Dove sono finiti la carta assorbente, lo scaldaletto
detto « prete », la carta moschicida, l’olio di fegato di merluzzo,
il pan di miglio, la polenta col latte, il vaso da notte, il vespasiano, il
salvadanaio, i calzoni alla zuava, il nodo
Scappino, la magiostrina, le suole
di para, l’enteroclisma, le polentine di lino bollente, i suffumigi, le
inalazioni, le soprascarpe di gomma, le stringhe di liquerizia, i gommini con
lo zucchero, il tamarindo, il castagnaccio, le figurine Liebig, il flit, la
TBC, l’isteria, l’osteria, la lippa, i bei ciuffi sulle ascelle delle donne, i
capelli alla maschietta, i fazzoletti da naso, lo spolverino, il campanaro, le
pulci, le cimici, le giarrettiere per uomo, il frac, il comodino che sapeva di
piscio, il fuoco nel camino, l’uomo del ghiaccio, il portasigarette, il caffè
con l’uovo sbattuto, il rosolio, l’ombrello da sole, la sifilide, il sapone di
Marsiglia, il charleston, il cinema muto, il garzone del lattaio, lo
spazzacamino, l’arrotino, il ciabattino, l’odore di piedi, le penitenze, il
solitario, la macchina da cucire, il pianoforte verticale, il croket, lo
sferisterio, il tabacco da naso, il bastone da passeggio, i mutandoni, la terza
classe, la zanzariera, il grog, le corse dei cani, il rasoio a mano libera, il
gibus, il cappello a cilindro, l’unghia lunga del mignolo, le monete d’oro, le
caramelle mou, il dirigibile, i manicomi, gli anarchici, la lotta libera, il
cornetto acustico, le mondine, le donne di servizio, i cantastorie, i calendari
profumati, le vergini, le zitelle, le operette, i caffè con l’orchestrina, le
lettere d’amore, il jazz ?
Resistono ancora : le mosche, le zanzare,
le belle donne, le malattie, la morte, i furbi, i ladri e, naturalmente, le
puttane.
Dino Risi I miei mostri Mondadori Editore, 2004
Où sont passés
le papier buvard, l’ustensile appelé
« prete » (prêtre) dont on se
servait pour réchauffer les lits, le papier tue-mouche, l’huile de foie de
morue, le pain de millet, la polenta avec du lait, le pot de chambre, la
vespasienne, la tirelire, le pantalon de zouave, le nœud de cravate Windsor, le
canotier, les semelles crêpe, la poire à lavement, les cataplasmes de lin
bouillants, les inhalations, les couvre-chaussures en caoutchouc, les rouleaux
de réglisse, les boules de gomme, le tamarin, le gâteau de châtaignes, les
vignettes Liebig, le flytox, la tuberculose, l’hystérie, l’hôtellerie, le jeu
de la
lippa, les belles touffes sous les bras des femmes, les cheveux à la
garçonne, les mouchoirs, le plumeau, le sonneur de cloches, les puces, les
punaises, les fixe-chaussettes, le frac, la table de nuit qui sentait le pipi,
le feu de cheminée, l’homme des glaces, le fume-cigarette, le café avec de l’œuf
battu, la liqueur de rose appelée
rosolio, l’ombrelle, la syphilis, le savon de
Marseille, le charleston, le cinéma
muet, le garçon laitier, le balayeur de
rues, le rémouleur, le cordonnier, l'odeur de pieds, les pénitences, le
solitaire, la machine à coudre, le piano droit, le croquet, le
sphéristère, le
tabac à priser, la canne, les caleçons longs, la troisième classe, la
moustiquaire, le grog, les courses de chiens, le
rasoir coupe-choux, le gibus,
le
haut-de-forme, l’ongle long au petit doigt, les monnaies d’or, les caramels
mous, le dirigeable, les
asiles de fous, les
anarchistes, la lutte libre, le
cornet acoustique, les
ouvrières des rizières, les
femmes de chambre, les
chanteurs des rues, les calendriers parfumés, les vierges, les vieilles filles,
les opérettes, le café avec petit orchestre, les lettres d’amour, le jazz ?
Parmi les espèces qui résistent encore : les mouches, les moustiques, les
belles filles, les maladies, la mort, les petits malins, les voleurs et, bien
entendu, les putains.
Dino Risi Mes monstres Editions de Fallois / L'Âge d'Homme, 2014 (Traduction :
Béatrice Vierne)
Images : en haut, Riso amaro, de Giuseppe De Santis
au centre, Claude Monet L'Été, 1874
en bas, Lillian Gish dans Way Down East, de D. W. Griffith, 1920