mer.
De toutes sortes de véhicules sur la rive
partent en voyage quelque chose ou quelqu'un.
Tout s'anime joyeusement, comme
si tout était heureux d'exister.

(Traduction personnelle)








Images : Site Flickr



mercredi 21 avril 2010

Velieri



Il molo


Per me al mondo non v'ha un più caro e fido
luogo di questo. Dove mai più solo
mi sento e in buona compagnia che al molo
San Carlo, e più mi piace l'onda e il lido ?

Vedo navi il cui nome è già un ricordo
d'infanzia. Come allor torbidi e fiacchi
– forse aspettando dell'imbarco l'ora –
i garzoni s'aggirano ; quei sacchi
su quella tolda, quelle casse a bordo
di quel veliero, eran principio un giorno
di gran ricchezze, onde stupita avrei
l'accolta folla a un lieto mio ritorno,
di bei doni donati i fidi miei.
Non per tale un ritorno or lascerei
molo San Carlo, quest'estrema sponda
d'Italia, ove la vita è ancora guerra ;
non so, fuori di lei, pensar gioconda
l'opera, i giorni miei quasi felici,
così ben profondate ho le radici
nella mia terra.

Né a te dispiaccia, amica mia, se amore
reco pur tanto al luogo ove son nato.
Sai che un più vario, un più movimentato
porto di questo è solo il nostro cuore.

Umberto Saba Il Canzoniere, Trieste e una donna Einaudi ed.





Le môle

Il n'y a pas pour moi au monde un lieu plus cher et plus sûr
que celui-là. Où pourrais-je donc me sentir plus seul
et en meilleure compagnie qu'au môle
San Carlo, où me plairaient davantage les flots et le rivage ?

Je vois des bateaux dont le nom déjà est un souvenir
d'enfance. Comme en ce temps-là, troublés et fatigués
– en attendant peut-être l'heure de l'embarquement –
les garçons rôdent ; tous ces sacs
sur le pont, ces caisses à bord
de ce voilier, étaient alors l'annonce
de grandes richesses, par lesquelles j'aurais étonné
la foule accourue pour fêter mon retour,
et comblé de beaux présents mes amis fidèles.
Même pour un tel retour, je ne quitterais aujourd'hui
le môle San Carlo, cette rive extrême
d'Italie, où la vie est encore une guerre ;
je ne sais pas, loin d'ici, imaginer un travail joyeux,
et mes journées presque heureuses,
tant mes racines sont profondément enfoncées
dans ma terre.

Et ne t'offusque pas, mon amie, si j'ai tant d'amour
pour les lieux où je suis né.
Tu sais bien qu'un port plus varié et plus animé que celui-là
n'existe qu'en notre cœur.

(Traduction personnelle)


Images
: Renaud Camus (Autoportrait au grand voilier, Site Flickr)

Tiziana de Meis (Trieste, Molo San Carlo, Site Flickr)

mercredi 17 mars 2010

Guido


Sul campo, ove a frugar tra l'erba siede,
mi scorge, e in fretta a sé mi chiama, o impronto
s'appressa, come chi un compagno vede ;

sciocchissimo fanciullo, a cui colora
le guance un rosa di nubi al tramonto,
e ai quindici anni non par giunto ancora.

Parla di nevicate e di radicchi,
e del paese ove ha un zio bifolco.
Poi, senza ch'altri lo rincorra o picchi,

fugge da me che intento l'ho ascoltatato ;
or lo guardo tenersi bene al solco,
non mai, correndo, entrar nel seminato.

Giunto al cancello, lo vedrò in quel tratto
tornarmi, se non fa il verso al tacchino,
o non mi scorda per l'amor che ratto

nasce tra un cane giovane e un bambino.

Umberto Saba Il canzoniere, La serena disperazione, ed. Einaudi

Guido

Dans le champ où, assis, il fouille l'herbe,
il m'aperçoit, et aussitôt m'appelle, ou sans façon
s'approche, comme s'il avait vu l'un de ses compagnons ;

Enfant insouciant, aux joues colorées
par le rose des nuages au crépuscule,
et qui semble n'avoir même pas quinze ans.

Il parle de jours de neige et de chicorée,
et du village où vit son oncle paysan.
Puis, sans que personne ne le poursuive ou le frappe,

il s'éloigne de moi qui attentif l'écoutais ;
maintenant je le regarde bien suivre le sillon,
sans jamais, en courant, entrer dans le semis.

Arrivé à la barrière, je le verrai à cet instant
revenir vers moi, à moins qu'il n'imite le dindon,
ou ne m'oublie pour cet amour impromptu

qui naît entre un jeune chien et un enfant.

(Traduction personnelle)

Image :
Caravaggio, Fanciullo con canestro di frutta

dimanche 29 novembre 2009

Ulisse


Nella mia giovinezza ho navigato
lungo le coste dalmate. Isolotti
a fior d’onda emergevano, ove raro
un uccello sostava intento a prede,
coperti d’alghe, scivolosi, al sole
belli come smeraldi. Quando l’alta
marea e la notte li annullava, vele
sottovento sbandavano più al largo,
per fuggirne l’insidia. Oggi il mio regno
è quella terra di nessuno. Il porto
accende ad altri i suoi lumi; me al largo
sospinge ancora il non domato spirito,
e della vita il doloroso amore.

Umberto Saba Mediterranee

J'ai navigué dans ma jeunesse
Le long des côtes dalmates. Des îlots
Émergeaient à fleur d'eau, où parfois
S'arrêtait un oiseau guettant sa proie,
Couverts d'algues, glissants, beaux
Au soleil comme des émeraudes. Quand la marée
Haute et la nuit les annulaient, les voiles
Sous le vent dérivaient plus au large,
Pour en fuir l'embûche. Aujourd'hui mon royaume
Est cette terre de personne. Le port
Pour d'autres allume ses feux ; l'esprit
Indompté me pousse encore au large,
Et de la vie le douloureux amour.

Traduction : Philippe Renard (Anthologie bilingue de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1994)

Une présentation d'Umberto Saba (en italien)

L'Ulysse de Dante (Inferno, canto XXVI)

Contro Ulisse : demitizzare un modello negativo

Umberto Saba sur le site d'Angèle Paoli, Terres de femmes

On peut lire ici (en italien) un beau commentaire de cette poésie.

Image : Le Mépris, de Jean-Luc Godard

dimanche 19 avril 2009

Glauco


Glauco, un fanciullo dalla chioma bionda,
dal bel vestito di marinaretto,
e dall'occhio sereno, con gioconda
voce mi disse, nel natio dialetto :

Umberto, ma perché senza un diletto
tu consumi la vita, e par nasconda
un dolore o un mistero ogni tuo detto ?
Perché non vieni con me sulla sponda

del mare, che in sue azzurre onde c'invita ?
Qual'è il pensiero che non dici, ascoso,
e che da noi, così a un tratto, t'invola ?

Tu non sai come sia dolce la vita
agli amici che fuggi, e come vola
a me il mio tempo, allegro e immaginoso.

Umberto Saba Canzoniere, Poesie dell'adolescenza e giovanili.


Glauco, un enfant à la blonde chevelure,
au bel habit de petit marin,
et à l'œil limpide, d'une voix
enjouée me dit, dans son dialecte natal :

Umberto, mais pourquoi sans plaisir
consumes-tu ta vie, et sembles-tu cacher
une souffrance ou un mystère dans chacune de tes paroles ?
Pourquoi ne viens-tu pas avec moi sur la rive

de la mer, qui dans ses vagues d'azur nous invite ?
Quelle est cette pensée que tu ne dis pas, secrète,
et qui à nous, d'un seul coup, t'arrache ?

Tu ne sais pas combien douce est la vie
aux amis que tu fuis, ni comment pour moi fuit
le temps, plein de gaieté et d'imagination.

Traduction : René de Ceccatty