Translate

Affichage des articles dont le libellé est Piémont. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Piémont. Afficher tous les articles

vendredi 25 mars 2016

À la vue de mes larmes




"Erbarme dich, mein Gott, 
um meiner Zähren willen !"





« À Varallo, près de Vercelli dans le Piémont, l'église Santa Maria delle Grazie réserve au visiteur une surprise spectaculaire. Une fois franchi le seuil de cet édifice franciscain, dont l'allure plutôt simple ne laisse rien soupçonner depuis l'extérieur, on tombe nez à nez avec une fresque monumentale représentant vingt et une scènes de la Vie et de la Passion du Christ, occupant toute la largeur de l'église, soit 10,4 x 8 m. Cette œuvre superbe a été réalisée en 1513 par Gaudenzio Ferrari (1475 - 1546), considéré comme le plus grand peintre piémontais de la Renaissance. C'est grâce à un voyage dans le centre de l'Italie au tout début du seizième siècle qu'il développe son propre style en assimilant les influences du Pérugin, de Léonard de Vinci et de Bramante. Peintre, mais aussi sculpteur et architecte, il est surtout connu pour ses fresques et ses statues du Mont sacré situé sur la montagne qui surplombe la ville. »

Extrait du Dictionnaire insolite de l'Italie, de Régine Cavallaro, aux éditions Cosmopole, 2016










ImagesGaudenzio Ferrari, Cycle de la Vie du Christ, église de Santa Maria delle Grazie, Varallo 



vendredi 3 janvier 2014

Il Silenzio (Le Silence)



"È una terra che attende
e non dice parola."





Pour commencer cette année, voici une promenade silencieuse dans les Langhe, la terre de Pavese et de Fenoglio, en compagnie du romancier Gianni Farinetti :

Il silenzio, specialmente di notte, in Langa è doppio. A un primo strato superficiale, comune a ogni campagna del mondo, ne segue un altro più profondo, più sordo eppure più vibrante. Forse perché la gente va a letto presto e non è rumorosa di suo, ma soprattutto perché le colline di Langa non emettono echi. Non è come in montagna che se gridi ti torna indietro il richiamo, ma queste colline, i dirupi, i calanchi, i valloni di qui, assorbono i suoni, li trattengono, li celano nel profondo. Se fossero un tessuto sarebbero velluto, un cibo una crema di verdure, stagnante, sommessa. Non ci sono cascate, non c’è il mare in burrasca, anche il vento — che qui non manca — fa sbattere le porte, certo, ma con suoni speciali, non rabbiosi, senza avvisaglie, un bel bam secco e basta. Di notte, c’è un fremito segreto di animali cauti nel bosco, di sonno, di tana. Gli uccelli dormono, le bisce — sempre comunque impercettibili — tacciono vicino alla cisterna, ai pozzi, nelle pietre dei muretti. Un animale perfetto di qui è la salamandra che attraversa eterna un sentiero, segreta, felpata, indifferente al trascorrere delle stagioni, dei secoli. Gli unici veri rumori animali, ma lievi, come di carta stropicciata, sono quelli delle falene che sbattono balorde contro un lume acceso. 

Così, nelle notti, è come se la preistoria trionfasse. Persino un lampione, il neon di un’insegna, l’accendersi di un segnale stradale accecato dagli abbaglianti non fa che accentuare i millenni passati. In valle, inoltre, non c’è nemmeno un semaforo, solo il passaggio ferroviario di Cengio. Si possono intravedere armigeri sporchi di fango, truppe esauste, processioni notturne da chiesa a chiesa, e prima ancora animali estinti, acque, boschi. E prima ancora altri boschi, altre acque più estese, insondabili, eterne. La povertà di sempre — ora largamente sconfitta — vibra però ancora sui muri di pietra delle cascine devastate, nei pioppeti, nelle grotte, nei conventi dismessi. E anch’essa ha il suo silenzio, i suoi speciali suoni. La gente dorme con la finestra spalancata, i pipistrelli volteggiano sui campanili con richiami udibili solo a loro stessi, una serpe azzanna una rana sui sassi piatti, levigati del Bormida.

Gianni Farinetti   Rebus di mezza estate  Marsilio Editori, 2013




Le silence est double dans les Langhe, tout particulièrement la nuit. Derrière une première strate superficielle, commune à toutes les campagnes dans le monde, on en découvre une autre plus profonde, plus sourde et pourtant plus vibrante. C’est peut-être parce que les gens d’ici se couchent tôt et n’ont pas un tempérament bruyant, mais la raison principale est que les collines des Langhe ne produisent pas d’échos. Ce n’est pas comme en montagne, où chaque cri nous revient aussitôt ; ici au contraire, les collines, les escarpements, les sols argileux, les vallons absorbent les sons, les retiennent, les enfouissent au plus profond. S’ils étaient un tissu, ce serait du velours ; un aliment, un potage crémeux, discret comme une eau dormante. Il n’y a pas de cascades, pas de mer tempétueuse ; certes, le vent — bien présent ici — fait claquer les portes, mais avec des sonorités particulières, sans rage, sans alerte, avec un claquement sec et unique. La nuit, il y a un frémissement secret d’animaux à l’affût dans le bois, de sommeil, de tanière. Les oiseaux dorment, les couleuvres — de façon toujours imperceptible — se glissent silencieusement près de la citerne, des puits, entre les pierres des murets. L’animal caractéristique de ces lieux, c’est la salamandre qui traverse un sentier pour l’éternité, secrète, feutrée, indifférente au passage des saisons, des siècles. Les seuls vrais bruits animaux, légers, semblables à du papier froissé, sont ceux des phalènes qui viennent bêtement se cogner contre une lampe allumée.

Ainsi, la nuit devient le triomphe de la préhistoire. Même un lampadaire, une enseigne au néon, le surgissement d’un panneau illuminé par les phares ne font qu’accentuer la présence des millénaires passés. De plus, dans la vallée, il n’y a pas un seul signal lumineux excepté celui du passage à niveau de Cengio. On peut apercevoir des hommes d’armes couverts de boue, des troupes épuisées, des processions nocturnes d’une église à l’autre, et avant cela encore des espèces disparues, des étendues d’eau, des forêts. Et encore plus avant, d’autres forêts, de plus vastes étendues d'eau, insondables, éternelles. La pauvreté de toujours — aujourd’hui largement vaincue — vibre encore toutefois sur les murs de pierre des fermes dévastées, dans les bois de peupliers, dans les grottes, dans les couvents abandonnés. Et elle aussi a son silence, ses sonorités particulières. Les gens dorment avec la fenêtre grand ouverte, les chauves-souris voltigent au-dessus des clochers en lançant des appels qu’elles seules peuvent entendre ; au bord de la rivière, un serpent mord une grenouille sur les galets plats et lisses de la Bormida.

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Site Flickr

au centre, Ludovico Caldara  (Site Flickr)

en bas, Massimo Agliardi  (Site Flickr)



D'autres promenades piémontaises : (1) et (2)

lundi 16 janvier 2012

Il y aura bal ce soir, à Orta...




 

Le vain travail de voir divers pays
Apporte estime à qui vagabond erre
Combien qu'il perde, à changer ciel et terre,
Ses meilleurs jours, du temps larron trahis.

Maurice Scève Microcosme


Terrasse de l’hôtel d’Orta, faite pour le repos et la paresse. Nous l’avons toute à nous pendant la plus grande partie de la journée. Linda pêche à la ligne, debout et appuyée à la balustrade, attentive, ramassée sur elle-même, ses tresses pendantes sur la pierre tiède, au soleil ; et comme elle nous défend de parler, Bianca s’absorbe dans sa peinture du paysage que nous avons sous les yeux : le lac, l’île, les montagnes de la rive opposée, et je lis, ou j’écris des lettres, ou ceci. A l’heure du thé, quelques touristes viennent, qui nous distraient plutôt qu’ils ne nous dérangent. Hier, deux vieilles Anglaises qui voulaient des glaces ne surent demander que de la glace et je crus devoir leur venir en aide. «They call it gelato. – Oh : jaylar-tow ! Thank you very much.» Et elles eurent des glaces, les chères vieilles choses. Avec cette ignorance de l’italien, leur voyage doit avoir pour elles un caractère cinématographique : une bande qui se déroule : paysages, rues, foules, une vie à laquelle elles ne peuvent prendre part... Je songe que Linda vient de refuser de manger des glaces avec sa tante et moi, et je crois deviner la raison de ce refus, qui nous a surpris, elle est si gourmande: c’est une petite mortification qu’elle s’est imposée, «un fioretto alla Madonna» : elle a promis à la Sainte Vierge de se priver de glaces et lui a demandé, en échange, de lui permettre d’attraper un poisson. Sainte Vierge, faites que Linda prenne un gros poisson.

Le lac, aussi, nous offre bien des sujets de distraction. Arrivées et départs du «Cusio». Lents et pesants voyages des grandes barques où des gens des villages riverains chantent en chœur. Rapides passages d’élégants canots automobiles pleins d’une jeunesse rieuse. Promenade triomphale d’un Adonis en peignoir, peut-on dire, consulaire, blanc à rayures rouges, indolemment assis à la proue d’une barque, tandis que deux jeunes femmes, galériennes d’amour, rament pour lui, et on se plaît à suivre longtemps, avec attendrissement, l’effort patient de ces quatre bras nus qui sont en train de mériter tant de baisers délicieusement expiatoires. Là-bas, quittant l’île, la flottille des séminaristes, noirs mousses de la pacifique marine de Dieu, se dirige vers la partie la moins habitée du rivage, loin des tentations d’Orta. Et voici, venant de la direction d’Omegna (l’autre capitale du lac), une petite barque chargée d’une grande caisse, non, d’un orgue de Barbarie. Il y aura bal ce soir, à Orta : le bal sous l’Hôtel de ville.

Valery Larbaud Jaune Bleu Blanc éditions Gallimard, 1927









Images : en haut, Johann Ingolfsson (Site Flickr) ;

en bas : Zaffiro e Acciaio (Site Flickr)

jeudi 28 janvier 2010

Monviso (2)




Dans le dernier volume de son journal, Une chance pour le temps, Renaud Camus évoque son voyage à Milan et sa «traversée du Piémont des collines», région dominée par «le grand cirque des Alpes», qui lui donne, nous dit l'auteur, «son cachet unique». Parmi tous ces sommets étincelants, source de «l'orgueil piémontais, ou de l'amour piémontais de la terre natale», il est particulièrement frappé par le Mont Viso, «qui doit être une obsession pour tous les habitants de ces contrées». Renaud Camus note que la particularité de ce mont est d'être toujours parfaitement visible, «tant il domine de haut, pyramide acérée, tous les autres sommets (...) on dirait que tout ce qui peut lui faire ombrage s'efface en son honneur.» C'est en effet ce splendide isolement, cette altière omniprésence dans le paysage qui lui vaut son nom, dérivant du latin Mons Vesulus, "la montagne bien visible", point de repère pour le voyageur, facilement visible dans toute la plaine piémontaise et aussi dans les vallées de Cuneo et le versant français du Queyras. Cette silhouette imposante lui a valu aussi de nombreux surnoms : Sua Maestà il Monviso, il Re di pietra (le Roi de pierre) ; c'est aussi au pied du Mont Viso (à Pian del Re – encore et toujours la royauté) que le Pô, plus long fleuve d'Italie, prend sa source. Les caprices du Roi de pierre et son imprévisibilité sont également à l'origine de nombreux dictons populaires piémontais, par exemple celui-ci : «Quanda Viso a l'ha ël capel, o ch'a fa brut o ch'a fa bel ; ma se ël capel lo quata tut, o ch'a fa bel o ch'a fa brut.» (Quand le Viso est couvert par un chapeau de nuages, le temps sera mauvais ou beau ; mais si les nuages le recouvrent entièrement, le temps sera beau, ou peut-être mauvais.). Le Mont Viso est aussi à l'origine de nombreuses légendes ; l'une d'elles prétend même que c'est lui que l'on voit sur le célèbre logo de la Paramount !




Le Mont Viso est également présent dans la littérature, et depuis très longtemps, puisqu'il est déjà mentionné par Virgile dans l'Enéide ; dans le livre X (707-709), le roi étrusque Mézence, ennemi d'Enée, est comparé à «un fort sanglier, par la morsure des chiens chassé de ses hautes montagnes – le Vésule couvert de pins l'a protégé longtemps, longtemps aussi, peut-être, les marais laurentes, nourri dans leurs champs de roseaux –» (traduction de Jacques Perret) («Ac velut ille canum morsu de montibus altis / actus aper, multos Vesulus quem pinifer annos / defendit multosve palus Laurentia, silva / pastus harundinea»).
On le retrouve aussi chez Dante qui le cite dans son évocation du Pô (Enfer, XVI, 95) : «come quel fiume che proprio cammino / prima del Monte Viso 'nver levante / da la sinistra costa d'Appennino» («Comme le fleuve qui suit son propre cours / avant le Mont Viso, vers le levant, / sur le flanc gauche de l'Apennin» (traduction Jacqueline Risset).
Dans sa traduction latine de la dernière nouvelle du Decameron, de Boccace, l'histoire de Griselda, Pétrarque mentionne lui aussi le Mont Viso (je cite ici la traduction italienne) :
«Nella parte occidentale dell'Italia, dalla catena dell'Appennino si leva il Monviso, un monte altissimo, isolato, che, innalzandosi con la sua vetta oltre le nuvole, si slancia nell'aria limpida. È una montagna famosa di per sé, famosissima per le sorgenti del Po che, sgorgato dal suo fianco con un rigagnolo, procede verso oriente, e subito gonfiatosi dopo un breve percorso per uno straordinario apporto di acqua, è definito da Virgilio non solo uno dei fiumi più grandi, ma il re dei fiumi. Taglia a mezzo la Liguria con la sua corrente impetuosa ; quindi dividendo l'Emilia e la Romagna e il Veneto, scende infine all'Adriatico con molti e larghi sbocchi.» («Dans la partie occidentale de l'Italie, depuis la chaîne des Apennins, s'élève le mont Viso, une très haute montagne isolée, qui, s'élevant avec sa cime au-delà des nuages, s'élance dans l'air limpide. C'est une montagne célèbre en elle-même, mais davantage encore parce que s'y trouve la source du Pô qui, ruisselet jailli de son flanc, suit son cours vers l'est, et gonflant aussitôt son débit après un bref parcours grâce à un considérable apport d'eau, est considéré par Virgile non seulement comme un des fleuves les plus grands, mais comme le roi des fleuves. Avec son cours impétueux, il coupe en deux la Ligurie ; puis divise l'Emilie, la Romagne et la Vénétie, pour descendre enfin vers l'Adriatique en de nombreux et larges débouchés.»)
Et dans ses Contes de Canterbury, Chaucer, à la suite de Pétrarque, reprendra la même histoire dans le conte de l'Universitaire d'Oxford (The Clerk's tale) :
«A proem to describe those lands renowned,
Saluzzo, Piedmont, and the region round,
And speaks of Apennines, those hills so high
That form the boundary of West Lombardy,
And of Mount Viso, specially, the tall,
Whereat the Po, out of a fountain small,
Takes its first springing and its tiny source
That eastward ever increases in its course
Toward Emilia, Ferrara, and Venice;
The which is a long story to devise.»
J'ai trouvé également un fragment du récit de voyage en vers d'un auteur beaucoup moins célèbre, H. Deslandes, (La nature sauvage, 1808) :
« Du Viso dont le pic s'élève inaccessible,
j'ai foulé sans pâlir la glace incorruptible,
j'ai respiré sous l'abîme et sous mes pieds j'ai vu
des vapeurs du matin l'océan suspendu.»

On voit bien que Renaud Camus est loin d'être le seul auteur à avoir éprouvé cette fascination pour le Mont Viso, et que ce dernier n'est pas aussi inconnu qu'il nous le dit dans cet autre passage d'Une chance pour le temps : «Le mont Viso est mon nouvel ami. J'aimerais tout savoir de lui alors que je ne suis même pas sûr qu'il s'appelle bien ainsi. Je ne comprends pas comment il peut régner avec tant d'évidence à la fois et tant de discrétion – car qui connaît son nom ? – sur le Piémont auquel, si je m'attache, c'est grâce à lui, et en dépit de toutes ses pauvres campagnes bafouées.» (page 408).

Ce texte doit beaucoup à l'article italien Monviso de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, dont je remercie les auteurs anonymes et érudits.




Source des images : (1) et (2) Site Flickr

(3) Mario Mancuso  (Site Flickr)

mardi 12 janvier 2010

Monviso




Un extrait du journal 2007 de Renaud Camus, Une chance pour le temps, qui vient de paraître aux éditions Fayard :

Nous avons fait la petite traversée du Piémont des collines que nous avions dû sacrifier dimanche dernier à l'exposition Gilbert & George de Rivoli. Le pays, beaucoup trop densément habité, est terriblement abîmé. L'industrie du vin (d'Asti) a jeté partout ses fabriques, ses chais de tôle ondulée, ses stands de dégustation et de commerce. Les maisons sont laides, en général, et tout ce qui a été construit depuis un demi-siècle et plus est affreux. Mais le paysage a dû être admirable, et hier, sous un magnifique soleil d'automne, velouté par les rouges et les ors de la vigne, il parvenait presque, en de certains replis de ses vagues ondulées, à faire oublier les terribles ravages qu'il a subis. Les villages, sur leurs promontoires successifs, sont dominés presque tous par d'énormes châteaux ou des tours, d'époque médiévale pour la plupart. Nous nous sommes arrêtés à ceux de Grinzane Cavour, qui fut à Cavour et à sa famille avant lui, et de Serralunga d'Alba, magnifique haute tour militaire aux ouvertures romanes et gothiques.



Mais ce qui donne à ces contrées leur cachet unique, c'est le grand cirque des Alpes, de plus en plus en évidence à mesure que le soir tombe et le ciel blanchit. Il dessine plus qu'un demi-cercle, un grand arc outrepassé, aux neiges sans doute éternelles. Des hautes collines du sud-est on le voit enserrer tout ce beau royaume, le Piémont, qui ainsi a vécu dans la paume de la main de cet énorme et sublime Shangri-la. En général, et malgré les avertissements de Nietzsche, on ne suppose pas tant de personnalité à cette région que le voyageur, le plus souvent, ne fait que traverser en route vers les plaines où le Pô prend ses aises, en aval, ou bien vers l'Arno, ou encore vers le Tibre. Mais on se dit qu'il doit exister, ou avoir existé, un fort sentiment d'orgueil piémontais, ou d'amour piémontais de la terre natale, à la voir aussi sublimement close de sommets étincelants. Le mont Viso, en particulier, doit être une obsession pour les habitants de ces contrées. On le voit de partout et on ne voit que lui, tant il domine de haut, pyramide acérée, tous les autres sommets. Je ne m'explique pas ce phénomène d'ailleurs : non seulement il paraît très isolé, mais tous les pics plus élevés que lui – et il doit bien y en avoir, ne serait-ce que le mont Blanc... – semblent absents de la ligne d'horizon. On dirait que tout ce qui pourrait lui faire ombrage s'efface en son honneur. Et il préside des heures durant à la traversée de ces contrées fortunées : le crépuscule ne l'efface pas, il ne disparaît qu'à la nuit noire.

Source des images : (1) Renaud Camus (Site Flickr) (2) Site Flickr