[Rome, Villa Médicis] Mardi 3 févier [1987], 4 heures et quart.
Certaines journées d'hiver en certains lieux somptueux sont plus émouvantes que tout ce que peuvent offrir le printemps ou l'été, parce que l'on peut se convaincre que la vie telle qu'elle est là n'a rien d’extraordinaire, qu'elle ne hausse pas le ton pour nous plaire, qu'elle se montre à nous, malgré la splendeur, dans une simplicité qui lui est quotidienne. Je tourne en vain autour d'un souvenir très flou, peut-être imaginaire, d'une terrasse en Périgord, un jour d'hiver — mais c'était peut-être au printemps : il suffit que ce ne soit pas pendant la saison. Ici, dans le parc, les jardiniers taillent les haies. Il fait assez frais, mais très beau. Marcher sur la terrasse, au-dessus du viale, entre la villa et ma maison, leurs travaux d'un côté, donc, et de l'autre la ville... Il n'y a pas dans l'année d'époque moins touristique, à Rome. On n'aperçoit pour ainsi dire pas d'étrangers, le long des rues. Ce silence, cette lenteur, cette tranquillité, cette merveilleuse ordinaireté de la beauté, ce pourrait donc être la vraie vie ? Un jour si beau être cette chose si rare, un jour comme un autre ?
Images : (1), (2) et (3) : merci à David Farreny (Site Flickr)
tout en bas, Renaud Camus (Site Flickr)
"Minuit. Et cette affreuse pensée qu'un soir il faudra fermer ces volets pour la dernière nuit, un matin les fermer sans retour..."
http://www.farreny.net/photographie/
RépondreSupprimerQuelle beauté...
"Ce silence, cette lenteur, cette tranquillité, cette merveilleuse ordinaireté de la beauté, ce pourrait donc être la vraie vie ?" (Vigiles - Journal 1987)