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vendredi 3 août 2018

La vita... (La vie...)




La vita... è ricordarsi di un risveglio
triste in un treno all'alba : aver veduto 
fuori la luce incerta : aver sentito
nel corpo rotto la malinconia
vergine e aspra dell'aria pungente.

Ma ricordarsi la liberazione
improvvisa è più dolce : a me vicino
un marinaio giovane : l'azzurro
e il bianco della sua divisa, e fuori
un mare tutto fresco di colore. 

Sandro Penna  Poesie (1927-1938) Garzanti Editore






La vie... c'est se souvenir d'un réveil
triste dans un train à l'aube : avoir vu
au-dehors la lumière hésitante : avoir senti
dans le corps rompu la mélancolie
vierge et âpre de l'air piquant.

Mais se souvenir de la libération
soudaine est plus doux : près de moi
un jeune marin : le bleu
et le blanc de son uniforme, et dehors
une mer toute fraîche de couleur.

(Traduction personnelle) 






Images : en haut, Yannis Tsarouchis  Portrait de T.M. en marin, 1976

au centre, Yannis Tsarouchis  Marin lisant dans un café, 1980

en bas, Caterina Moretti  (Site Flickr)



Είναι μεγάλος ο γιαλός 
είναι μακρύ το κύμα 
είναι μεγάλος ο καημός 
κι είναι πικρό το κρίμα 

Ποτάμι μέσα μου πικρό 
το αίμα της πληγής σου 
κι από το αίμα πιο πικρό 
στο στόμα το φιλί σου 

 Δεν ξέρεις τι ‘ναι παγωνιά 
ραδιά χωρίς φεγγάρι 
να μη γνωρίζεις ποια στιγμή 
ο πόνος θα σε πάρει 

Ποτάμι μέσα μου πικρό 
το αίμα της πληγής σου 
κι από το αίμα πιο πικρό 
στο στόμα το φιλί σου 

jeudi 26 juillet 2018

Passata è la Bellezza




Se passa una bellezza che va in fretta
non hai l'anima nera, per non averla stretta.
Tu guardi al cielo verde nella prima
sera. Passata è la Bellezza in bicicletta.

Sandro Penna  Poesie, ed. Garzanti

Si une beauté passe à toute vitesse
tu n'es pas amer de ne l'avoir étreinte.
Tu regardes le ciel vert à la tombée

du soir. La Beauté est passée à bicyclette.
 


(Traduction personnelle)






Images : en haut,  Site Flickr

en bas, Site Flickr



vendredi 22 septembre 2017

È l'autunno (C'est l'automne)




Pour saluer l'arrivée de l'automne, voici l'une des six poésies inédites de Sandro Penna recueillies dans le volume des Meridiani récemment consacré à l’œuvre de ce grand poète :

L'estate donò tutto il suo sole ! È l'autunno.
È l'autunno e piove !
Entri dalla finestra aperta
tutto l'odore nuovo, della terra.
E domani partirò.
Bramo di rituffarmi ancora entro la tua sana malinconia, ottobre.
Non so se debbo piangere per la morte
di una stagione ; ma sento che amo di già la nuova.
Ma la mia anima ! Come si tormenta !
Che è questa grigia gioia
di morire e rinascere ?
I miei pensieri
non sono più quelli di ieri
quelli che non comprendo più.
E questo continuo contraddirsi !
Questo eterno dipendere dalla terra ! ?
E domani non potrò
più risentire in me
questa mia anima di adesso. Perché ?
E queste linee non diranno
nulla a nessuno.
Fuori piove !
Steso sul mio letto
non posso ahimè difendermi
dall'assalto luminoso dei ricordi : e chiudo gli occhi.
Luci, colori, quadri vissuti un tempo...
ritornano
senza nessun legamento
dentro di me, ora.
Il cuore dà un tuffo, un attimo e poi
e poi la parola...
Oh la parola è vana ! Oh inesprimibile
sei tu la vera poesia

Sandro Penna  Tutte le poesie (I Meridiani / Mondadori, 2017)





L'été a donné tout son soleil ! C'est l'automne.
C'est l'automne, et il pleut !
Qu'entre par la fenêtre ouverte
toute l'odeur nouvelle, l'odeur de la terre.
Et demain je partirai.
J'ai hâte de me replonger encore dans ta saine mélancolie, octobre.
Je ne sais pas si je dois pleurer pour la mort
d'une saison ; mais je sens que j'aime déjà la nouvelle.
Mais mon âme ! Comme elle se tourmente !
Quelle est cette joie grise
de mourir et de renaître ?
Mes pensées
ne sont plus celles d'hier
celles que je ne comprends plus.
Et cette façon perpétuelle de se contredire !
Cette éternelle dépendance de la terre ! ?
Et demain je ne pourrai plus
ressentir en moi
mon âme de maintenant. Pourquoi ?
Et ces lignes ne diront
plus rien à personne.
Dehors il pleut !
Allongé sur mon lit
je ne peux plus hélas me défendre
de l'assaut lumineux des souvenirs : et je ferme les yeux.
Des lumières, des couleurs, des tableaux vécus autrefois...
reviennent
sans que rien ne les relie
en moi, maintenant.
Le cœur fait un plongeon, un instant et puis
et puis la parole...
Oh la parole est vaine ! Oh tu es inexprimable
toi la vraie poésie !

(Traduction personnelle)






Images : en haut et en bas : Site Flickr

au centre, Site Flickr



mercredi 13 septembre 2017

[Antonio]




L'un des événements éditoriaux de cette année en Italie est la parution (à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort du poète) d'un volume de la collection I Meridiani (la Pléiade italienne) regroupant l’œuvre intégrale de Sandro Penna : ses poèmes, les textes en prose (avec de nombreux inédits) et des pages de journal éditées pour la première fois. C'est un très beau travail d'édition, réalisé par Roberto Deidier et Elio Pecora, ami et biographe de Penna, sûrement le plus grand spécialiste de son œuvre. On espère que cela stimulera un peu les éditeurs français et que l'on pourra bientôt lire en français ce très grand poète, puisque pour le moment seule une partie infime de son œuvre est disponible en traduction (chez Grasset, dans la collection Cahiers rouges, quelques poèmes choisis et traduits par Dominique Fernandez (hélas sans le texte original en regard) et un volume de textes en prose : Un peu de fièvre, traduit par René de Ceccatty ; tout cela représente environ un quart de l’œuvre de Penna, c'est quand même bien peu !). 

Je propose ici l'un des textes en prose publié dans la section Autres récits, et jamais traduit en français : [Antonio], sans doute écrit dans les années soixante ; on y retrouve la tonalité si particulière de Penna, nostalgique, douloureuse, allusive, attentive à la sensation et à l'instant, éloignée de tout pathos. J'ai essayé de restituer en français la parataxe du texte original, avec ses asyndètes et son utilisation irrégulière de la ponctuation, y compris dans les dialogues ; tout cela donne l'impression d'une accélération de la narration proche du flux de conscience dans un monologue intérieur. On remarquera aussi le dédoublement étrange de l'auteur et du narrateur, qui parle de "Sandro" comme s'il s'agissait d'une autre personne...

Fatigué affligé lassé j’étais ce soir-là, j’avais l’impression en regardant les visages des passants que toute vie s’était arrêtée comme par enchantement, et que les gens écrasés par leurs préoccupations ne pensaient plus qu’à travailler à accumuler de l’argent  par un sentiment de rébellion contre eux-mêmes et par égoïsme envers leur prochain. Mais ce n’était pas mon cas, je suis toujours à la recherche du frisson de choses nouvelles de distractions. Et pourtant ce soir-là j’avais une grande envie d’évasion de ne plus éprouver toutes les angoisses les désirs de richesse. Ils m’agaçaient ce n’était pas des désirs nobles la soif d’argent l’instinct de supériorité. J’avais eu envie de me promener dans le centre de la ville. Peut-être pour y rencontrer une joyeuse compagnie qui me fasse oublier mes tracas ? peut-être un ami qui me donnerait un peu d’argent ? je ne sais pas. 




J’allais à l’aventure. Un petit vent léger et parfumé caressait la ville comme un souffle d’oubli. J’aimais sentir sur mon visage  ce précieux don de la nature. Saisi par la tristesse la plus désespérée je décidai soudain de rentrer tout de suite chez moi. Et aussitôt je me dirigeai d’un pas rapide vers le tramway. En longeant la majestueuse fontaine de la place de la République, illuminée a giorno, laissant mon regard s’attarder sur ce merveilleux spectacle je vis assis sur le parapet qui entoure la fontaine, deux jeunes gens avec le regard absent. Deux garçons venus de la banlieue, pensai-je, de ceux qui viennent en ville sans même pouvoir se payer le tram pour rentrer chez eux avec l’espoir de tomber sur un ami qui pris de compassion décide de les aider. Si c’est bien ça, me dis-je, il y en a un qui est beau mais l’autre pas vraiment. Je les avais dépassés d’à peine deux mètres quand j’entendis murmurer mon nom. Je me retournai et l’un des deux s’approcha de moi en souriant qu’est-ce que vous voulez ? lui dis-je aussitôt. Tu ne me reconnais pas ? Je le fixai un instant et je le reconnus immédiatement. Salut Antonio comment vas-tu et tout en lui disant cela je lui tendis la main qu’il serra chaleureusement en signe d’affection. Une veste de sport marron à carreaux, une chemise blanche au col ouvert, des pantalons gris de flanelle, et des chaussures noires qui complétaient sa tenue sportive. 




J’eus aussitôt l’impression de me trouver non plus devant l’adolescent ingénu d’il y a quelques années qui s’enthousiasmait pour un rien, et qui s’émerveillait quand on lui racontait une aventure stupide. Maintenant il ressemblait à un jeune homme, avec le visage ovale d’un brun sombre en parfait accord avec sa physionomie, des yeux noirs vifs et pénétrants toujours mobiles, le tout encadré par des cheveux frisés d’un noir d’ébène avec une petite mèche rebelle sur le front qui lui donnait un air encore plus vigoureux. Tu es beau, lui dis-je, si Sandro te voyait, tu le ferais devenir fou. Il hésita en souriant à peine, et répondit : Tu ne l’as plus vu ? Il y a à peu près une semaine nous avons parlé pendant trois heures dont deux et demi à propos de toi. Antonio, Sandro ne t’oublie jamais, il t’a aimé et il t’aime encore. Il serra les lèvres et mit un doigt devant sa bouche pour signifier qu’il ne fallait pas se faire entendre de son ami. Alors juste avec les yeux. 

Je compris tout de suite que ce n’était pas seulement un ami, mais quelque chose de plus. J’en eus la certitude quand je lui demandai qui était ce garçon et qu’il me répondit : mon cousin. Tu as une cigarette ? me dit-il ; comment ? tu n’as pas d’argent ! m’exclamai-je. Je n’ai pas un sou. Mais tu ne travailles pas ? Oui je travaille et le soir je m’entraîne à la salle de sport, tu as vu mes muscles ! et tout en disant cela il palpait ses biceps. Je te crois pas la peine de toucher, on voit bien que tu es costaud mais alors si je rencontre Sandro qu’est-ce que je dois lui dire ? Salue-le de ma part. Je lui offris une cigarette j’en pris une autre pour moi et on les alluma.

Sandro Penna  Altri racconti (in Opere, I Meridiani, Mondadori 2017) Traduction personnelle





Le texte original (cliquer sur l'image pour l'agrandir)




Images : (1) et (3) Santiago Perez Campos  (Site Flickr)

(2) Pino D'Amico  (Site Flickr

(3)  Josh Griffiths  (Site Flickr

 




La traduction de Dominique Fernandez

jeudi 31 décembre 2015

Luna di dicembre





Come è bella la luna di dicembre
che guarda calma tramontare l'anno.
Mentre i treni si affannano si affannano
a quei fuochi stranissimi ella sorride.

Sandro Penna Una strana gioia di vivere


Comme elle est belle, la lune de décembre,
qui calme regarde finir l'année.
Tandis que les trains s'essoufflent, s'essoufflent,
elle sourit à ces feux si étranges.






Images : en haut, Site Flickr

en bas, Paolo Campioni (Site Flickr)




mercredi 26 août 2015

Lumi (Lueurs)




 Lumi del cimitero, non mi dite
che la sera d'estate non è bella.
E belli sono i bevitori dentro
le lontane osterie.

Muovonsi come fregi
antichi sotto il cielo
nuovo di stelle.

Lumi del cimitero, calmi diti
contano lente sere. Non mi dite
che la notte d'estate non è bella.

Sandro Penna Poesie, ed. Garzanti.






Lueurs du cimetière, ne me dites pas
que le soir d'été n'est pas beau.
Et beaux sont les buveurs dans
les lointaines auberges.

Ils vont comme des frises
antiques sous le ciel
d'étoiles neuves.

Lueurs du cimetière, de calmes doigts
comptent des soirs lents. Ne me dites pas
que la nuit d'été n'est pas belle.

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Michele Zanetti  (Site Flickr)

en bas,  Site Flickr.

Vita da poeta : Sandro Penna

Alcune poesie di Sandro Penna




jeudi 17 mai 2012

Quasi un urlo (Presque un cri)






Il mare è tutto azzurro.
Il mare è tutto calmo.
Nel cuore è quasi un urlo
di gioia. E tutto è calmo.

Sandro Penna   Poesie, Garzanti Ed.

La mer est toute bleue.
La mer est toute calme.
Dans le cœur c'est presque un cri
de joie. Et tout est calme.

Traduction : Bernard Simeone








Images : en haut, Gérard Pesson, Après une lecture de Penna (Source de l'image)

en bas, Site Flickr

lundi 20 février 2012

Sandro Penna, come un addio






"Animula vagula blandula,

Hospes comesque corporis,
Quae nunc abibis in loca,
Pallidula, rigida, nudula,
Nec, ut soles, dabis iocos..."

P. Aelius HADRIANUS, Imp.


Al telefono, nelle ore dell’alba e della notte, diceva dell’amico che una volta lo aveva posto fra i poeti più grandi affianco a Dylan Thomas, tornava a elencare i suoi mali, nominava il suo cane, ripeteva che sarebbe morto assai presto : aveva sentito la morte passare sulla città, soffermarsi sulla sua casa, e come Leopardi la chiamava, trattenendo il pianto, «dolcissima fanciulla».

Aveva ultimamente tradotto per un amico pittore i versi dell’imperatore Adriano, li aveva trascritti più volte lasciando i fogli sul mucchio delle carte e dei farmaci e delle immondizie :

Animula vagula, blandula
ospite e compagna del corpo,
che ora te ne andrai in luoghi
sì pallidi, sì gelidi, sì nudi
né come solevi darai giochi...

Aveva ritenuto intraducibile quel primo verso che, con soave sofferta pazienza, chiamava l’anima minima e spersa dell’uomo, così infinitamente e vanamente tesa alla felicità e alla salute, pure così vaga e imprendibile.

Fra gli altri suoi versi – nascosti nella stanza dove conservava i ritagli dei giornali, le fotografie mai sviluppate, le tele e i cartoni dipinti da Raffaele, i libri rari e quelli dedicati da Comisso, da Montale, da Saba, da Pasolini – v’era un distico facile e fermo e straziato come un addio. Forse lo aveva scritto per la tomba che voleva al cimitero di Prima Porta – non al Verano dove erano sepolti vicini il padre e la madre e Beniamino e Elda – da quando, in un mattino di sole, era passato di là e aveva visto, dietro i loculi e le cappelle, terre erbose e colline e greggi e il cielo azzurro disteso. Nei due versi diceva :

Nostalgia della vita in me riaffiora
e fa triste la tomba che mi onora.

Elio Pecora Sandro Penna, una cheta follia, ed. Frassinelli, 1984


Au téléphone, aux petites heures de l’aube et de la nuit, il parlait de l’ami qui autrefois l’avait placé parmi les plus grands poètes à côté de Dylan Thomas, il recommençait à énumérer ses maux, mentionnait son chien, répétait qu’il serait mort très bientôt : il avait senti la mort passer sur la ville, s’arrêter dans sa maison, et comme Léopardi, en retenant ses larmes, il l’appelait «la si douce enfant».

Il avait récemment traduit pour un ami peintre les vers de l’empereur Hadrien, il les avait recopiés plusieurs fois en abandonnant les feuillets sur le tas de papiers, de médicaments, de détritus :

Petite âme, âme tendre et flottante,
compagne de mon corps qui fut ton hôte,
tu vas descendre dans ces lieux
si pâles, si durs, si nus,
où tu devras renoncer aux jeux d’autrefois.

Il considérait comme intraduisible le premier vers qui, avec une patience douce et tourmentée, parlait de l’âme minuscule et égarée de l’homme, si infiniment et vainement en quête du bonheur et du salut, et pourtant si indistincte et inatteignable.

Parmi ses autres vers – cachés dans la pièce où il conservait les coupures de journaux, les photographies jamais développées, les toiles et les cartons peints par Raphaël, les livres rares et ceux que lui avaient dédicacés Comisso, Montale, Saba et Pasolini – se trouvait un distique simple, ferme et douloureux comme un adieu. Il l’avait peut-être écrit pour qu’il figure sur sa tombe au cimetière de Prima Porta – pas au Verano où étaient enterrés côte à côte son père et sa mère, Benjamin et Elda – se rappelant d’un matin de soleil où il était passé par là et avait vu, derrière les tombes et les chapelles, des prairies, des collines et des troupeaux, étendus sous un ciel d’azur. Ces deux vers disaient :

La nostalgie de la vie en moi réaffleure
et rend triste la tombe qui m’honore.

(Traduction personnelle)




SAMEDI 7 DÉCEMBRE La tombe de Sandro Penna, au cimetière de Prima Porta : c'est un petit losange de pissenlits qui forme une placette. Si l'on en croit son biographe, Elio Pecora, ce privilège a été accordé après beaucoup d'insistance auprès de l'Assessorato alla Cultura di Roma et le poète a dû attendre quatre ans dans ces loculi funèbres qui sont ici le lot commun.

Sur le coin du massif d'herbes pousse un rosier, au centre, une stèle qui porte le nom, les dates, une croix, d'un côté, de l'autre, ces deux vers magnifiques :

Nostalgia della vita in me riaffiora

e fa triste la tomba che mi onora.

Gérard Pesson Cran d'arrêt du beau temps, Journal 1991-1998 Van Dieren éditeur, 2004




La traduction française des vers d'Hadrien est de Marguerite Yourcenar.

Transcription des vers autographes de Sandro Penna :

"Traversare un paese … e lì vedere
cheti fanciulli ridestarsi a un soffio
di musica e danzare. S’allontana
forma o colore : un sogno. Viva resta
la dolce persuasione di una fitta
rete d’amore ad inquietare il mondo."




Tombe de Sandro Penna : Source de l'image

samedi 28 novembre 2009

Perugia, da Porta Sole




Ho rifiutato di fare un «pezzo» su Perugia. È la mia città, non la vedo da dieci anni, mi è troppo cara e troppo sconosciuta ormai. Direi allora tante cose imprecise o non più vere, parlerei di me più che di Perugia. E non vale l'asserzione di un mio amico perugino rivisto qui a Milano da poco. « Perugia non è cambiata. » Non mi fido di lui : dovrei cominciare col ricordare che i perugini sono troppo modesti nel parlare della loro città. Sono il contrario di tanti cittadini che tutti sanno. Io, da lontano, ho sempre pensato invece che a Perugia siano sorti grattacieli. Tanto più che non intralcerebbero nemmeno la vista dei bei panorami, la città essendo adagiata sul vertice di un monte, tutta in discesa.

(...)

Ma è doveroso parlare del «centro». Che del resto è splendido in Perugia. Per chi discende da Porta Sole (splendido panorama, un poco rozzo dunque stranamente contrastante con gli altri. E qui c'è Dante : « onde Perugia sente freddo e caldo / da Porta Sole ») e arriva al fianco del Duomo la strada è davvero bella. A sinistra del Duomo, sulla piazza la celebre fontana dei fratelli Pisano e di fronte il palazzo dei Priori. Se c'è la luna sarà facile ritrovarla sopra. In fondo in fondo s'indovina che il «corso» finirà su l'infinito. Se si percorre infatti completamente, si arriva ad un parapetto dal quale la vista è una delle più belle d'Italia. A sinistra Assisi incassata sul fianco del Subasio, e da tutte le parti la luminosa valle per cui conviene, questa volta, chiamare in aiuto il Carducci (« e il sol nel radiante azzurro immenso / Fin de gli Abruzzi al biancheggiar lontano / Folgora, e con desio d'amor più intenso / Ride a' monti de l'Umbria e al verde piano »). Se, invece, sempre al «corso», s'intacca il già nominato arco dei Priori allora è difficile non trovar lì il forte vento che ne è la prerogativa più illustre. Perugia, si può dire, non manca mai di vento, un po' come Genova o come Trieste, ma senza arrivare alle esagerazioni della «bora». Ma quasi una violenza simile si può ritrovare, talvolta, sotto quell'arco, tanto che la brava mamma avverte di «respirare a bocca chiusa» quando la stagione non è, d'altronde per nessuno, felice. Per il resto Perugia non può lagnarsi del suo clima : non conosce né nebbie né forti caldure.

Sandro Penna Un po' di febbre ed. Garzanti






J'ai refusé de faire un «morceau» sur Pérouse. C'est ma ville, je ne la vois pas depuis dix ans, elle m'est trop chère et trop inconnue désormais. Je dirais donc tant de choses imprécises ou qui ne sont plus vraies, je parlerais de moi plus que de Pérouse. Et l'assertion d'un de mes amis pérugins, que j'ai vu ici, à Milan, il y a quelque temps, n'est pas fondée : « Pérouse n'a pas changé ». Je ne me fie pas à cet ami : je devrais commencer par rappeler que les Pérugins sont trop modestes quand ils parlent de leur ville. Ils sont le contraire de tant de citadins bien connus de tous. Moi, depuis longtemps, j'ai toujours pensé, au contraire, qu'à Pérouse avaient surgi des gratte-ciel. D'autant plus que qu'ils ne gêneraient même pas la vue des beaux panoramas puisque la ville est située au sommet d'une colline, toute en pente.

(...)

Mais il faut absolument parler du «centre». Qui d'ailleurs est splendide à Pérouse. Pour quiconque descend de Porta Sole (panorama splendide, un peu rustre et donc contrastant étrangement avec les autres. Et il faut ici citer Dante : « d'où Pérouse ressent froid et chaleur / depuis Porta Sole ») et arrive au pied du Dôme, la route est vraiment belle. À gauche du Dôme, sur la place, la célèbre fontaine des frères Pisano, et en face le palais des Prieurs. Si la lune brille, il sera facile de la retrouver juste au-dessus. Et tout au fond, on devine que le «cours» se perdra dans l'infini. Si on le parcourt entièrement, on arrive à un parapet d'où la vue est une des plus belles d'Italie. À gauche, Assise, encaissée sur le flanc du Subasio, et de toutes parts, la vallée lumineuse pour laquelle il convient cette fois-ci d'en appeler à Carducci : (« et le soleil dans l'azur immense rayonnant / Des Abruzzes jusqu'aux blêmes lointains / Éblouit, et avec un désir amoureux plus intense / Sourit aux monts de l'Ombrie et à la verte plaine »). Si, en revanche, toujours sur le «cours», on attaque l'arc des Prieurs, déjà cité, il est difficile de n'y pas trouver le vent violent qui en est la prérogative la plus illustre. Pérouse, peut-on dire, ne manque jamais de vent, un peu comme Gênes ou Trieste, mais sans en arriver aux exagérations de la bora. On peut cependant retrouver parfois une pareille violence, sous cet arc, au point que la brave mère avertit de «respirer la bouche fermée» quand la saison n'est, pour personne d'ailleurs, heureuse. Pour le reste, Pérouse n'a pas à se plaindre de son climat : elle ne connaît ni brouillards ni fortes chaleurs.

(Un peu de fièvre, traduction : René de Ceccaty, collection Les Cahiers rouges, Grasset)

Source des images : Site Flickr (1) et (2)