Un poème de Gabriel Ferrater, poète catalan né en 1922 et mort à Barcelone en 2003. Il est extrait du recueil Menja't una cama, paru en 1961.
EL DISTRET
Segur que avui hi havia nùvols,
i no he mirat enlaire. Tot el dia
que veig cares i pedres i les soques dels arbres,
i les portes per on surten les cares i tornen a entrar.
Mirava de prop, no m’aixecava de terra.
Ara se m’ha fet fosc, i no he vist els nùvols.
Que demà me’n ricordi. L’altre dia
vaig mirar enlaire, i ennllà de la barana
d’un terrat, una noia que s’havia
rentat el cap, amb una tovallola
damunt les espatlles, s’anava passant,
una vegada i deu i vint, la pinta pels cabells.
Els braços em van semblar branques d’un arbre molt alt.
Eren les quatre de la tarda, i feia vent.
Gabriel Ferrater
LE DISTRAIT
Certainement qu'aujourd'hui il y avait des nuages
mais je n'ai pas regardé en l'air.
Tout le jour je n'ai vu que des visages et des pierres et des troncs d'arbres,
et des portes à travers lesquelles des visages entrent et sortent.
Je regardais de près, toujours au niveau de la terre.
Et maintenant tout est sombre et je n'ai pas vu les nuages.
Il faut que demain je m'en souvienne. L'autre jour
j'ai regardé en l'air, et par-delà la balustrade
d'une terrasse, une jeune fille qui s'était
lavée la tête, avec une serviette
sur les épaules, se passait
une, dix, vingt fois le peigne dans les cheveux.
Ses bras ressemblaient aux branches d'un arbre très haut.
Il était quatre heures de l'après-midi et il y avait du vent.
Traduction personnelle
IL DISTRATTO
Certamente oggi c’erano nuvole,
ma non ho guardato in alto.
È tutto il giorno che vedo volti e pietre e tronchi d’albero,
e porte attraverso cui volti entrano ed escono.
Guardavo da vicino, non mi alzavo da terra.
Ora m’è venuto buio e non ho visto le nuvole.
Bisogna che domani me ne ricordi. L’altro giorno
ho guardato in alto, e oltre la ringhiera
di un terrazzo, una ragazza che s’era
lavata la testa, con un asciugamano
sulle spalle, si passava
una, dieci, venti volte, il pettine fra i capelli.
Le sue braccia assomigliavano ai rami di un albero molto alto.
Erano le quattro del pomeriggio, e c’era vento.
Traduzione : Pietro U. Dini
Images : en haut, Domenico Ghirlandaio Adoration des bergers, 1485 (détail)
au centre, Piero della Francesca Légende de la Vraie Croix (détail), Arezzo, 1452-1466
en bas, Agnolo Bronzino Portrait de jeune homme, c. 1531, Uffizi, Firenze
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