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samedi 24 mai 2014

Hymne : la route des étoiles (Inno : il cammino delle stelle)




Elle tourna les yeux vers les naissantes étoiles. « Je connais tous leurs noms, dit-elle ; chacune en a plusieurs ; elles ont des vertus différentes. Leur marche, qui nous paraît calme, est rapide et les rend brûlantes. Leur inquiète ardeur est cause de la violence de leur course, et leur splendeur en est l’effet. Une intime volonté les pousse et les dirige ; un zèle exquis les brûle et les consume ; c’est pour cela qu’elles sont radieuses et belles. 

Elles se tiennent l’une à l’autre toutes attachées, par des liens qui sont des vertus et des forces, de sorte que l’une dépend de l’autre et que l’autre dépend de toutes. La route de chacune est tracée et chacune trouve sa route. Elle ne saurait en changer sans en distraire aucune autre, chacune étant de chaque autre occupée. Et chacune choisit sa route selon qu’elle devait la suivre ; ce qu’elle doit, il faut qu’elle le veuille, et cette route, qui nous paraît fatale, est à chacune la route préférée, chacune étant de volonté parfaite. Un amour ébloui les guide ; leur choix fixe les lois, et nous dépendons d’elles ; nous ne pouvons pas nous sauver. »

André Gide  Les nourritures terrestres   Editions Gallimard






Ella volse gli occhi verso le nascenti stelle. « Conosco tutti i loro nomi, disse ; ciascuna ne ha diversi ; esse hanno virtù differenti. Il loro corso che ci pare tranquillo, è rapido e le fa ardenti. Il loro inquieto ardore è causa della violenza del loro corso, e il loro splendore ne è l’effetto. Un’intima volontà le sospinge e le dirige ; uno zelo squisito le brucia e le consuma ; è per questo che sono radiose e belle. 

Esse si tengono l’una all’altra strette, con legami che sono virtù e forze, cosicché l’una dipende dall’altra e l’altra dipende da tutte. Il cammino di ciascuna è tracciato e ciascuna trova il proprio cammino. Non potrebbe cambiare senza allontanarne ogni altra, poiché ciascuna è di ogni altra occupata. E ciascuna sceglie il proprio cammino secondo che doveva seguirlo ; ciò che deve, bisogna che lo voglia, e quella strada, che ci sembra fatale, è per ciascuna la strada preferita, poiché ciascuna è di volontà perfetta. Un amore estasiato le guida ; la loro scelta fissa delle leggi, e noi da esse dipendiamo ; non ci possiamo sottrarre. »

Traduzione : Elina Klersy Imberciadori








Images : en haut, Site Flickr

au centre, LoukasX  (Site Flickr)

en bas, Mila Klee  (Site Flickr)




6 commentaires:

  1. Oui, les étoiles nous plongent dans des mondes infinis et mystérieux, le coeur en expansion ou en solitude. Belle page de Gide qui éveille en moi une rencontre entre deux personnages de Giono, dans son roman Que ma joie demeure. C'est tout au début...
    "C'était une nuit extraordinaire.
    Il y avait du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe. Elles étaient en touffes avec des racines d'or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient les mottes luisantes de nuit."
    Alors, Jourdan qui ne peut pas dormir est pris d'une envie d'aller labourer entre les amandiers. Et il attend, se disant qu'il arrivera par une telle nuit. Il attend la venue d'un homme. Il ne sait pas qui. un homme pour que la joie demeure dans cette nuit surnaturelle.
    Et au moment où "les étoiles étaient dans toute leur violence", il arrive. Et cet homme, Bobi, lui dit qu'"Orion ressemble à fleur de carotte"....
    Je n'ai jamais oublié... Et tant de vie va couler par eux sur ce plateau Gremone.

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  2. Ah oui, "Que ma joie demeure", quelle merveille ! Je me souviens du ciel qui tremble comme un ciel de métal et du vent bleu qui monte de la mer et couche de grandes ombres sur les prés... Vous allez voir qu'on va peut-être avoir droit au commentateur grincheux qui va nous dire que Giono, c'est mièvre, fade et affecté, mais pour moi, c'est vraiment sublime !

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    1. Les 2 commentaires sont sortis en même temps avec ces mêmes mots "quelle merveille !"

      Je me souviens aussi du contraste entre la lumière de la nuit "sans vitre entre elle et les yeux" qui par sa pureté rend sale la lumière de "sang charbonné" de la lampe avec son pétrole. Et l'odeur des écorces d'amandiers et de la forêt.
      Ça parle aussi de vin chaud, de pipe que l'on bourre à cause "du froid qui râcle les os".
      Puis Jourdan qui laboure, heureux et "la terre fendue par le coutre et le fer du cheval" et "l'homme planté, les jambes écartées", et la lune et une étoile que l'on voit à travers.
      Une sorte de Visitation... par cette nuit où le paysage devient cristallin à cause du gel
      Grâce à Bobi Jourdan plantera une haie d'aubépines (pour les oiseaux), laissera la jument s'accoupler à l'étalon loin des hommes, dans "l'herbe libre".. Et le cerf avec "ses larges yeux doux mais mâles". "Le bruit de râpe de sa langue". Et la plaine qui se couvrira d'oiseaux à cause du blé..;
      Mais la mort quand" la foudre lui planta un arbre d'or dans les épaules" et ce cri : "Ma !"
      (tant pis pour le grincheux ! on se régale !)

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  3. Oh, quelle merveille cette gravure de Pisan illustrant le vers 139 de L'Enfer (chapitre XXXIV) :
    "E quindi uscimmo a riveder le stelle."
    "Et par là nous sortîmes, à revoir les étoiles." (traduction de Jacqueline Risset
    achevant la première partie de La Divine Comédie de Dante Alighieri .
    Vous avez changé la couverture du livre en vignette me semble-t-il...

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    1. La gravure est de Pisan, mais l'illustration est de Gustave Doré, ne l'oublions pas !

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    2. Oui, j'ai vu au musée d'Orsay cette formidable exposition où étaient exposés proches, les dessins de G.Doré et les gravures de Pisan.

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