Tout l'Anio verse au jardin vertical,
Piège de marbre et falaise de faste.
Son corps d'eau plie au caprice ducal,
Sa bouche d'eau crie amour au nom d'Este.
Cent bouches d'eau par frais luxe éjaculent
Un rire bleu-mer-sombre et blanc argent.
Toute tritonne est la serve ducale,
L'Anio des ducs ruisselle sur sa jambe.
Où la statue est d'Anio transpercée
Et rend l'Anio par sa gorge fontaine,
Où chaque bronze est d'un flot traversé
Par les détours du lit d'une âme obscure,
Où à jet double un dru fleuve exubère
Par les seins noirs aspergeant l'hibiscus,
Aimer longtemps du balcon de fontaine
Entre les ifs la tuile de Tibur.
Marcel Thiry Le Jardin fixe, Italiques, 1969
Images : en haut et en bas (1) : Stefano Site Flickr
en bas (2) : Site Flickr
en bas (3) Paolo Francesco Sità (Site Flickr)
Éblouissement devant ces eaux bondissantes et fraîches. La Sybille s'y mire et rêve d'Italie...
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RépondreSupprimerA Elvire
Alphonse de Lamartine
"Oui, l’Anio murmure encore
Le doux nom de Cynthie aux rochers de Tibur,
Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure,
Et Ferrare au siècle futur
Murmurera toujours celui d’Eléonore !
Heureuse la beauté que le poète adore !
Heureux le nom qu’il a chanté !
Toi, qu’en secret son culte honore,
Tu peux, tu peux mourir ! dans la postérité
Il lègue à ce qu’il aime une éternelle vie,
Et l’amante et l’amant sur l’aile du génie
Montent, d’un vol égal, à l’immortalité !..."