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mercredi 11 janvier 2017

La neve (La neige)




È la luce che cade, danza nell'aria,
le linee delle torri congiunte
con le linee dei poggi,
la lontananza, al suono di un'orchestra bianca,
si posa sugli embrici, sui fanali,
si posa sui pensieri, una mano scosta
la tenda dell'infanzia, di là dalla finestra
il silenzio è un lenzuolo di percalla
disteso sopra le strade del mondo,
dormono gli alberi nell'abbagliante
equivalenza delle forme.

Una gioia quieta negli occhi del mattino.

Antonio Prete  Menhir ed. Donzelli, 2007





La neige

C'est la lumière qui tombe, qui danse dans l'air, 
les lignes des tours jointes 
à celles des coteaux, 
le lointain, au son d'un orchestre blanc, 
se pose sur les tuiles, sur les fanaux,
se pose sur les pensées, une main soulève
le rideau de l'enfance, derrière la fenêtre
le silence est un drap de percale
étendu sur les routes du monde,
les arbres dorment dans l'éblouissante
équivalence des formes.

Une joie tranquille dans les yeux du matin.

(Traduction personnelle)






Images : en haut, Paolo Longo  (Site Flickr)

au centre, Corrado  (Site Flickr)

en bas, Tania  (Site Flickr)



samedi 9 janvier 2016

Ombra mai fu




Le livre d’Antonio Prete, Trenta gradi all’ombra (Trente degrés à l’ombre) est composé de trente «mouvements narratifs» de longueur variable ; il s’agit de variations philosophiques, scientifiques ou poétiques sur un même thème : l’ombre. On y évoque, entre autre, l’origine de la peinture (Il disegno), le mythe platonicien de la Caverne, la peur atavique de perdre son ombre (Favola d’ombra), le rôle de l’ombre dans les éclipses lunaires ou solaires (Eclisse a Porto Badisco), la légende d’Amour et Psyché, celle d’Orphée et Eurydice. On y voit aussi, à la manière de certains dialogues léopardiens, l’ombre deviser avec la lumière... Le passage que l’on va lire ici est extrait de l’épilogue de l’ouvrage :


In un paese di luce è dall’ombra che si scorge il mondo. Dall’ombra si vedono guizzare le faville di luce nella chioma degli ulivi. Dall’ombra si osserva il cielo che lungo il giorno svaria di profondità e di umore e dialoga con il mare in una lingua di lampi e di riflessi.

(...)

Per anni il senso della quiete, della saggezza nella quiete, mi veniva da un vecchio contadino che nell’ombra fumava la sua pipa appoggiato al tronco di un alto pino solitario : intorno ai bagliori del meriggio. Sapevo che dalla crudeltà del mondo anche in lui erano venute molte ferite. Ma quella sospensione, per un poco era in accordo con il canto degli uccelli che esplodeva nella chioma dell’albero.

Osservare il mare, le sue scaglie di luce e le gradazioni del suo verde e del suo blu, dall’ombra di un cespuglio, dove la macchia di lentisco e di mirto è più folta ma già cede alla sabbia delle dune : di qua il profumo di una terra aspra e pietrosa, di là il suono dello sconfinato, il rumore della lontananza. Lu rusciu ti lu mare, il suono del mare, è voce che poi ti accompagna. Anche nell’atonia, o nel deserto del sentire.

Su un porticciolo la luce del giorno si ritrae, indugiando sulle alberature, e lasciando che il popolo delle ombre conquisti la riva, il molo, gli scafi, la superficie dell’acqua : via via che l’oscuro sale a impastare l’aria e aspegnere i fuochi, il passaggio della luce nella zona d’ombra del già stato inaugura la forma del ricordo, della presenza nel ricordo. Una presenza dolce nel cuore della sera.

In un paese di luce è dall’ombra che si scorge il mondo.

Antonio Prete Trenta gradi all'ombra, ed. nottetempo, 2004





Dans un pays de lumière, c’est à partir de l’ombre que l’on découvre le monde. Depuis l’ombre, on voit les étincelles de lumière jouer dans le feuillage des oliviers. Depuis l’ombre, on voit le ciel changer d’humeur et de profondeur au fil de la journée, et dialoguer avec la mer dans une langue faite d’éclats et de reflets.

(...)

Pendant des années, l’exemple de la quiétude, de la sagesse dans la quiétude, me venait d’un vieux paysan qui à l’ombre fumait sa pipe, appuyé au tronc d’un grand pin solitaire : tout autour, les lueurs du soleil de midi. Je savais qu'en lui aussi, la cruauté du monde avait été la cause de nombreuses blessures. Mais cette suspension, l’espace d’un instant, était en accord avec le chant éclatant des oiseaux dans le feuillage de l’arbre.

Observer la mer, ses éclats de lumière et les nuances de vert et d’azur, depuis l’ombre d’un buisson, où le maquis de lentisque et de myrte est plus dru mais cède déjà devant le sable des dunes : d’un côté, le parfum d’une terre âpre et pierreuse ; de l’autre, le son de l’immensité, le bruit du lointain. Le murmure de la mer, le bruit de la mer, c’est une voix qui ne cesse de t’accompagner. Même dans l’atonie, ou le désert des sens.

Sur un petit port, la lumière du jour se retire, s’attardant sur les mâts, et laissant le peuple des ombres conquérir le rivage, la jetée, les barques, la surface de l’eau : au fur et à mesure que l’ombre gagne, pétrissant l’air et éteignant les feux, le passage de la lumière dans la zone d’ombre de ce qui a déjà été inaugure la forme du souvenir, de la présence dans le souvenir. Une douce présence au cœur du soir.

Dans un pays de lumière, c’est à partir de l’ombre que l’on découvre le monde.

(Traduction personnelle)






 Leçon de ténèbres : un autre extrait en français de Trenta gradi all'ombra.

Images : (1) et (2) Site Flickr

jeudi 24 décembre 2015

Morfologia del bianco (Morphologie du blanc)




Reverrons-nous un jour la neige à Noël ? 




C'erano nel bianco riverberi di bianco, che spumeggiando rotolavano su una distesa bianca, il cielo, sopra, era bianco, un cielo perso nella luce che lo abbagliava di bianco, è assenza, mi dicevo, è vuoto d'assenza, ma era un bianco che innevava i pensieri, un abisso di bianco che cancellava ogni cosa, a guardare bene anche il fondo del bianco, il suo incavo, il suo riflesso erano bianchi, è il silenzio, mi dicevo, il silenzio dell'origine, o della fine, ma era solo un immenso lenzuolo bianco sotto cui dormivano bianche moltitudini, qua e là s'affaciavano parvenze vestite di bianco, disfatte subito nel bianco, s'affaciavano simulacri imbiancati, smarriti nei loro bianchi pensieri, è il nulla, mi dicevo, il bianco del nulla, ma era soltanto un sogno di bianco che generava bianco, così quando fui sveglio guardai a lungo, di là dalla finestra, la luna, che quella notte era bellissima e bianca.

Antonio Prete   Menhir ed. Donzelli, 2007



Il y avait dans le blanc des miroitements de blanc, qui en moussant roulaient sur une étendue blanche, le ciel, au-dessus, était blanc, un ciel perdu dans la lumière qui l'éblouissait de blanc, c'est l'absence, me disais-je, c'est le vide de l'absence, mais c'était un blanc qui recouvrait de neige les pensées, un abîme de blanc qui effaçait toute chose, à bien y regarder même le fond du blanc, sa cavité, son reflet étaient blancs, c'est le silence, me disais-je, le silence de l'origine, ou de la fin, mais ce n'était qu'un immense drap blanc sous lequel dormaient de blanches multitudes, ça et là apparaissaient des ombres vêtues de blanc, qui se fondaient aussitôt dans le blanc, des simulacres blanchis apparaissaient, égarés dans leurs blanches pensées, c'est le néant, me disais-je, le blanc du néant, mais ce n'était qu'un rêve de blanc qui engendrait du blanc, ainsi à mon réveil je regardai longtemps par la fenêtre, la lune, qui cette nuit-là était très belle et blanche.

(Traduction personnelle)





Images, au centre et en bas : Carlo Ilmari Cremonesi (Site Flickr)

en haut : Site Flickr



mardi 22 septembre 2015

Comme un départ (Come una partenza)




Chant d'automne


Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; 
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! 
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres 
Le bois retentissant sur le pavé des cours. 

Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, 
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, 
Et, comme le soleil dans son enfer polaire, 
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. 

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; 
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. 
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe 
Sous les coups du bélier infatigable et lourd. 

Il me semble, bercé par ce choc monotone, 
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. 
Pour qui ? — C'était hier l'été ; voici l'automne ! 
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. 

Charles Baudelaire  Les Fleurs du mal



 


Canto d'autunno

I

Ecco, affondiamo nelle fredde tenebre.
Addio, bagliori delle brevi estati.
Sento che cade con dei tonfi funebri
la legna dei cortili, sui selciati.

L'inverno tutto mi penetra : orrore,
odio, brividi, lavoro forzato.
Come il sole nel suo inferno polare
un blocco rosso è nel mio cuore, ghiacciato.

Fremendo ascolto il ciocco che ora piomba :
ha l'eco del martello sulla forca.
l'anima mia è torre che soccombe
colpita dall'ariete che la forza.

A sentire inesistenti i colpi ancora
par che s'inchiodi una bara d'urgenza.
Per chi ? Ieri era estate, è l'autunno ora.
C'è un suono oscuro, come di partenza.

Traduzione : Antonio Prete






Images : en haut, Umberto Battista  (Site Flickr)

au centre, Laura Mangione  (Site Flickr)


en bas, Ugo Baldassarre  (Site Flickr)



samedi 16 février 2013

Mitografie del tramonto




Il tramonto è la festa dell'orizzonte. La linea delle colline mescola il suo azzurro – l'azzurro della lontananza – con il ventaglio dei colori. È un incendio.


La linea che unisce il mare con il cielo trema nell'attesa di accogliere il disco infuocato. Laggiù, dove la distesa degli ulivi scende verso il mare, la luce scoppia d'arancione.

Eppure, nel tripudio della luce, c'è l'annuncio dello spengimento. Da qui la malinconia che trascorre nella poesia del tramonto. Nel folto dei pensieri si fa largo il «disio», quella condizione dell'animo evocata da Dante ad apertura del canto ottavo del Purgatorio. Il tramonto è l'ora in cui l'esiliato è visitato dalla nostalgia. E in Dante l'esilio dalla terra si congiunge, modulando il ricordo e l'attesa, con l'esilio dalla patria celeste.

Nell'ora del tramonto la sospensione mostra il suo patto con il fuggitivo, con l'apparenza, con l'essere esposti all'imprevidibilità del cammino. «Temp'era già che l'aere s'annerava» : ma c'è ancora, nella valletta dei principi, il barlume che permette l'incontro e il riconoscimento delle anime gentili.

Antonio Prete Trattato della lontananza, ed. Bollatti Boringhieri, 2008






Mythographies du soleil couchant

Le coucher du soleil est la fête de l'horizon. La ligne des collines mêle son azur – l'azur de l'éloignement – à l'éventail des couleurs. C'est un embrasement.


La ligne qui unit la mer et le ciel tremble dans l'attente du disque de feu. Là bas, où l'étendue des oliviers descend vers la mer, la lumière orangée éclate.

Et pourtant, dans cette fête de la lumière réside aussi l'annonce de son extinction. C'est de là que vient la mélancolie, si présente dans la poésie du crépuscule. Au cœur des pensées s'impose le «désir», cette disposition de l'âme évoquée par Dante au début du huitième chant du Purgatoire. Le coucher du soleil est le moment où la nostalgie s'empare de l'exilé. Et chez Dante, l'exil de la terre, dans sa modulation du souvenir et de l'attente, rejoint l'exil de la patrie céleste.

Dans l'heure du crépuscule, la suspension manifeste son alliance avec la fugacité, avec l'apparence, avec l'exposition à l'imprévisibilité du chemin. «C'était le temps déjà où l'air s'obscurcissait» : mais il y a encore, dans la vallée des princes, la lueur qui permet aux âmes nobles de se rencontrer et de se reconnaître.

(Traduction personnelle)









Images : Renaud Camus (Source)





jeudi 14 février 2013

L'addio (3)





"
Le rose del volto già sono pallenti..."






L'addio è appropriato al melodramma. Nell'opera il momento dell'addio è spesso impetuoso, caldissimo, e dice in quell'oltrelingua che è la musica lo strazio della separazione, ma anche lo spaventoso stupore per la fine dell'amore, o per la fine della vita, che è la stessa cosa dell'amore. Il teatro delle passioni è sostanza dell'opera, fondamento della scrittura scenica e musicale. E la figura dell'addio, in questo teatro, ha raccolto spesso il grido del personaggio congiunto con l'impotenza dinanzi al disegno del destino. Un solo esempio, tra i tanti possibili, e bellissimi. Quando Violetta nella Traviata canta «Addio del passato bei sogni ridenti» la musica fa della voce, insieme tremante e forte, il tempo-spazio in cui le cose finite tornano, e tornano insieme col senso della loro sparizione. L'addio diventa il grido dolente e insieme impotente dinanzi all'irreversibilità del tempo, e nel suo impeto dolce, nella bellezza dell'onda melodica, quel grido sembra raccogliere quello che la lingua non può dire se non svilendo e impoverendo. Quel che è perduto e che sta per dissolversi è richiamato per un istante a una sua presenza e, nello stesso tempo, nominato con la carezza e l'abbraccio della lontananza già insinuatasi nei pensieri, nel corpo, nella voce. Il sogno dell'altrove che da quel momento unisce nel famoso duetto Violetta e Alfredo («Parigi, o caro noi lasceremo») ha già in sé l'ombra densa e irremediabile della fine : amore e morte sono, insieme, già nel cuore di ogni nota, di ogni vocale del canto.


Antonio Prete Trattato della Lontananza, ed. Bollati Boringhieri, 2008






L'adieu est approprié au mélodrame. À l'opéra, le moment de l'adieu est souvent impétueux, brûlant, et il dit dans cette outre-langue qu'est la musique le déchirement de la séparation, mais aussi la terrible stupeur devant la fin de l'amour, ou de la vie, qui est la même chose que l'amour. Le théâtre des passions est la substance même de l'opéra, le fondement de l'écriture scénique et musicale. Et la figure de l'adieu, dans ce théâtre, a souvent réuni le cri du personnage et son impuissance face aux menées du destin. Un seul exemple, parmi tant d'autres tous très beaux : quand Violetta dans la Traviata chante «Adieu, beaux rêves souriants du passé», la musique fait de la voix, à la fois tremblante et forte, le temps-espace dans lequel les choses du passé reviennent, et reviennent en même temps que le sens de leur disparition. L'adieu devient le cri douloureux et impuissant face à l'irréversibilité du temps, et dans son doux élan, dans la beauté du flot de la mélodie, ce cri semble exprimer ce que le langage ne peut pas dire sans l'avilir et l'appauvrir. Ce qui est perdu et qui va se dissoudre est ramené pour un instant à l'existence et, dans le même temps, nommé avec la caresse et l'étreinte de l'éloignement qui s'est déjà insinué dans les pensées, le corps, la voix. Le rêve de l'ailleurs qui à partir de ce moment-là unit Violetta et Alfredo dans leur célèbre duo («Nous quitterons Paris, ô mon bien-aimé») a déjà en lui l'ombre dense et irrémédiable de la fin : l'amour et la mort sont déjà, ensemble, dans le coeur de chaque note, dans chacune des voyelles du chant.

(Traduction personnelle)






 


Parigi, o caro noi lasceremo...

Image
: Site Flickr

Source de la video
: Site YouTube.

vendredi 20 avril 2012

Notturno (Nocturne)




In mezzo a polveri d'oscura nube
la Chioma, col suo ventaglio di luce.

Galassie in fuga tra nodi di stelle.

Biancoazzurra la Vergine solleva
il viso verso il Leone, superba
nella notte di primavera. Un rombo
dalla strada e il rumore che fa il vento
nel ginepro e il ronzio dell'insetto
alla finestra : un cadere di tempo,
di goccetempo nel vuoto.

                                     Uno stesso                                                                                         
respiro in questi suoni della notte
e in quelle luci di perduti mondi ?

Antonio Prete  Se la pietra fiorisce  Ed. Donzelli, 2012






Au milieu des poussières d'un nuage obscur
la Chevelure, avec son éventail de lumière.

Galaxies en fuite entre des nœuds d'étoiles.

Blanche et azur la Vierge lève
son visage vers le Lion, superbe
dans la nuit de printemps. Un grondement
venu de la route et le bruit que fait le vent
dans le genévrier et le bourdonnement de l'insecte
à la fenêtre : une chute de temps,
de gouttes de temps dans le vide.

                                       Un même                                                                                                    
souffle dans ces sons de la nuit
et dans ces lumières de mondes perdus ?

(Traduction personnelle)








Images : en haut, Site Flickr

en bas, Francesco Stella (Site Flickr

mardi 17 avril 2012

E in mezzo (Et au milieu)





E in mezzo, tra la prima immagine e l'ultima,
la vita, che è tutta la vita,
fiume e scoglio,
gorgo e pulviscolo di luce,
la vita che è tutta la vita,
sillabeghiaccio e lettere affumate,
la vita che è tutta la vita,
col vento che mangia le orme,
la sabbia che aggruma gli occhi,
tra la prima immagine e l'ultima
il guizzo danzante dell'effimera. 

Antonio Prete  Se la pietra fiorisce  Ed. Donzelli, 2012 






Et au milieu, entre la première image et la dernière,
fleuve et rocher,
tourbillon et poussières de lumière,
la vie, qui est toute la vie,
paroles gelées et lettres enfumées,
la vie qui est toute la vie,
avec le vent qui mange les traces,
le sable qui grumelle les yeux,
entre la première image et la dernière
le jaillissement dansant de l'éphémère.

(Traduction personnelle)






Images : L'Avventura, de Michelangelo Antonioni

mercredi 29 juin 2011

Harmonie du soir (Armonia della sera)





Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Charles Baudelaire Les Fleurs du mal Spleen et Idéal


Ora vibra sullo stelo ogni fiore,
svapora in aria come un incensiere,
suoni profumi affollano la sera :
valzer triste, vertigine, languore.

Svapora il fiore come un incensiere,
freme il violino, contristato cuore,
valzer triste, vertigine, languore !
Il cielo è bello e triste come un altare.

Freme il violino, contristato cuore,
un cuore ostile al nulla immenso, nero.
Il cielo è bello e triste come un altare :
il sole annega nel suo sangue d'oro.

Un cuore ostile al nulla immenso, nero,
del passato conserva ogni tesoro.
Il sole annega nel suo sangue d'oro...
Ostensorio è il tuo volto in me, raggiera !

Traduction : Antonio Prete (I Fiori del male Ed. Feltrinelli)









Les deux photographies sont de Renaud Camus (Site Flickr)

jeudi 26 mai 2011

La linea della lontananza





L'orizzonte è la linea della lontananza. È la lontananza che si rappresenta, si fa presenza, restando lontananza. È la lontananza che si mostra nella forma del confine. Linea dove il visibile tocca l'invisibile. Il visibile appare come raggiungibile, l'invisibile è l'irragiungibile : con l'uno e con l'altro ha un legame l'altrove.

L'orizzonte è la presenza dell'altrove, la mess'in scena della sua possibilità, e allo stesso tempo della sua esclusione.

L'orizzonte rivela l'essenza stessa della lontananza, cioè il nesso tra vedere e non vedere, tra reale e fantastico, tra terra e cielo. Come le altre figure della lontanaza – l'addio, la partenza, l'esilio, la nostalgia, il cielo e le sue rappresentazioni – l'orizzonte ha a che fare, contemporaneamente, con il finito e con l'indefinito, con l'apparenza e con il vuoto. Circonda, contiene, definisce, ma allo stesso tempo sfonda, disperde, sorpassa. L'al di qua e l'al di là si confrontano, si congiungono, si allontanano nell'orizzonte. La linea dell'orizzonte, diciamo. Perché vorremmo che fosse un luogo «lineare», definito, un luogo verso cui muovere. Come se qualcosa – un paesaggio ignoto, una foresta incantata – dovesse attenderci lì, sotto le ultime nuvole, in fondo all'ultima striscia di verde, di là dalla distesa degli ulivi. E invece la linea si muove con il nostro movimento, conquista terra e mari in rapporto al nostro cammino. L'orizzonte è sempre l'oltre di noi stessi. Sta dinanzi a noi, come un futuro immobile, che non ha possibilità di farsi presente. La linea è curva, così ci circonda ad anello, figurando la sfericità della terra, mimando l'equatore celeste e quello terrestre. Per poco la curva dell'orizzonte pone il nostro sguardo al centro di un mondo : illusione di dominio, figurazione di una centralità effimera. Quel cerchio è solo il limite del nostro vedere. Tutto quello in cui siamo circoscritti. Anello della finitudine.

Antonio Prete Trattato della lontananza ed. Bollati Boringhieri, 2008



 

L'horizon est la ligne de l'éloignement. C'est l'éloignement qui se représente, se fait présence, en demeurant lointain. C'est l'éloignement qui se montre sous la forme de la limite. Ligne où le visible touche l'invisible. Le visible apparaît comme ce que l'on peut atteindre, l'invisible est l'inatteignable : à l'un et à l'autre est lié l'ailleurs.
L'horizon est la présence de l'ailleurs, la manifestation de sa possibilité, et en même temps de son exclusion.

L'horizon révèle l'essence même de l'éloignement, c'est à dire le lien entre le visible et l'invisible, le réel et l'imaginaire, la terre et le ciel. Comme les autres figures de l'éloignement – l'adieu, le départ, l'exil, la nostalgie, le ciel et ses représentations – l'horizon est lié simultanément au fini et à l'indéfini, à l'apparence et au vide. Il entoure, il contient, il définit, mais en même temps il perce, il disperse, il dépasse. L'ici-bas et l'au-delà se confrontent, se rejoignent et s'éloignent dans l'horizon. Nous parlons de la ligne de l'horizon, parce que nous voudrions qu'elle soit un lieu «linéaire», bien défini, un endroit vers lequel on puisse aller. Comme si quelque chose – un paysage inconnu, une forêt enchantée – nous attendait là-bas, derrière les derniers nuages, au fond de l'ultime ligne verte, au-delà de l'étendue des oliviers. Et au contraire, la ligne se déplace en même temps que nous, elle gagne les terres et les mers au fur et à mesure que nous avançons. L'horizon est toujours l'au-delà de nous-mêmes. Il se présente à nous comme un futur immobile, qui ne peut pas devenir présent. La ligne est courbe, de telle façon qu'elle nous entoure comme un anneau, représentation de la sphéricité de la terre, évocation de l'équateur céleste et terrestre. Pour un instant, la courbe de l'horizon place notre regard au centre d'un monde : domination illusoire, figure d'une éphémère centralité. Ce cercle n'est que la limite de notre regard. C'est l'espace qui nous circonscrit. L'anneau de la finitude.

(Traduction personnelle)





 

Présentation du Trattato della lontananza sur le site de l'éditeur.

Sommaire de l'ouvrage (document au format pdf)

Ermeneutica lontananza : un bel article d'Antonio Errico sur l'oeuvre d'Antonio Prete.


Lire Antonio Prete en français :

Prosodie de la nature : fragments d'une physique poétique (éditions Lucie, 2004)

L'Imperfection de la Lune (collection Notule, éditions Abstème et Bobance, 2007)


Images
: L'Avventura, de Michelangelo Antonioni



Source de la vidéo
: Site YouTube


lundi 20 décembre 2010

La suprema tristezza (La tristesse suprême)




C'è un'ora malinconica anche in cielo,
un'aspra dissonanza
nelle sfere armoniose.
«Non so perché ho fatto il mondo».
Gli angeli in volo perdono le piume,
il dubbio disazzura i pensieri.
Tra il tutto e il nulla
ecco il guizzo di un istante :
l'infinita tristezza di Dio.




Antonio Prete Menhir Donzelli ed. 2007




 
 La tristesse suprême

Il y a une heure mélancolique même au ciel,
une âpre dissonance
dans l'harmonie des sphères.
«Je ne sais pas pourquoi j'ai créé le monde».
Les anges en vol perdent leurs plumes,
le doute décolore les pensées.
Entre le tout et le rien
c'est le jaillissement d'un instant :
l'infinie tristesse de Dieu.

(Traduction personnelle)

dimanche 14 février 2010

Don Giovanni all'inferno



Don Juan aux enfers

Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine
Et lorsqu’il eut donné son obole à Charron,
Un sombre mendiant, l’œil fier comme Antisthène,
D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errants sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire
Près de l’époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

Charles Baudelaire Les Fleurs du mal

Don Giovanni all'inferno

Quando all'abissal fiume Don Giovanni discese
e l'obolo donò a Caronte nocchiero,
con sdegno e con baldanza nei pugni i remi prese
un cupo mendicante, come Antistene fiero.

Donne coi seni penduli, e con le vesti aperte,
si torcevano sotto il nero firmamento :
come schiera di vittime in sacrificio offerte
dietro di lui gemevano con un lungo lamento.

Sganarello ridendo il compenso invocava,
Don Luigi alzando un dito ancor tutto tremante
all'anime vaganti sulla riva mostrava
il figlio che oltraggiò il suo bianco sembiante.

L'esile e pura Elvira, il dolore sul viso
allo sposo beffardo, all'amor d'una volta,
parea chieder tremante un ultimo sorriso
che avesse la dolcezza nel primo slancio accolta.

Un gigante di pietra
, chiuso nell'armatura,
immobile al timone fendeva l'acqua fonda,
l'eroe curvo sul brando, in composta figura,
d'ogni vista sprezzante, fissava il solco e l'onda.

Traduction : Antonio Prete

Image : Jean-Paul Marcheschi La Barque des ombres (Photo : Renaud Camus, Site Flickr)