Il Bosco e la riva
(Giorgio Calabrese - J. Mareuil - Charles Aznavour)
Si va ancora là, tra il bosco e la riva,
Quando al cuore in festa bruciano le idee.
E una volta là, tra il bosco e la riva,
Si perde la testa, ti ricordi di noi ?
Siamo andati via che il giorno era avanti,
Le vecchie commari spiavano te.
Siamo andati via, tra fiori e tra canti,
Con facce da santi e un vino da re.
Siamo scesi là, tra il bosco e la riva,
La spiaggia deserta, da soli io e te,
Era anche per te tutta una scoperta,
Ancora inesperta, forse più di me.
Ed hai scelto tu, tra il bosco e la riva,
Di mangiar sull'erba e poi non so più,
So che impazzii fuor d'ogni riserbo
Per il frutto acerbo ch'eri allora tu.
Son caduti là, tra il bosco e la riva,
Nonostante tutta la tua volontà,
I bicchieri pieni, quel che ti copriva,
I tuoi sedici anni, la mia ingenuità.
Siam venuti via che il sole moriva,
La sera era grigia ed a casa tu
Sei rimasta il tempo di far le valigie,
Poi sei corsa via e non ti ho vista più.
Son tornato là, tra il bosco e la riva,
Pioveva il silenzio e non c'eri tu ;
Il tempo ormai ti ha dato ragione,
La morte stagione non tornerà più.
Le Bois et la rive
On va encore là-bas, entre le bois et la rive,
Quand le cœur déborde de mille pensées
Et arrivés là, entre le bois et la rive,
On perd la tête, comme cela nous est arrivé.
Nous sommes partis bien après midi,
Les vieilles commères te suivaient des yeux,
Nous nous sommes éloignés, parmi les fleurs et les chansons,
Avec un air innocent et une bonne bouteille de vin.
Nous sommes descendus là, entre le bois et la rive
Sur la berge déserte, il n'y avait que nous,
C'était pour toi aussi une découverte,
Encore inexperte, plus que moi peut-être.
Et tu as choisi, entre le bois et la rive,
Je sais que j'ai perdu complètement la tête
Pour le fruit vert que tu étais alors.
Et sont tombés là, entre le bois et la rive,
En dépit de tous tes efforts pour l'éviter,
Les verres remplis, les vêtements portés,
Tes seize ans, mon ingénuité.
Nous sommes repartis quand le jour mourait,
Le soir était gris et tu es rentrée
Juste le temps de faire tes valises
Et tu t'es enfuie, je ne t'ai plus revue.
Je suis retourné là-bas, entre le bois et la rive,
Le silence régnait, tu n'y étais plus ;
Le temps désormais t'a donné raison,
La morte saison ne reviendra plus.
(Traduction personnelle)
Images : (1) Auguste Renoir Les Amoureux
(2) Auguste Renoir Au bord de l'eau
(3) Auguste Renoir Sentier dans les bois
« L'année suivante, un dimanche qu'il faisait très chaud, tous les détails de cette aventure, que Henri n'avait jamais oubliée, lui revinrent subitement, si nets et si désirables, qu'il retourna tout seul à leur chambre dans le bois.
Il fut stupéfait en entrant. Elle était là, assise sur l'herbe, l'air triste, tandis qu'à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute.
Elle devint si pâle en voyant Henri qu'il crut qu'elle allait défaillir. Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux.
Mais comme il lui racontait qu'il aimait beaucoup cet endroit et qu'il y venait souvent se reposer, le dimanche, en songeant à bien des souvenirs, elle le regarda longuement dans les yeux.
" Moi, j'y pense tous les soirs, dit-elle.
— Allons, ma bonne, reprit en bâillant son mari, je crois qu'il est temps de nous en aller. »