Sempre così affannati, e con lunghi arti che spesso agitano. E come sono poco rotondi, senza la maestosità delle forme compiute e sufficienti, ma con una piccola testa mobile nella quale pare si concentri tutta la loro strana vita. Arrivano scivolando sul mare, ma non nuotando, quasi fossero uccelli, e danno la morte con fragilità e graziosa ferocia. Stanno a lungo in silenzio, ma poi tra loro gridano con furia improvvisa, con un groviglio di suoni che quasi non varia e ai quali manca la perfezione dei nostri suoni essenziali : richiamo, amore, pianto di lutto. E come dev’essere penoso il loro amarsi : e ispido, quasi brusco, immediato, senza una soffice coltre di grasso, favorito dalla loro natura filiforme che non prevede l’eroica difficoltà dell’unione né i magnifici e teneri sforzi per conseguirla.
Non amano l’acqua, e la temono, e non si capisce perché la frequentino. Anche loro vanno a branchi, ma non portano femmine, e si indovina che esse stanno altrove, ma sono sempre invisibili. A volte cantano, ma solo per sé, e il loro canto non è un richiamo ma una forma di struggente lamento. Si stancano presto, e quando cala la sera si distendono sulle piccole isole che li conducono e forse si addormentano o guardano la luna. Scivolano via in silenzio e si capisce che sono tristi.
Antonio Tabucchi Donna di Porto Pim e altre storie Sellerio Editore
Perpétuellement essoufflés, avec ces longs membres qu'ils agitent souvent. Et comme ils manquent de rondeurs, privés de la majesté des formes pleines et efficientes, avec leur petite tête mobile dans laquelle semble se concentrer toute leur étrange vie. Ils arrivent sur la mer en glissant mais pas en nageant, comme s’ils étaient des oiseaux, et ils donnent la mort avec fragilité et une délicate férocité. Ils restent longtemps silencieux, et puis ils se mettent soudain à crier furieusement entre eux, dans une confusion de sons qui ne varie guère et auxquels manque la perfection de nos sons essentiels : appel, amour, plainte de deuil. Et comme leur étreinte amoureuse doit être pitoyable : et sauvage, presque brutale, immédiate, sans l'obstacle d'une moelleuse couche de graisse, facilitée par leur nature filiforme qui ne prévoit pas l’héroïque difficulté de l’union ni les magnifiques et tendres efforts pour la réaliser.
Ils n’aiment pas l’eau, et même ils la craignent, si bien qu’on a du mal à comprendre pourquoi ils s’y risquent. Eux aussi vont par bandes, mais ils n’emmènent pas leurs femelles, on devine qu’elles sont ailleurs, mais elles demeurent invisibles. Parfois ils chantent, mais seulement pour eux, et leur chant n’est pas un appel, mais plutôt une sorte de poignante lamentation. Ils se fatiguent vite, et quand vient le soir, ils s’étendent sur de petites îles qui les portent, et peut-être qu’ils s’endorment, ou qu’ils regardent la lune. Ils glissent doucement en silence et on voit bien qu’ils sont tristes.
(Traduction personnelle)
Non amano l’acqua, e la temono, e non si capisce perché la frequentino. Anche loro vanno a branchi, ma non portano femmine, e si indovina che esse stanno altrove, ma sono sempre invisibili. A volte cantano, ma solo per sé, e il loro canto non è un richiamo ma una forma di struggente lamento. Si stancano presto, e quando cala la sera si distendono sulle piccole isole che li conducono e forse si addormentano o guardano la luna. Scivolano via in silenzio e si capisce che sono tristi.
Antonio Tabucchi Donna di Porto Pim e altre storie Sellerio Editore
Perpétuellement essoufflés, avec ces longs membres qu'ils agitent souvent. Et comme ils manquent de rondeurs, privés de la majesté des formes pleines et efficientes, avec leur petite tête mobile dans laquelle semble se concentrer toute leur étrange vie. Ils arrivent sur la mer en glissant mais pas en nageant, comme s’ils étaient des oiseaux, et ils donnent la mort avec fragilité et une délicate férocité. Ils restent longtemps silencieux, et puis ils se mettent soudain à crier furieusement entre eux, dans une confusion de sons qui ne varie guère et auxquels manque la perfection de nos sons essentiels : appel, amour, plainte de deuil. Et comme leur étreinte amoureuse doit être pitoyable : et sauvage, presque brutale, immédiate, sans l'obstacle d'une moelleuse couche de graisse, facilitée par leur nature filiforme qui ne prévoit pas l’héroïque difficulté de l’union ni les magnifiques et tendres efforts pour la réaliser.
Ils n’aiment pas l’eau, et même ils la craignent, si bien qu’on a du mal à comprendre pourquoi ils s’y risquent. Eux aussi vont par bandes, mais ils n’emmènent pas leurs femelles, on devine qu’elles sont ailleurs, mais elles demeurent invisibles. Parfois ils chantent, mais seulement pour eux, et leur chant n’est pas un appel, mais plutôt une sorte de poignante lamentation. Ils se fatiguent vite, et quand vient le soir, ils s’étendent sur de petites îles qui les portent, et peut-être qu’ils s’endorment, ou qu’ils regardent la lune. Ils glissent doucement en silence et on voit bien qu’ils sont tristes.
(Traduction personnelle)
Femme de Porto Pim est disponible en français dans la collection 10/18
Images : en haut : Site Flickr
au centre : Baie de Porto Pim, Site Flickr
en bas : Site Flickr
Texte très bizarre... drôle de baleine philosophe. je crois que dans les grands fonds où elles s'ébattent, peu d'humains s'aventurent en nageant...
RépondreSupprimerreste l'horreur des baleiniers et le magnifique roman d'H.Melville "Moby Dick", le terrible capitaine Achab... le délicieux essai poétique "Pourquoi le saut des baleines" de Nicolas Cavaillès...