Dove sono finiti la carta assorbente, lo scaldaletto detto « prete », la carta moschicida, l’olio di fegato di merluzzo, il pan di miglio, la polenta col latte, il vaso da notte, il vespasiano, il salvadanaio, i calzoni alla zuava, il nodo Scappino, la magiostrina, le suole di para, l’enteroclisma, le polentine di lino bollente, i suffumigi, le inalazioni, le soprascarpe di gomma, le stringhe di liquerizia, i gommini con lo zucchero, il tamarindo, il castagnaccio, le figurine Liebig, il flit, la TBC, l’isteria, l’osteria, la lippa, i bei ciuffi sulle ascelle delle donne, i capelli alla maschietta, i fazzoletti da naso, lo spolverino, il campanaro, le pulci, le cimici, le giarrettiere per uomo, il frac, il comodino che sapeva di piscio, il fuoco nel camino, l’uomo del ghiaccio, il portasigarette, il caffè con l’uovo sbattuto, il rosolio, l’ombrello da sole, la sifilide, il sapone di Marsiglia, il charleston, il cinema muto, il garzone del lattaio, lo spazzacamino, l’arrotino, il ciabattino, l’odore di piedi, le penitenze, il solitario, la macchina da cucire, il pianoforte verticale, il croket, lo sferisterio, il tabacco da naso, il bastone da passeggio, i mutandoni, la terza classe, la zanzariera, il grog, le corse dei cani, il rasoio a mano libera, il gibus, il cappello a cilindro, l’unghia lunga del mignolo, le monete d’oro, le caramelle mou, il dirigibile, i manicomi, gli anarchici, la lotta libera, il cornetto acustico, le mondine, le donne di servizio, i cantastorie, i calendari profumati, le vergini, le zitelle, le operette, i caffè con l’orchestrina, le lettere d’amore, il jazz ?
Resistono ancora : le mosche, le zanzare, le belle donne, le malattie, la morte, i furbi, i ladri e, naturalmente, le puttane.
Où sont passés le papier buvard, l’ustensile appelé « prete » (prêtre) dont on se servait pour réchauffer les lits, le papier tue-mouche, l’huile de foie de morue, le pain de millet, la polenta avec du lait, le pot de chambre, la vespasienne, la tirelire, le pantalon de zouave, le nœud de cravate Windsor, le canotier, les semelles crêpe, la poire à lavement, les cataplasmes de lin bouillants, les inhalations, les couvre-chaussures en caoutchouc, les rouleaux de réglisse, les boules de gomme, le tamarin, le gâteau de châtaignes, les vignettes Liebig, le flytox, la tuberculose, l’hystérie, l’hôtellerie, le jeu de la lippa, les belles touffes sous les bras des femmes, les cheveux à la garçonne, les mouchoirs, le plumeau, le sonneur de cloches, les puces, les punaises, les fixe-chaussettes, le frac, la table de nuit qui sentait le pipi, le feu de cheminée, l’homme des glaces, le fume-cigarette, le café avec de l’œuf battu, la liqueur de rose appelée rosolio, l’ombrelle, la syphilis, le savon de Marseille, le charleston, le cinéma muet, le garçon laitier, le balayeur de rues, le rémouleur, le cordonnier, l'odeur de pieds, les pénitences, le solitaire, la machine à coudre, le piano droit, le croquet, le sphéristère, le tabac à priser, la canne, les caleçons longs, la troisième classe, la moustiquaire, le grog, les courses de chiens, le rasoir coupe-choux, le gibus, le haut-de-forme, l’ongle long au petit doigt, les monnaies d’or, les caramels mous, le dirigeable, les asiles de fous, les anarchistes, la lutte libre, le cornet acoustique, les ouvrières des rizières, les femmes de chambre, les chanteurs des rues, les calendriers parfumés, les vierges, les vieilles filles, les opérettes, le café avec petit orchestre, les lettres d’amour, le jazz ?
Parmi les espèces qui résistent encore : les mouches, les moustiques, les
belles filles, les maladies, la mort, les petits malins, les voleurs et, bien
entendu, les putains.
Images : en haut, Riso amaro, de Giuseppe De Santis
au centre, Claude Monet L'Été, 1874
en bas, Lillian Gish dans Way Down East, de D. W. Griffith, 1920
Cette page, que j'avais notée également, fait ressurgir avec une seule suite de noms toute notre enfance. Enfin, ce qui faisait notre univers, nos habitudes de vie et dont le souvenir était là nous guettant au détour de ce livre. Inventaire très émouvant et souvent drôle.
RépondreSupprimerJ'associe ce texte et sa belle nostalgie à celui de Antunes (Je viens de le publier sur mon blog, suite à votre article)
RépondreSupprimerRiso amaro ! Quelle beauté !
Ah oui, magnifique texte ! J'engage les visiteurs de ce blog à aller le découvrir ici : Avant que la nuit tombe
SupprimerJe vois que les jeunes portugais lisaient eux aussi Salgari, et les aventures de Sandokan ("Os mistérios da Selva Negra")...