Un nouvel extrait du récit du voyage en Corse de Giuseppe Ungaretti ; il est à Ajaccio, le 22 février 1932 :
Con questi pensieri mi trovai alla Punta della Parata, dove si chiude il Golfo d’Ajaccio. E, forse per la vicinanza delle Isole Sanguinarie, anch’esse, come le Calanche, brani di granito rosso, il cielo levigato sembrava marmo di Verona ; e il tramonto durò un’eternità.
Venendo per mare in un’ora ancora chiara, si vede il
golfo dominato a destra dall’Incudine, a sinistra dal Monte d’Oro. E,
dall’altezza di più di 2000 metri di quelle creste scintillanti di neve, il
manto del panorama, di larici e di faggi, come dipinto sul velluto digrada in
colline ad abbracciare la città in un intreccio di eriche, lentischi, mortelle,
corbezzoli, cisti : la macchia, che può anche raggiungere l’altezza di due
metri : è quella macchia piena d’aromi d’erbe e di zufoli di merle, e di
vendette, che Napoleone rimpiangeva a Sant’Elena.
In questa zona, dalla Punta
della Parata ad Ajaccio, la strada è tutta sparsa di tombe. Chi ha qui una
proprietà, vuole riposare da morto in mezzo alle sue terre, per essere sicuro
che non verrà dimenticato. Ma qui non si dimentica, e quel castello della
Punta, lassù, ce lo conferma. Fu costruito da un Pozzo di Borgo, fra il 1886 e
il 1894, con i materiali delle Tuilerì distrutte, com’è noto, per ordine della
Comune. Com’è noto, fra i Pozzo di Borgo e i Buonaparte correva vendetta ;
e un intero secolo non bastando a un Còrso per dimenticare, furono spesi due
milioni di franchi oro perché sorgesse questo palazzo spaesato a commemorare
per sempre l’umiliazione della famiglia nemica.
Giuseppe Ungaretti Il deserto e dopo, Monti, marine e gente di Corsica, Mondadori Editore, 1961
Ainsi songeant, je me retrouvai à la Punta della Parata où s’achève le golfe d’Ajaccio. Et, peut-être à cause de la proximité des îles Sanguinaires, elles aussi, comme les Calanques, débris de granite rouge, le ciel poli semblait de marbre de Vérone. Le crépuscule s’éternisait.
Quand on arrive par mer avant la nuit, on voit le golfe dominé à
droite par l’Incudine, à gauche par le Monte d’Oro. Et, de ces crêtes
scintillantes de neige, à plus de 2000 mètres d’altitude, le manteau de mélèzes
et de hêtres, comme peint sur velours, se dégrade en collines pour finir autour
de la ville en entrelacs de bruyères, de lentisques, de myrtes, d’arbousiers,
de cistes : le maquis, lequel atteint parfois deux mètres de haut ;
ce maquis plein de parfums d’herbes, de sifflements de merles et de vendettas
que Napoléon regrettait à Sainte-Hélène.
Dans cette zone, de la Punta della
Parata à Ajaccio, la route est parsemée de tombes. Quiconque a une propriété
ici tient à reposer mort au milieu de ses terres, pour être sûr qu’il ne sera
pas oublié. Mais en Corse, on n’oublie pas, et le château de la Punta, tout
là-haut, en témoigne. Il fut édifié par un Pozzo di Borgo, entre 1886 et 1894,
avec des matériaux provenant des Tuileries, détruites, comme on sait, sur ordre
de la Commune. On n’ignore pas non plus qu’une histoire de vendetta opposait
les Pozzo di Borgo et les Bonaparte. Un siècle entier ne suffisant pas pour
qu’un Corse oublie, deux millions de francs-or furent dépensés pour que se
dressât ce palais dépaysé qui devait commémorer à jamais l’humiliation de la
famille rivale.
Giuseppe Ungaretti À partir du désert, Editions du Seuil, 1965 (Traduction : Philippe Jaccottet)
Images : en haut, Site Flickr
au centre, Denis Molinas (Site Flickr)
en bas, Frederic Bruschet (Site Flickr)
Grâce à ce livre magnifique, ces photos, d'autres billets où vous semblez tant aimer la Corse, (presque autant que l'Italie), je prends de l'avance sur un voyage qui m'a été promis par mes amis du Cap Corse. Mais c'est bien la même île d'une beauté farouche et saisissante. Magnifique !
RépondreSupprimerMille ringraziamenti
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