O tu cui lenta abbraccia la collina accaldata, casa persa nel verde, esile volto e bianco, solo tu durerai, muto, eroico pianto, non resterai che tu, e la luce assonnata.
Giorgio BassaniTe lucis ante Ed. Mondadori
Ô toi qu'avec douceur embrasse la colline échauffée, maison perdue dans la verdure, visage frêle et blanc, toi seule demeureras, muette, héroïque plainte, il ne restera plus que toi, et la lumière ensommeillée.
Francesco Tricarico canta Tre colori (testo e musica di Fausto Mesolella, 2011) :
Mezza luna cilentana
nebbia padana
soldatini non ne abbiamo più
tutti pronti sull’attenti
partono i fanti
colorati con le giacche blu.
Quelli nella nebbia hanno una bandiera verde
ricorda che la nostra tre colori ha.
La battaglia è già iniziata
buona giornata
cannoncini con le bocche in su
partiremo noi da dietro
con l’aiuto di San Pietro
il destino poi ci guiderà.
Quelli sul confine hanno una bandiera rossa
ricorda che la nostra tre colori ha
quelli nella nebbia hanno una bandiera verde
ricorda che la nostra tre colori ha.
Soldatini di frontiera
mille mamme aspettano
cercate di non farvi fucilar
questa storia è stata scritta
e già studiata
pensavate di doverla ripassar ?
Quelli in cima al monte hanno una bandiera bianca
ricorda che la nostra tre colori ha
verde la speranza rosso il sangue di frontiera
neve biancaneve i cuori abbraccerà
tre colori come i fiori
non son per caso...
Trois couleurs Croissant de lune du Cilento brouillard dans la plaine du Pô les petits soldatssont en place tous alignés au garde-à-vous les fantassins s'avancent dans leurs uniformes bleus.
Ceux qui sont dans le brouillard ont un drapeau vert rappelle-toi que le nôtre a trois couleurs.
La bataille a déjà commencé bonne journée les canons sont prêts à tirer nous partirons de l'arrière sous la protection de saint Pierre puis le destin nous guidera.
Ceux qui sont à la frontière ont un drapeau rouge rappelle-toi que le nôtre a trois couleurs ceux qui sont dans le brouillard ont un drapeau vert rappelle-toi que le nôtre a trois couleurs.
Petits soldats à la frontière mille mères vous attendent essayez de ne pas vous faire fusiller cette histoire a déjà été écrite et étudiée pensiez-vous devoir un jour la revivre ?
Ceux qui sont en haut de la montagne ont un drapeau blanc rappelle-toi que le nôtre a trois couleurs verte l'espérance, rouge le sang à la frontière et le blanc de la neige pour apaiser les cœurs trois couleurs comme les fleurs ce n'est pas par hasard...
Un autre passage de Museo d'ombre (Musée d'ombres), de Gesualdo Bufalino, extrait du chapitre Motti e proverbi neri (Dictons et proverbes noirs) : Isola più solitudine uguale isolitudine. A questa parola inesistente m'è spesso piaciuto ricorrere per tradurre il sentimento dell'essere siciliani. Soli nell'arsione di luglio, quando non s'ode che una cicala sfrenarsi nel letargo immobile della pianura ; e il campiere a cavallo, con lo schioppo a tracolla, che spunta dall'orizzonte, non tanto sembra uscire dalle stereotipie d'un film o d'un libro quanto precedere, vessillifero, un'orda di corpulenti fantasmi... Soli su una terra che, gira rigira, in qualunque direzione si vada, termina contro una barriera di mare ; una terra dalle budella di lava, che sussulta sopra le acque come una paranza bucata, disposta quanto mai nessun'altra ai naufragi, alle catastrofi... Soli, infine, in un letto : sognando nessuno ; sognati da nessuno... Ne verrà per la solitudine il doppio destino d'essere ora patita come uno stigma, ora vantata come uno stemma : secondo che il reietto obbedisca a un'urgenza di sodalizio e di compagnia ; ovvero, in un soprassalto d'orgoglio, si cinga dentro le quattro mura della sua tana la corona di santo e di Domineddio. Gesualdo BufalinoMuseo d'ombre Ed. Bompiani
Île plus solitude égal isolitude. À ce mot inexistant il m'a toujours plu de recourir pour évoquer le sentiment qu'ont les Siciliens de leur propre existence. Seuls dans la fournaise de juillet quand on n'entend plus que le chant obstiné d'une cigale dans la léthargie immobile de la plaine ; et le garde-champêtre à cheval, fusil en bandoulière, surgissant à l'horizon, ne semble pas tant sortir des stéréotypes d'un film ou d'un livre, mais plutôt ouvrir la route, tel un porte-étendard, à une horde de fantômes bien en chair... Seuls sur une terre qui, lorsqu'on essaie d'en faire le tour et quelle que soit la direction que l'on prenne, se termine toujours sur une barrière de mer ; une terre aux entrailles de lave, ballottée sur les eaux comme une barque trouée, plus que nulle autre promise aux naufrages et aux catastrophes... Seuls, enfin, dans un lit : ne rêvant de personne et dont personne ne rêve... Il en résultera un double destin pour la solitude : celui d'être douloureusement vécue comme un stigmate, ou au contraire fièrement arborée comme un blason, suivant que le paria obéisse à une urgente nécessité de compagnie et d'amitié, ou qu'il préfère, dans un sursaut d'orgueil, s'enfermer entre les quatre murs de sa tanière pour y ceindre l'auréole du saint et du Seigneur Tout Puissant. (Traduction personnelle)
Grazie dei fior
fra tutti gli altri li ho riconosciuti
mi han fatto male eppure li ho graditi.
Son rose rosse e parlano d'amor.
E grazie ancor
che in questo giorno tu m'hai ricordata
ma se l'amore nostro s'è perduto
perchè vuoi tormentare il nostro cuor ?
In mezzo a quelle rose
ci sono tante spine
memorie dolorose
di chi ha voluto bene.
Son pagine già chiuse
con la parola fine.
Grazie dei fior
fra tutti gli altri li ho riconosciuti
mi han fatto male eppure li ho graditi.
Son rose rosse e parlano d'amor.
Grazie dei fior
e addio...
per sempre addio...
senza rancor...
Merci pour les fleurs parmi tant d'autres je les ai reconnues ça m'a fait mal mais je les ai appréciées. Ce sont des roses rouges et elles parlent d'amour. Les pages sont déjà tournées avec le mot fin.
Merci pour les fleurs et adieu... pour toujours... sans rancœur...
"Dans la cathédrale, très sombre, le sacristain dérangé de sa sieste nous guida vers la chapelle funéraire. Il réclama cent lires de pourboire pour nous allumer une douzaine de cierges munis d'ampoules électriques dont l'intensité ne devait pas dépasser vingt-cinq watts. Dans cette lumière sépulcrale, l'Ilaria paraît encore plus blanche et plus froide. Drapée dans une longue robe, les mains croisées sur la poitrine, les pieds appuyés à un petit chien, la tête soutenue par deux coussins, les bruits du monde ne l'atteignent plus. Le col montant de la robe lui comprime le menton. Cette sorte de jugulaire accentue le détachement du visage et la rigidité du corps. Le diadème, tressé de fleurs, qui entoure ses cheveux, plus qu'un élément ornemental, semble un carcan qui pèse sur son front et la rive au tombeau."
Tu vedi lunge gli uliveti grigi che vaporano il viso ai poggi, o Serchio, e la città dall'arborato cerchio, ove dorme la donna del Guinigi.
Ora dorme la bianca fiordaligi chiusa ne' panni, stesa in sul coperchio del bel sepolcro ; e tu l'avesti a specchio forse, ebbe la tua riva i suoi vestigi.
ma oggi non Ilaria del Carretto signoreggia la tetra che tu bagni, o Serchio, sì fra gli arbori di Lucca
rosso vestito e fosco nell'aspetto un pellegrino dagli occhi grifagni il qual sorride a non so che Gentucca.
Tu vois au loin les grises oliveraies qui embrument l'aspect des côteaux, ô Serchio, et la ville à l'enceinte arborée où dort la dame de Guinigi.
Ici, elle dort, la blanche fleur de lys enclose en sa robe, étendue sur la dalle du beau sépulcre ; et peut-être se mira-t-elle en toi et ta rive garda son empreinte,
Mais aujourd'hui ce n'est pas Ilaria del Carretto qui règne sur la terre que tu baignes, ô Serchio, mais parmi les arbres de Lucques,
rouge vêtu et sombre d'aspect, un pèlerin aux yeux d'aigle qui sourit à je ne sais quelle Gentucca.
Traduction : Muriel Gallot (Poèmes d'amour et de gloire, Cahiers de l'Hôtel de Galliffet, 2008)
"J'aime... la Déposition du Rosso à Volterra, Volterra, les balze, l’église San Giusto à Volterra, une plaque à la mémoire de d’Annunzio à Volterra, la salle des Voyages vers la mort en bateau au musée étrusque de Volterra, la salle des Voyages vers la mort en char au musée étrusque de Volterra, une plaque indiquant que se déroulent à cet emplacement certaines scènes de Forse che si, forse che no dans le très petit jardin en terrasse du musée étrusque de Volterra, une plaque à la mémoire d’un savant danois catholique du XVIIe siècle, dont j’oublie le nom, sur une maison de Volterra, le fait que la ville de Mende soit jumelée avec Volterra, une conversation sur Volterra avec le président des Amitiés mendo-volterranaises lors d’un déjeuner à Mende, 10 août 1996, la maison où fut tourné Le Vaghe Stelle dell’Orsa à Volterra..."
Sur tes murs étrusques, Volterra isolée, bâtis dans le roc, devant tes portes, je vis surgir, sans rumeur, la lignée des morts de la sombre cité qui se trouvait sous terre.
Le fléau de la peste et de la guerre avait blessé et mutilé ton sort ; et les antiques horreurs de ce Donjon emplissaient une ombre que nul ne dissipe.
Je vis s'éloigner la Maremme fiévreuse, et les montagnes de plomb, et la Mer blanchâtre et l'Elbe et l'Archipel sauvage.
Puis, inerte, ma chair se disposa dans le sarcophage sculpté d'albâtre où se trouve Circé et son brutal breuvage.
Traduction : Muriel Gallot (Poèmes d'amour et de gloire, Cahiers de l'Hôtel de Galliffet, 2008)
Il forte sonaglio, l'astuta chitarra non fanno che strepitarmi dentro la testa : isola mia, ridammi le tue feste pompose e intrepide come una sciarra ;
sbarrami in viso le streghe pupille, la luna in collera, la luna dolce ; al primo fermo colpo di selce rompimi il cuore che già vacilla.
Io tornerò per sempre sulle tue strade, ai pozzi tuoi murati dall'agave e dal cardo, alle tue dissenate serenate.
Ritroverò mia madre seduta sulla porta, si cingerà la fronte con la cupa coccarda, griderà tutta la notte la mia morte.
Gesualdo BufalinoL'amaro miele Ed. Einaudi
Le grelot bruyant, la guitare astucieuse ne cessent de faire du vacarme dans ma tête : ô mon île, redonne-moi tes fêtes somptueuses et intrépides comme une margaille ;
écarquille sur ma face les pupilles sorcières la lune en colère, la douce lune ; au premier coup sec de silex brise ce cœur qui déjà chancelle.
Moi, je reviendrai pour toujours sur tes routes, à tes puits murés par l'agave et le chardon, à tes sérénades insensées.
Je retrouverai ma mère assise sur le seuil, elle ceindra son front d'une cocarde sombre, et elle criera toute la nuit ma mort.
L’ultima volta che avevo sentito Ancora tu ero in macchina con la mamma. Stavamo fermi in fila su corso Vittorio. Una manifestazione aveva bloccato piazza Venezia, e come calore l’ingorgo si era irraggiato, paralizzando il traffico del centro storico.
Avevo passato la mattina nella galleria d’arte di mia madre a sistemare i quadri di un artista francese che avrebbe inaugurato la settimana successiva. Mi piacevano quelle enormi fotografie di gente che mangiava sola in ristoranti affollati.
I motorini facevano slalom tra le macchine ferme. Sopra i gradini di una chiesa dormiva un barbone imbustato dentro un sacco a pelo lercio. Sacchi della spazzatura gli fasciavano la testa. Sembrava una mummia egizia.
– Uffa ! Ma che sta succedendo ? Mia madre si è attaccata al clacson. – Non si sopporta più questa città... Ti piacerebbe vivere in campagna ?
– Dove ?
– Non lo so... in Toscana, per esempio.
– Noi due ?
– Papa verrebbe i week-end.
– E se la comprassimo a Komodo ?
– Dov’è Komodo ?
– È un isola molto lontana.
– E perché dovremmo andare a vivere lì ?
– Ci sono i draghi di Komodo. Sono delle lucertole enormi che possono mangiarsi pure una capra viva o un uomo con problemi articolari. E vanno velocissimi. Potremmo addomesticarli. E usarli per difenderci. – Da chi ? – Da tutti. Mia madre ha sorriso e ha aumentato il volume dell’autoradio e si è messa a cantare insieme a Lucio Battisti : – Ancora tu. Non mi sorprende lo sai... Anche io mi sono messo a cantare e quando è arrivata la strofa : – Amore mio, hai già mangiato o no ? Ho fame anch’io e non soltanto di te, – le ho preso la mano come un amante disperato. Mia madre rideva e scuoteva la testa. – Che scemo... Che scemo... Mi sono accorto di essere felice. Il mondo oltre i finestrini e io e mamma in una bolla nel traffico. La scuola non c’era più, i compiti nemmeno e tutti i miliardi di cose che avrei dovuto fare per diventare grande.
La dernière fois que j’avais entendu Ancora tu, j’étais en voiture avec ma mère. Nous étions à l’arrêt dans une file sur le Corso Vittorio. Une manifestation avait bloqué Piazza Venezia, et comme une vague de chaleur, l’embouteillage s’était répandu, paralysant la circulation dans le centre historique.
J’avais passé la matinée dans la galerie d’art de ma mère et je l’avais aidée à installer les œuvres d’un artiste français dont le vernissage aurait lieu la semaine suivante. J’aimais ces immenses photographies de personnes qui mangeaient seules dans des restaurants bondés.
Les motos slalomaient entre les automobiles à l'arrêt. Sur les marches d’une église, un clochard dormait, enveloppé dans un sac de couchage crasseux. Des sacs-poubelles en plastique lui entouraient la tête. On aurait dit une momie égyptienne.
– Oh la la ! Mais qu’est-ce qui se passe ? Ma mère se mit à klaxonner. Cette ville est devenue insupportable... Tu aimerais vivre à la campagne ?
– Où ?
– Je ne sais pas... en Toscane, par exemple.
– Tous les deux ?
– Ton père nous rejoindrait les week-end.
– Et si on achetait une maison à Komodo ?
– C’est où, Komodo ?
– C’est une île très lointaine.
– Et pourquoi devrions-nous partir là-bas ?
– Parce qu’il y a les dragons de Komodo. Ce sont des lézards énormes qui peuvent même dévorer une chèvre vivante ou un homme avec des problèmes d’articulations. Ils sont très rapides. On pourrait les apprivoiser, et les utiliser pour nous défendre.
– Contre qui ?
– Contre tout le monde.
Ma mère a souri et a monté le volume de l’autoradio ; elle s’est mise à chanter avec Lucio Battisti : Encore toi. Ça ne me surprend pas, tu sais...
Je me suis mis moi aussi à chanter et quand est arrivé le couplet : Mon amour, est-ce que tu as déjà mangé ? J’ai faim moi aussi, et pas seulement de toi, je lui ai pris la main comme un amoureux désespéré.
Ma mère riait et secouait la tête :
– Quel idiot... Quel idiot...
Je me suis aperçu que j’étais heureux. Il y avait le monde de l’autre côté des vitres, et ma mère et moi, dans une bulle au milieu de la circulation. Il n’y avait plus d’école, plus de devoirs, et plus aucune de ces milliards de choses qu'il me faudrait faire pour devenir grand.