"A Firenze, vendevano rose : certi giorni, tutta la città ne odorava, passeggiavo ogni sera alle Cascine e la domenica nei giardini di Boboli senza fiori."
Je cite ici un extrait du recueil de nouvelles de Piero Santi Amici per le vie (Amis le long des rues), publié en 1939 et réédité en 1976 dans un joli volume illustré par Renato Guttuso et Ernesto Treccani. L'ouvrage est paru aux éditions de L'Indiano, la galerie que Piero Santi tenait à Florence, 3, Piazza dell'Olio, tout près du Duomo, avec son ami Paolo Marini, mort le douze mars dernier. La nouvelle reprise ci-dessous s'intitule Il Parco (Le Parc) ; il s'agit d'une belle évocation d'une fin de journée d'été, et d'une nuit, dans le parc des Cascine, à Florence :
Antonio gli
strinse la mano e se ne andò. Il ragazzo rimase solo e sperduto. L’indomani
sarebbe andato via. Vide tutte le strade e tutti i paesi che avrebbe
traversato. In mezzo c’erano i monti. A poco a poco il pensiero gli si
annebbiò : alte mura di città azzurre sorgevano in mezzo alle nuvole e lui
camminava leggero. Si addormentò. Sopra, le siepi brillavano ancora al sole del
pomeriggio inoltrato e gli alberi si univano fitti contro il cielo troppo
puro ; si presentiva la fine dell’arsura. Biciclette passavano a
gruppi ; una ragazza insegnava al fratellino a muovere i primi passi, e il
fanciullo camminava tutto gonfio e scuro, guardando fissamente l’erba. Nella
grande vasca del piazzale i pesci si riposavano, fermi nel fondo, ristorati
appena dallo zampillo continuo. Ma la sera calava. Cominciarono ad alzarsi per
prime le donne, raccogliendo fagotti e bambini, poi qualche giovane, infine
qualche soldato che era venuto lì dalle caserne lontane. Qualcuno rimase seduto
sulle panchine. I fiori perdettero a poco a poco lo splendore dei loro colori e
le grandi aiuole rosse intorno alla vasca smuorirono lentamente, incupendo.
Millo si risvegliò. E vedendo il fiume già scuro non comprese lì per lì l’ora.
Poi si alzò incamminandosi verso il piazzale d’ingresso del parco : di
sera, la vita si svolgeva prevalentemente lassù, vicino al ponte. Il buio
calava sempre più fitto, il calore, ancora grande. Ma d’un tratto una brezza
fresca venne giù dai monti e scese a rinfrescare l’asfalto. Le cime degli
alberi cominciarono ad ondeggiare sotto l’alito rinvigorente, le foglie si
aprirono per bere l’inaspettata frescura ; e il fiume s’alleggerì
allargando un po’ lo spruzzo delle sue acque sulle rive. Millo aspirò il vento
e si passò una mano sul volto accaldato. Intanto il parco si popolava di ombre.
Il buio avvolgeva tutto, senza consolazioni pallide di luna. Nell’intrico delle
siepi l’oscurità era assoluta. Il ragazzo non provava ormai più il senso di
paura delle prime notti : ora conosceva quasi tutti i nascondigli, i viali
riposti, gli spiazzati più impensati ; e costituiva per lui un quotidiano
divertimento pensare in qual luogo avrebbe dormito. Ogni sera, quasi, cambiava.
Camminò per il viale centrale. Lumi di biciclette, indagatori e curiosi,
passavano piano accecati spesso dai fari delle automobili ed ogni tanto
qualche lume più piccolo, appena avvertibile, rivelava una sigaretta accesa.
Millo si sedé su una panchina, ma pensando che l’indomani si sarebbe dovuto svegliar
presto, pensò di andare a dormire. Scelse per quella notte l’ippodromo delle
corse al galoppo, dove aveva dormito, a volte con Antonio. Saltò la siepe che
circonda il grandissimo prato e in pochi istanti fu vicino ad una costruzione
in muratura dove erano addossate delle frasche. Si gettò su di esse dopo averle
un po’ accomodate.
Dal cielo cupo si riversava una dolorosa intimità sulla
terra. L’isola verde del parco viveva la sua vita notturna, ritmata dal vento
che muoveva le cime degli alberi più alti. Verso il mattino, i viali erano
vuoti e vuoti i prati e i piazzali. Ad un tratto una persona entrò nel viale
centrale : era Antonio. Scavalcò la siepe e fu nell’ippodromo. Dette une
scrollone a Millo. Il ragazzo aprì i suoi occhi chiari che risplendevano appena
sotto la luce leggerissima dell’alba. Il cielo andava schiarendosi. Sulle
piante, sulle foglie, sulle panchine si era posata la brina umida della notte.
Gli abiti di Millo erano bagnati.
– Andiamo, fece Antonio ; e la sua voce
parve a Millo rauca. Mentre a poco a poco le foglie riprendevano vigore e gli
animali sorgevano dai loro nidi e dalle loro buche, i ragazzi si incamminarono.
Nei viali c’era ancora una luce tepida. Millo strappò un ramo da una siepe di
biancospino e lo portò alla bocca. Nessuno parlò. Al rumore di un’automobile
che passava in fretta, in un’ora così insolita, nessuno dei due pensò a
voltarsi.
Piero Santi Amici per le vie, Galleria L'Indiano, Firenze, 1976 (prima edizione : Circoli, Roma, 1939)
Antonio lui serra la main et s’en alla. Le garçon resta seul et
désemparé. Le lendemain, il serait parti. Il vit toutes les routes et tous les
pays qu’il aurait traversés. Au milieu, il y avait les montagnes. Petit à
petit, ses pensées se brouillèrent : les hauts murs de villes bleues
surgissaient des nuages et il marchait d’un pas léger. Il s’endormit. Au dessus
de lui, les haies brillaient encore au soleil de l’après-midi bien avancée, et
les arbres se réunissaient en files serrées contre le ciel trop limpide ;
on devinait la fin de la sécheresse. Des bicyclettes
passaient en groupes ; une jeune fille aidait son petit frère à faire ses premiers
pas, et l’enfant avançait, concentré et triste, en regardant fixement l’herbe.
Dans le grand bassin de l’esplanade, les poissons se reposaient, immobiles dans
le fond, avec pour seul réconfort le jet d’eau continu. Mais le soir tombait. Les
femmes se levèrent les premières, en rassemblant leurs paquets et leurs
enfants, puis ce fut le tour de quelques jeunes gens, et enfin des soldats,
venus de leurs casernes lointaines. Quelques-uns restèrent assis sur les bancs.
Les fleurs perdirent peu à peu leurs splendides couleurs et les vastes
allées rouges autour du bassin dépérirent lentement, en s’obscurcissant.
Millo
se réveilla. En voyant le fleuve déjà sombre, il ne se rendit pas compte
immédiatement de l’heure. Puis il se leva et se dirigea vers l’esplanade à
l’entrée du parc : le soir, l’activité se concentrait à cet endroit-là,
près du pont. Il faisait de plus en plus noir, et encore assez chaud. Mais tout
à coup, une brise légère descendit des montagnes pour rafraîchir l’asphalte.
Les cimes des arbres commencèrent à ondoyer sous le souffle revigorant, les
feuilles s’ouvrirent pour boire cette fraîcheur inespérée ; le fleuve
s’allégea en éclaboussant le rivage de ses eaux. Millo aspira le vent et essuya
d’une main son visage en sueur. Pendant ce temps-là, le parc se peuplait
d’ombres. Le noir enveloppait tout, sans les consolations pâles de la lune.
Dans l’enchevêtrement des haies, l’obscurité était totale. Le garçon
n’éprouvait plus désormais le sentiment de peur des premières nuits :
maintenant, il connaissait toutes les cachettes, les allées secrètes, les
refuges les plus inattendus ; et réfléchir à l’endroit où il allait
pouvoir dormir était devenu pour lui un divertissement quotidien. Il changeait
presque chaque soir.
Il avança dans l’allée centrale. Des lumières de
bicyclettes, insistantes et curieuses, passaient lentement, souvent aveuglées
par les phares des automobiles ; parfois, une lueur plus faible, à peine
perceptible, révélait une cigarette allumée.
Millo s’assit sur un banc, mais
en songeant que le lendemain il devrait se lever tôt, il pensa à aller dormir.
Il choisit pour la nuit l’hippodrome des courses de plat où il avait déjà
dormi, parfois avec Antonio. Il sauta la haie qui entourait le vaste pré et en
quelques instants il se retrouva près d’une construction en béton où étaient
adossés des branchages. Il se jeta sur eux après les avoir un peu arrangés.
Le
ciel sombre inondait la terre d’une douloureuse intimité. L’île verte du parc
vivait son existence nocturne, rythmée par le vent qui agitait les cimes des
arbres les plus hauts. Au petit matin, les allées étaient vides, comme les prés
et les esplanades. Tout à coup, quelqu’un entra dans l’allée centrale :
c’était Antonio. Il enjamba la haie et se retrouva dans l’hippodrome. Il secoua
Millo. Le garçon ouvrit ses yeux clairs qui brillaient à peine sous la pâle
lumière de l’aube. Le ciel s'éclaircissait. Sur les plantes, sur les
feuilles, sur les bancs s’était déposé le givre humide de la nuit. Les
vêtements de Millo étaient trempés.
– Allons-y, dit Antonio ; et Millo
trouva que sa voix était rauque. Tandis que les feuilles retrouvaient
progressivement leur vigueur et que les animaux sortaient de leurs nids et de
leurs tanières, les deux garçons se mirent en chemin. Dans les allées, la
lumière était encore douce. Millo arracha une branche d’une haie d’aubépines et
la porta à la bouche. Personne ne parla. On entendit le bruit d’une automobile
qui passait rapidement, à une heure aussi insolite, mais aucun des deux ne
songea à se retourner.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Giacomo Bartalesi (Site Flickr)
au centre, Giovanna (Site Flickr)
en bas, Daniele Frediani (Site Flickr)
Ce texte est très beau mais je ne comprends pas ce temps de supposition : "Il vit toutes les routes et tous les pays qu’il aurait traversés.". Pourquoi "aurait" ? alors que semblent s'égrener des souvenirs.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas non plus pourquoi : "le lendemain il serait parti", car le matin ils se mettent en route tous les deux. Qui est ce "il" ? Antonio ? Millo ? Ce n'est bien sûr que l'extrait d'une nouvelle qui garde donc tout son mystère. Vous avez présenté cet extrait sur un deuil ayant touché Piero Santi....
A part ces remarques, il est vrai que l'atmosphère des lieux qui accueillent Millo, "seul et désemparé", est remarquablement écrite.
Toujours privée des photos venant du site Flickr, je cherche sur internet ce qui pourrait être votre choix. La fresque, hier : magnifique mais quelle idée d'avoir placé dans l'axe central horizontal un barre métallique soutenant des spots !
Le "il", c'est bien Millo, dont on suit les pensées dans une sorte de discours indirect libre ; il va partir le lendemain avec Antonio et il imagine ce que va être son avenir. Ce ne sont donc pas des souvenirs qu'il évoque, mais plutôt une anticipation de ce qui l'attend, où s'expriment des appréhensions face à un inconnu à la fois attirant et vaguement inquiétant.
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