Lettera di Calipso, ninfa, a Odisseo, re di Itaca
« Violetti e turgidi come carni segrete sono i calici dei fiori di Ogigia ; piogge leggere e brevi, tiepide, alimentano il verde lucido dei suoi boschi ; nessun inverno intorbida le acque dei suoi ruscelli.
È trascorso un battere di palpebre dalla tua partenza che a te pare remota, e la tua voce, che dal mare mi dice addio, ferisce ancora il mio udito divino in questo mio invalicabile ora. Guardo ogni giorno il carro del sole che corre nel cielo e seguo il suo tragitto verso il tuo occidente ; guardo le mie mani immutabili e bianche ; con un ramo traccio un segno sulla sabbia — come la misura di un vano conteggio ; e poi lo cancello. E i segni che ho tracciato e cancellato sono migliaia, identico è il gesto e identica è la sabbia, e io sono identica. E tutto.
Tu, invece, vivi nel mutamento. le tue mani si sono fatte ossute, con le nocche sporgenti, le salde vene azzurre che le percorrevano sul dorso sono andate assomigliando ai cordami nodosi della tua nave ; e se un bambino gioca con esse, le corde azzurre sfuggono sotto la pelle e il bambino ride, e misura contro il tuo palmo la piccolezza della sua piccola mano. Allora tu lo scendi dalle ginocchia e lo posi per terra, perché ti ha colto un ricordo di anni lontani e un'ombra ti è passata sul viso : ma lui ti grida festoso attorno e tu subito lo riprendi e lo siedi sulla tavola di fronte a te : qualcosa di fondo e di non dicibile accade e tu intuisci, nella trasmissione della carne, la sostanza del tempo.
Ma di che sostanza è il tempo ? E dove esso si forma, se tutto è stabilito, immutabile, unico ? La notte guardo gli spazi fra le stelle, vedo il vuoto senza misura ; e ciò che voi umani travolge e porta via, qui è un fisso momento privo di inizio e di fine.
Ah, Odisseo, poter sfuggire a questo verde perenne ! Potere accompagnare le foglie che ingiallite cadono e vivere con esse il momento! Sapermi mortale.
Invidio la tua vecchiezza, e la desidero : e questa è la forma d'amore che sento per te. E sogno un'altra me stessa, vecchia e canuta, e cadente ; e sogno di sentire le forze che mi vengono meno, di sentirmi ogni giorno più vicina al Grande Circolo nel quale tutto rientra e gira ; di disperdere gli atomi che formano questo corpo di donna che io chiamo Calipso. E invece resto qui, a fissare il mare che si distende e si ritira, a sentirmi la sua immagine, a soffrire questa stanchezza di essere che mi strugge e che non sarà mai appagata — e il vacuo terrore dell'eterno. »
Antonio Tabucchi I volatili del Beato Angelico Sellerio editore Palermo, 1987
Lettre de Calypso, nymphe, à Ulysse, roi d'Ithaque
« Violets et turgides comme des chairs secrètes sont les calices des fleurs d’Ogygie ; des pluies légères et brèves, tièdes, alimentent le vert brillant de ses bois ; aucun hiver ne trouble les eaux de ses ruisseaux.
Le temps d’un battement de paupières s’est écoulé depuis ton départ qui te semble si lointain, et ta voix, qui depuis la mer me dit adieu, blesse encore mon ouïe divine en ce temps pour moi infranchissable. Je regarde chaque jour le char du soleil qui court dans le ciel et je suis son trajet vers ton occident ; je regarde mes mains immuables et blanches ; avec une branche je trace une marque sur le sable — comme la mesure d’un comptage vain ; et puis je l’efface. Et les signes que j’ai tracés et effacés sont des milliers, identique est le geste et identique est le sable, et je suis identique. Comme tout le reste.
Toi, au contraire, tu vis dans le changement. Tes mains sont plus décharnées, avec les jointures plus saillantes, les solides veines bleues qui les parcouraient ressemblent maintenant aux cordages noueux de ton navire ; et si un enfant joue avec elles, les cordes bleues disparaissent sous la peau et l’enfant rit, et mesure contre ta paume la petitesse de sa propre main. Alors tu le fais descendre de tes genoux et tu le poses à terre, parce que s’est emparé de toi un souvenir des années lointaines et une ombre est passée sur ton visage : mais lui continue à te faire la fête et tu le soulèves aussitôt pour l’asseoir sur la table en face de toi : quelque chose de profond et d’indicible se produit et tu pressens, dans la transmission de la chair, la substance du temps.
Mais de quelle substance est le temps ? Et où prend-il sa forme, si tout est établi, immuable, unique ? La nuit, j’observe les espaces entre les étoiles, je vois le vide incommensurable ; et ce qui bouleverse et emporte les humains n’est ici qu’un moment fixe sans commencement ni fin.
Ah, Ulysse, si je pouvais échapper à ce vert éternel ! Si je pouvais accompagner les feuilles qui lorsqu’elles jaunissent tombent et vivre avec elles ce moment ! Me savoir mortelle.
J’envie ta vieillesse et je la désire : voilà la forme d’amour que j’éprouve pour toi. Et je rêve d’une autre moi-même, vieille et chenue, et croulante ; et je rêve de sentir mes forces décroître, de me sentir chaque jour plus proche du Grand Cercle dans lequel tout revient et tourne ; de disperser les atomes qui forment ce corps de femme que j’appelle Calypso. Mais je reste là, à fixer cette mer qui s’étend et se retire, à me sentir semblable à elle, à souffrir cette fatigue d’exister qui m’épuise et qui ne sera jamais apaisée — et la terreur vide de l’éternité. »
(Traduction personnelle)
Images : (1) Site Flickr
(2) Jose Joaquin Pérez Gamero (Site Flickr)
(3) Carlos Larlos (Site Flickr)
(4) Source
(5) José Rambaud (Site Flickr)