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lundi 20 mars 2017

La quercia caduta (Le chêne abattu)



"Ah chi sa dove sarà..."






 La quercia caduta

Dov'era l'ombra, or sé la quercia spande
morta, né più coi turbini tenzona.
La gente dice : Or vedo : era pur grande !

Pendono qua e là dalla corona
i nidïetti della primavera.
Dice la gente : Or vedo : era pur buona !

Ognuno loda, ognuno taglia. A sera
ognuno col suo grave fascio va.
Nell'aria, un pianto... d'una capinera

che cerca il nido che non troverà.

Giovanni Pascoli  Primi poemetti (1897-1904)


Le chêne abattu

Là où était l'ombre, maintenant gît le chêne
mort, il ne lutte plus contre les tempêtes.
Les gens disent : «On le voit maintenant : il était vraiment grand !»

Ici et là pendent dans le feuillage
les petits nids du printemps.
Les gens disent : «On le voit maintenant : il était vraiment bon !»

Chacun le loue, chacun le taille. Le soir,
chacun s'en va avec son pesant fardeau.
Dans l'air, un sanglot... c'est une fauvette

qui cherche le nid qu'elle ne trouvera pas.

(Traduction personnelle)






Toutes les photographies sont de Luca Borghi  (Site Flickr)



mardi 28 juin 2016

L'assiuolo (L'Oiseau de nuit)




L'assiuolo 

Dov’era la luna ? Ché il cielo
notava in un’alba di perla, 
ed ergersi il mandorlo e il melo 
parevano a meglio vederla. 
Venivano soffi di lampi 
da un nero di nubi laggiù ; 
veniva una voce dai campi : 
chiù... 

Le stelle lucevano rare 
tra mezzo alla nebbia di latte : 
sentivo il cullare del mare, 
sentivo un fru fru tra le fratte ; 
sentivo nel cuore un sussulto, 
com’eco d’un grido che fu. 
Sonava lontano il singulto : 
chiù... 

Su tutte le lucide vette 
tremava un sospiro di vento : 
squassavano le cavallette 
finissimi sistri d’argento 
(tintinni a invisibili porte 
che forse non s’aprono più ?...) ; 
e c’era quel pianto di morte... 
chiù...

Giovanni Pascoli   Myricae 



 
Renata Tebaldi chante L'assiuolo, mis en musique par Riccardo Zandonai


L'Oiseau de nuit

Où était la lune ? Puisque le ciel 
avait la couleur d'une aube de perle,
et que l'amandier et le pommier semblaient 
tendre leurs branches pour mieux la voir.
Des éclairs scintillaient
dans le noir des lointains nuages ;
une voix venait des champs :
chiù...

De rares étoiles brillaient 
 dans une brume de lait :
j'entendais le bercement de la mer,
j'entendais un frou-frou dans les fourrés ;
et je sentais mon cœur tressaillir,
comme l'écho d'un cri éteint.
Un sanglot résonnait dans le lointain :
chiù...

Sur tous les sommets étincelants
tremblait un souffle de vent :
les criquets secouaient obstinément
de fins sistres d'argent
(tintements sur d'invisibles portes
qui sans doute ne s'ouvriront plus ?...) ;
et l'on entendait cette plainte funèbre :
chiù...


 (Traduction personnelle)






Note sur la traduction :  l'assiuolo est un oiseau nocturne semblable à un petit hibou (on l'appelle en français petit-duc). A la fin de chaque strophe, Pascoli reprend la même onomatopée (chiù) qui cherche à imiter le chant du petit-duc (l'équivalent de hou en français) ; on y perçoit aussi toutefois une déformation de più ("plus", dans le sens de "jamais plus"), qui correspond bien à la tonalité crépusculaire et funèbre du poème.

On peut entendre ici une récitation de L'assiuolo.


Images : en haut, Mirko Zammarchi  (Site Flickr

en bas, Site Flickr 

lundi 10 août 2015

X Agosto (Le 10 août)




Le dix août, c'est la nuit des étoiles filantes, les larmes de saint Laurent. Pour Giovanni Pascoli, le dix août 1867 (il avait douze ans) est resté à jamais le jour de la mort de son père Ruggero, tué d'un coup de fusil dans les parages de Cesena, d'où il revenait après avoir acheté quelques cadeaux pour ses enfants, dont deux poupées pour ses filles. C'est cet événement tragique qu'évoque Pascoli dans le poème que je cite ci-dessous. Il y reviendra plusieurs fois dans son œuvre, par exemple dans Un ricordo, Tra San Mauro e Savignano, Il giorno dei morti, et dans La Cavalla storna, qui est peut-être son poème le plus célèbre. On y voit la jument pie ("storna", au poil gris tacheté de blanc), attelée à la carriole sur laquelle se trouvait le père, revenir sans son passager : "O cavallina, cavallina storna, / portavi a casa sua chi non ritorna!" ("Ô jument, petite jument grise / Tu ramenais celui qui ne reviendra plus!").



 


 X Agosto

San Lorenzo, io lo so perché tanto
di stelle per l'aria tranquilla
arde e cade, perché si gran pianto
nel concavo cielo sfavilla.

Ritornava una rondine al tetto :
l'uccisero : cadde tra spini :
ella aveva nel becco un insetto :
la cena de' suoi rondinini.

Ora è là, come in croce, che tende
quel verme a quel cielo lontano ;
e il suo nido è nell'ombra, che attende,
che pigola sempre più piano.

Anche un uomo tornava al suo nido :
l'uccisero : disse : Perdono ;
e restò negli aperti occhi un grido :
portava due bambole in dono...

Ora là, nella casa romita,
lo aspettano, aspettano in vano :
egli immobile, attonito, addita
le bambole al cielo lontano.

E tu, Cielo, dall'alto dei mondi
sereni, infinito, immortale,
oh ! d'un pianto di stelle lo inondi
quest'atomo opaco del Male !

Giovanni Pascoli  Myricae, Elegie








Le 10 août 

Saint Laurent, moi, je sais pourquoi
tant d'étoiles dans l'air tranquille
s'embrasent et tombent, pourquoi tant de larmes
étincellent dans la voûte du ciel.

Une hirondelle s'en retournait à son toit :
on la tua : elle tomba dans les épines :
elle avait dans son bec un insecte :
le repas de ses hirondeaux.

Maintenant, elle gît là, comme crucifiée,
offrant cette pitance au ciel lointain  ;
et sa nichée est dans l'ombre, elle attend,
en piaillant de plus en plus doucement.

Un homme aussi regagnait son nid :
on le tua : il dit : Pardon ;
et un cri se figea dans ses yeux grands ouverts :
il apportait deux poupées en cadeau...

Maintenant, là-bas, dans la maison retirée,
on l'attend, on l'attend en vain :
lui, immobile, stupéfait, il montre du doigt
les poupées au ciel lointain.

Et toi, Ciel, du plus haut des mondes
paisibles, infini, immortel,
tu inondes de larmes d'étoiles
ce sombre atome du Mal !

(Traduction personnelle)








Un chapitre est consacré à Pascoli dans le magnifique ouvrage de Renaud Camus Demeures de l'esprit Italie du Nord (Fayard, 2012) que tout passionné de culture italienne se doit d'avoir dans sa bibliothèque.

Visite virtuelle de la maison de Pascoli à San Mauro.

Images : en haut et au centre, Villa Torlonia, par Massimiliano Calamelli  (Site Flickr)

en bas, Savignano sul Rubicone  (Site Flickr)



dimanche 7 février 2010

San Michele in Bosco


DIARIO AUTUNNALE
(1907)

Bologna, 2 novembre

II


Per il viale, neri lunghi stormi,
facendo tutto a man man più fosco,
passano : preti, nella nebbia informi,
che vanno in riga a San Michele in Bosco.

Vanno. Tra loro parlano di morte.
Cadono sopra loro foglie morte.

Sono con loro morte foglie sole.
Vanno a guardare l'agonia del sole.

Giovanni Pascoli, Canti di Castelvecchio

Image : Site Flickr