Translate

Affichage des articles dont le libellé est Torino. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Torino. Afficher tous les articles

vendredi 11 septembre 2015

Verrà... (Elle viendra...)




Verrà la morte e avrà i tuoi occhi —
questa morte che ci accompagna 
dal mattino alla sera, insonne, 
sorda, come un vecchio rimorso 
o un vizio assurdo. I tuoi occhi 
saranno una vana parola, 
un grido taciuto, un silenzio. 
Così li vedi ogni mattina 
quando su te sola ti pieghi 
nello specchio. O cara speranza, 
quel giorno sapremo anche noi 
che sei la vita e sei il nulla 

Per tutti la morte ha uno sguardo. 
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi. 
Sarà come smettere un vizio, 
come vedere nello specchio 
riemergere un viso morto, 
come ascoltare un labbro chiuso. 
Scenderemo nel gorgo muti.

22 marzo 1950 





La mort viendra et elle aura tes yeux —
cette mort qui nous accompagne
du matin jusqu'au soir, insomniaque,
sourde, comme un ancien remords
ou un vice absurde. Tes yeux 
seront une parole vaine,
un cri étouffé, un silence.
C'est ainsi que tu les vois tous les matins
dans le miroir, quand sur toi seule 
tu te penches. Ô chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.

Pour tous, la mort à un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme se libérer d'un vice,
comme voir dans le miroir
resurgir un visage mort,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.

22 mars 1950

(Traduction personnelle) 







« Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Tout est bien comme ça ? Ne faites pas trop de commérages »





Images : (1), (2) et (5) : Giusi  (Site Flickr

(3) Corrado Nuccini  (Site Flickr

dimanche 21 septembre 2014

Via Cigna




In questa città non c'è via più frusta.
È nebbia e notte ; le ombre sui marciapiedi
Che il chiaro dei fanali attraversa
Come se fossero intrise di nulla, grumi
Di nulla, sono pure i nostri simili.
Forse non esiste più il sole.
Forse sarà buio sempre : eppure
In altre notti ridevano le Pleiadi.
Forse è questa l'eternità che ci attende :
Non il grembo del Padre, ma frizione,
Freno, frizione, ingranare la prima.
Forse l'eternità sono i semafori.
Forse era meglio spendere la vita
in una sola notte, come il fuco.

2 febbraio 1973

Primo Levi  Ad ora incerta, Garzanti editore, 1984






Il ne saurait y avoir, dans cette ville, rue plus fruste.
La nuit et le brouillard : sur le trottoir, ces ombres,
Par la lueur des réverbères traversées,
Comme si elles étaient imprégnées de néant,
Des caillots de néant, sont pourtant nos semblables.
Peut-être, le soleil n'existe plus.
Peut-être fera-t-il noir à jamais : cependant,
En d'autres nuits, on voyait rire les Pléiades.
Peut-être est-ce là l'éternité qui nous attend :
Non pas au sein du Père, mais embrayer,
Freiner, débrayer, mettre en première.
Peut-être est-ce l'éternité que ces feux tricolores.
Peut-être eût-il mieux valu brûler sa vie
En une seule nuit, comme le faux bourdon.

2 février 1973

Traduction : Louis Bonalumi








Images : en haut, Allan Dransfield  (Site Flickr)

au centre, Site Flickr

en bas, Fabio Pirovano  (Site Flickr)




dimanche 28 octobre 2012

La Malinconia





"Après les aveux commence le mystère."

Jean Cocteau






Je ne suis pas sûr d’aimer La Malinconia, malgré l’admiration que j’éprouve, chaque fois, lorsque j’entends, sous le titre «La Mélancolie», non pas la noirceur uniforme à laquelle ce mot prépare, mais des épisodes violemment contrastés, juxtaposés sans que leurs tensions se résolvent. Je ne suis pas sûr de l’aimer, le second adagio du sixième quatuor, le mouvement lent qui clôt la partition au mépris de toutes les règles, mais j’y entends surtout un sursaut de réalité. À commencer par le silence, impossible à partager, dont s’extrait la plainte initiale. Un silence d’absolue surdité plus qu’une éclipse des sons, un monde qu’on ne peut atteindre par une simple plongée. Ce n’est pas une question de profondeur ou de gravité, ce n’est pas une affaire de degré. Il ne suffit pas de descendre en soi plus profond, ou plus profond dans les notes, pour trouver l’ouïe, la brèche, et remonter en brandissant un trésor, une vérité. Dans cet ultime mouvement de l’ultime des premiers quatuors, c’est autre chose qu’il a, lui le grand sourd, conquis, arraché, dérobé à l’inhumain. Dans La Malinconia toutes les souffrances convergent, celle du mal, celle qui œuvre au cœur de la musique, celle en moi de Turin quand j’y devine une défaite essentielle. Géométrisée dans le refus de sa folie, dans l’agrégat des rues identiques, Turin s’est raidie pour que la vie de tous les jours n’y soit qu’étrangeté.






Mes années là-bas furent sans raison, n’eurent pas de cause, comme la danse fluette, paysanne, qui succède à présent dans le quatuor à la plainte sans la dominer, allégresse et mélancolie côte à côte sans rien qui les englobe et leur donne un sens, rien qui les fasse tenir ensemble tels deux versants d’un massif. Avant lui, qui a su ajointer ainsi dans un seul mouvement des termes incompatibles, nul n’avait mis en musique la joie imméritée à côté du rien, le discontinu. Si la vie d’un homme pouvait reproduire la succession de ces notes, si la mienne le pouvait...

Bernard Simeone
Cavatine Éditions Verdier, 2000






 


Images : en haut, Site Flickr

au centre, Valinuccia (Site Flickr)

en bas, Irene (Site Flickr)


samedi 2 juin 2012

Zona Cesarini




Dans son Libro di candele (Livre de chandelles), Eugenio Baroncelli raconte "en deux ou trois poses", deux cent soixante-sept vies, comme autant de bougies allumées pour entretenir la mémoire ou raviver le souvenir. Par exemple, ici, celui du fantasque footballeur italien Renato Cesarini : 


Renato Cesarini, attaccante dandy


Nacque a Senigallia nel 1906. A nove mesi salpò per l’Argentina sul piroscafo Mendoza. Sbarcò a Buenos Aires che ne aveva dieci. Fu calzolaio, acrobata, pugile, radiocronista e chitarrista. Fu anche funebrero, cioè becchino. Tirò i primi calci in un campetto della Chacarita, quartiere in cui sorgeva un cimitero e che dava il nome alla squadra : la stessa terra per giocare e per seppellire i morti. Aveva talento e fiuto per il gol. Aveva il naso triste di Bartali, il viso affilato, gli occhi come scintille, e un ciuffo ribelle a qualsiasi brillantina. 

Nel gennaio del 1930, comprato dalla Juventus, tornò in Italia : portava una sciarpa di seta, gemelli d’oro e borsalino di marca. Diventò compagno di Virginio Rosetta, che non amava i colpi di testa perché gli sciupavano la permanente, e Felicino Borel, che aveva i piedini di una principessa cinese. Imparò l’italiano nei bordelli di piazza Castello. A Torino aprì un locale di tango e vestì i camerieri da gauchos. Più rousseliano di Roussel, cambiava camicia tre volte al giorno. Dormiva in lenzuola di seta e fumava tre pacchetti di sigarette al giorno. Una volta arrivò all’allenamento scendendo in smoking dal taxi. Il 13 dicembre 1931, guadagnata la maglia azzurra, segnò al novantesimo il gol con cui noi battemmo gli ungheresi e lui battezzò la zona passata in proverbio. 

Nel 1935 tornò in Argentina, dove vinse due scudetti come allenatore del River Plate. Morì nel 1969, nel sonno, con indosso il suo pigiama di seta.

Eugenio Baroncelli  Libro di candele, Sellerio Ed., 2010 







Renato Cesarini, l'attaquant dandy


À l’âge de neuf mois, il embarqua pour l’Argentine sur le paquebot Mendoza. Il en avait dix quand il débarqua à Buenos Aires. Il fut cordonnier, acrobate, boxeur, présentateur de radio et guitariste. Il fut aussi funebrero, c'est-à-dire fossoyeur. Il commença à taper dans un ballon sur le petit terrain de la Chacarita, un quartier où se trouvait un cimetière et qui donnait son nom à l’équipe de football : la même terre pour jouer et pour ensevelir les morts. Il avait le talent et le flair du buteur. Il avait le nez triste de Bartali, le visage émacié, les yeux comme des étincelles, et des mèches rebelles à toutes les brillantines.

En janvier 1930, acheté par la Juventus, il retourna en Italie : il portait une écharpe de soie, des boutons de manchettes en or et un Borsalino. Il devint l’ami de Virginio Rosetta, qui n’aimait pas le jeu de tête parce que cela dérangeait sa coiffure, et de Felicino Borel, qui avait les petits pieds d’une princesse chinoise. Il apprit l’italien dans les bordels de la piazza Castello. Il ouvrit à Turin une boîte à tango où les serveurs étaient habillés comme des gauchos. Plus roussellien que Roussel, il changeait de chemise trois fois par jour. Il dormait dans des draps de soie et fumait chaque jour trois paquets de cigarettes. On le vit une fois descendre d’un taxi en smoking pour se rendre à l'entraînement. Le 13 décembre 1931, sous le maillot de l’équipe nationale, il marqua à la quatre-vingt-dixième minute le but qui permit à l'Italie de remporter la victoire contre l'équipe de Hongrie ; c’est ainsi qu’il donna son nom à la zone devenue proverbiale (1).

En 1935, il retourna en Argentine, où il remporta deux titres de champion comme entraîneur du River Plate. Il mourut en 1969, dans son sommeil, vêtu de son pyjama de soie.

(Traduction personnelle)

(1) En Italie, les commentateurs des matchs de football ont l'habitude de parler d'un but marqué "in zona Cesarini" ("en zone Cesarini") quand le joueur marque dans les toutes dernières minutes (ou secondes) de la partie. (Note du traducteur)






Images : en haut, Wiki Commons

au centre (Source)




samedi 2 avril 2011

Adagio





"Sarà come smettere un vizio, come vedere nello specchio

riemergere un viso morto, come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti."


Cesare Pavese









Une puissance corrosive, esprit de variation poussé à l'extrême de sa logique, pénètre l'adagio du douzième quatuor. Un profil neuf se substitue au thème, à l'ancien état, au premier âge, mais insensiblement, sans qu'on ait perçu d'étapes. Hors de la musique, cela n'arrive jamais, jamais ne surgit la face ouvertement neuve. Toujours le souvenir encombre, offert à des variations infimes, qui ne sont pas la musique mais la singent. Ici le thème n'est plus repérable parce que tout est devenu thème. Un jour, il en sera d'elle comme de ce quatuor. Elle se fondra en toute chose, l'aimer plus profond et l'oublier seront pareils.


(...)




Et parmi la présence abrupte des corps la sienne. Dans Turin. Parmi un million d'autres. Et cette autre parmi les dernières phrases de Pavese : «Tu t'étonnes que les autres passent à côté de toi et ne sachent pas, quand toi, tu passes à côté de tant de gens sans savoir, cela ne t'intéresse pas, quelle est leur peine, leur cancer secret?» Elle, une femme ni plus ni moins belle que d'autres, en réalité ni plus ni moins secrète, que des milliers de personnes ont frôlée un jour de leur vie sans lui prêter d'intérêt, mais qui a aimanté pour moi toutes les questions, leur a donné un sens en les déroutant, y ajoutant la sienne. Et portant en elle ce pouvoir d'ouvrir en l'autre l'infini des questions, elle a continué à parcourir la ville, à frôler des milliers d'autres êtres, énigmes sans pareilles, qu'un choc dans les collines aurait pu détruire elles aussi à tout instant. En chaque mort disparaît, avec une conscience, le monde et son évidence aveugle. Règle atroce et pourtant on y devine, aux heures les plus lucides, autre chose que l'effroi. Peut-on dire une beauté inhumaine ? À la pointe du deuil, il y a cette cruauté, le réel, qui ne détruit pas l'amour mais en éprouve la vérité. À la pointe du deuil il y a trois phrases qui me traversent. J'ai aimé. J'ai commis la violence. Je suis seul. Et sur l'invisible balance, aucune ne pèse plus que les autres.


Bernard Simeone Cavatine Editions Verdier, 2000








Images : Gianfranco Goria (Site Flickr)



lundi 12 avril 2010

Fibonacci


Osservo il panorama della fronte
nella sua piena nudità,
nel numero, lo stesso, che produce
la crescita dei rami,
la facciata leggera di una chiesa,
le spire della chiocciola,
le foglie.

Valerio Magrelli Poesie (1980-1992) Einaudi

Image : (Site Flickr) Turin, "Mole Antonelliana", avec la suite de Fibonacci

mardi 28 avril 2009

Torinorama


PRANZO IN DROGHERIA ? Ho scritto semplicemente così stamattina nell'sms che alla fine ho deciso di mandare a Serenella. Lei, dopo tipo un'ora, mi ha risposto OK. Poi, giusto per tenermi un po' in allenamento, mi sono trascinato la tavola da surf da casa fino in piazza Vittorio, i passanti che come al solito si voltavano a guardarmi. E sono inciampato in una deficiente con un cane, cadendo all'altezza di via Accademia Albertina. Evvai. Cosi ora sto aspettando Serenella nei pressi del dehors del locale con gli Evisu limited edition strappati all'altezza del ginocchio destro sanguinante, la giacca vintage Gucci lacerata e sporca come la T-shirt Stussy e un livido grosso così all'altezza delle costole. Che comunque il tutto fa molto figo. Come sempre qui in Drogheria, i tavolini pullulano di cabinotti vestiti Carhartt dalla testa ai piedi. Poco più in là, un pensionato sta rovistando in un cestino della spazzatura. Su una delle colonne del porticato che percorre piazza Vittorio, qualcuno ha scritto POVERINI. E qualcun altro ci ha pisciato contro. Dato che Serenella è in ritardo, provo a chiamare Zombi per raccontargli che cosa ho scoperto a proposito della nuova serata Boombastic leggendo i commenti di torinoforum. Ma lui non risponde. Starà dormendo. Faccio per scrivergli un sms quando sotto i portici avvisto Serenella. Lascio perdere e spengo il cellulare.

Giuseppe Culicchia Brucia la città, Mondadori, 2009.


Source de l'image : Site Flickr.

Muri e duri : articles et textes de (et sur) Giuseppe Culicchia.

Interview video : Giuseppe Culicchia parle de Turin, des "jeunes" écrivains et de la difficulté de définir l'identité nationale italienne.