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jeudi 1 janvier 2015

Fine anno (Fin d'année)



Mardi 1er janvier [1957]
.

Il ne faut pas accorder une importance démesurée à cette minute fatale qui sépare deux années. Il y a, dans la vie d'un homme, une foule d'événements, qui peuvent paraître plus modestes, mais qui n'en apportent pas moins une moisson féconde d'émotions, de sensations, de découvertes, d'états d'âme. Une lecture, un paysage, un lever de soleil, un tableau, une rencontre se révèlent plus décisifs, pour un individu, que cet instant astronomique par lequel une année s'achève.


Bernard Delvaille Journal 1949-1962






Sotto le feste

Rullano lontani tamburi.
Auguri auguri auguri.

Giorgio Caproni Il Muro della terra


À l'approche des fêtes


On entend au loin des tambours rouler.
Bonne année bonne année bonne année.




samedi 21 janvier 2012

La terre nous aimait un peu







"Il vento... È rimasto il vento.

.............................................
Il vento e nient'altro. Un vento
spopolato. Quel vento,
là dove agostinianamente
più non cade tempo."

G.C. Dopo la notizia






Jeudi 27 février 1986 : le poète ligure Giorgio Caproni, traducteur de René Char, rencontre pour la première fois dans sa maison de l'Isle-sur-Sorgue le poète qu'il admire depuis si longtemps. Parmi ceux qui accompagnent Caproni dans cette visite se trouvent Bernard Simeone et Philippe Renard, traducteurs français de Caproni, et l'acteur Philippe Morier-Genoud qui prendra à cette occasion plusieurs photographies. C'est l'une d'elles, où l'on peut voir les deux poètes cueillir une pomme de pin dans le jardin de Char, qui inspira à Caproni le poème Le feu et la cendre. Il nous reste deux témoignages de cette visite : celui de Bernard Simeone, publié dans Acqua fondata (éditions Verdier, 1997), et celui de Philippe Morier-Genoud, que l'on pourra lire en suivant l'un des liens placés à la fin de ce message. Voici un extrait du très beau texte de Bernard Simeone, intitulé «Occasion d'un poème» :

«Mais si j'écarte le poème de Caproni, et fais retour à la photo que Philippe Morier-Genoud prit dans l'allée des Busclats – son agrandissement est à portée de main, près de la table de travail –, ce sont d'abord des regards : celui, frontal et taurin, de Char sous la casquette amarante, une flamme assurément, et celui, de côté, perdu en lui-même, de Caproni, portant casquette grise. L'un massif dans le froid, l'autre frigorifié, mains jointes, avec au doigt un anneau en forme de serpent, mais dont la personne évoque, plus que la cendre, le noyau. De la sorte, ils sont profondément eux-mêmes, du moins tels qu'on les devine à la source, ou dans l'écho, de leurs livres. L'un traduit par l'autre qui, ce faisant, reste fidèle à son propre mystère, deux forces qui s'attirent et se compénètrent puis retournent séparément à l'énigme, deux «alliés substantiels» qui, sur une photo, ne font que se côtoyer tant la rencontre advint entre les textes.»




Il fuoco e la cenere

Quel giorno colsi una pigna
nell'orto di Char.
Una pigna compatta e viva
come una sua poesia.
Non scorderò quel suo
berretto rosso. Il mio
era grigio. (Il fuoco
e la cenere ?). Non scorderò
quel suo volto solare.
Il grosso cane nero
che ci stava a guardare.
Non scorderò la fortuna
d'averlo sentito parlare.

Giorgio Caproni Res amissa (1991)


Le feu et la cendre

Ce jour-là, je cueillis une pomme de pin
dans le jardin de Char.
Une pomme compacte et vive
comme un de ses poèmes.
Je n'oublierai pas sa
casquette rouge. La mienne
était grise. (Le feu
et la cendre ?). Je n'oublierai pas
son visage solaire.
Le gros chien noir
qui restait là, à nous regarder.
Je n'oublierai pas la chance
de l'avoir entendu parler.

Traduction : Bernard Simeone






Les photos de la visite, par Ph. Morier-Genoud (fichier pdf).

D'autres photos ici (fichier pdf).

Image : en bas, La Sorgue, Site Flickr

dimanche 21 novembre 2010

Biglietto lasciato prima di non andar via




Biglietto lasciato prima di non andar via

Se non dovessi tornare,
sappiate che non sono mai
partito.

Il mio viaggiare
è stato tutto un restare
qua, dove non fui mai.

Giorgio Caproni Il Franco cacciatore ed. Garzanti



Billet laissé avant de ne pas partir

Si je ne devais pas revenir,
sachez que je ne suis jamais
parti.

Tous mes voyages
ont, en fait, consisté à demeurer
ici, où jamais je ne fus.

Giorgio Caproni Le franc-tireur éditions Champ Vallon, 1989

Traduction
: Philippe di Meo

Image : Massimo Girotti dans la séquence finale de Teorema, de P.P. Pasolini

jeudi 11 mars 2010

Luoghi


ESPERIENZA

Tutti i luoghi che ho visto,
che ho visitato,
ora so – ne son certo :
non ci sono mai stato.

EXPÉRIENCE

Tous les lieux que j'ai vus,
que j'ai visités,
je le sais maintenant – j'en suis certain :
je n'y suis jamais allé.

I CAMPI


«Avanti ! Ancora avanti !»
urlai.
Il vetturale
si voltò.
«Signore»,
mi fece. «Più avanti
non ci sono che i campi

LES CHAMPS

«Plus avant ! Encore plus avant !»
hurlai-je.
Le voiturier
se retourna.
«Monsieur»,
me fit-il. «Plus avant,
il n'y a que les champs

Deux poèmes de Giorgio Caproni, extraits de Il Muro della terra (Le Mur de la terre), traduction de Philippe di Meo.

Image : Site Flickr

Video : Giorgio Caproni, Pensatina.

lundi 22 février 2010

Lo scomparso (Le disparu)




È diventato anche lui
– morto – «uno scomparso».

Al bar, la ragazza del banco,
se le chiedono, dice :
«Già, non s'è più visto.
È scomparso.
Dove,
lo sa gesucristo».
E riprende a sciacquare i bicchieri,
ripresa dai suoi pensieri.

......

«Scomparso»

Per tutti,
sempre più «uno scomparso»...

Tra breve lo coprirà la neve
– il piombo – dell'oblio.

(Pari – almeno in questo – a Dio.)

Giorgio Caproni Il conte di Kevenhüller (1986), Tutte le poesie, ed. Garzanti

 

Le disparu

Lui aussi est devenu
– mort – «un disparu».

Au bar, la fille derrière le comptoir,
si on lui pose la question, dit :
«Ah oui, on ne l'a plus vu.
Il a disparu.
Où ça,
Dieu seul le sait».
Et elle recommence à rincer les verres,
reprise par ses pensées.

......

«Disparu»

Pour tout le monde,
toujours davantage «un disparu»...

Bientôt le recouvrira la neige
– le plomb – de l'oubli.

(Pareil – en cela au moins – à Dieu.)

(Traduction personnelle)
 

Lire Caproni en français : 

Le Comte de Kevenhüller, éditions Maurice Nadeau, 1998.

Le franc-tireur, éditions Champ Vallon, 1993.

Le Mur de la terre, édition bilingue, Atelier La Feugraie, 2002.

Le gel du matin, éditions Verdier, 1992.
 

Image : Zunardu (Site Flickr)