Quando c'è festa nei miei paesi
vengono da lontano i venditori,
mangiaspade, mangiafuoco,
con mani immense e scamiciate alzano
sui bambini la tromba del diluvio,
dormono a notte nei fondachi scuri,
se ne vanno un mattino sotto la pioggia.
Io non ho fiere più da visitare,
e più m'attempo più voglio morire.
Gesualdo Bufalino Il miele amaro Bompiani Editore
Les jours de fête dans mes villages
les forains viennent de loin,
avaleurs de sabres, mangeurs de feu,
débraillés, avec des mains immenses, ils brandissent
au-dessus des enfants la trompette du déluge,
ils dorment la nuit dans les entrepôts sombres
et repartent au matin sous la pluie.
Je n'ai plus de foires à visiter,
et plus je vieillis plus j'ai envie de mourir.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Luigi Strano (Site Flickr)
au centre, Site Flickr
Obsession ou crainte de la mort ? Il se laisse partir, sans résistance comme si il avait renoncé à se battre. Comme s'il n'avait plus envie de s'émerveiller, d'aimer, ... Fugacement - parce qu'il est de cette île - je pense et au roman de G.T. de Lampedusa et au film de Visconti : "Le Guépard". Je revois ce prince sicilien, las des futilités et des trahisons de son monde aristocratique, au visage de B.Lancaster, à ses pensées funestes quand il se retire de la fête pour se réfugier dans sa bibliothèque et méditer devant cette toile, allégorie de la mort. Palerme et un monde qui s'écroule...
RépondreSupprimerMême les forains sont tristes dans ce beau poème...
Oui, avec ce départ au matin sous la pluie, on se croirait vraiment à la fin de "La Nuit des forains" de Bergman ! Le rapprochement avec "le Guépard" est très juste, avec cette résignation, cet ironique désenchantement, cette irréductible mélancolie des insulaires...
SupprimerOh oui. Je me souviens d'une séquence surréaliste, une sorte de rêve du clown triste, Frost, celle où il voit sa femme Alma se déshabiller impudiquement devant une armée en campagne... Séquence torride glissée dans l'histoire de ce cirque, traversée par la jalousie, la mort, la pauvreté. Mais comme il aimait les gens de spectacle, comédiens, forains, acteurs... Peut-être les seuls à dire la vérité...
SupprimerNino Rota... Quelle beauté et que de souvenirs... La Strada... Amarcord... La Dolce Vita...
RépondreSupprimerCe solo de trompette est bouleversant et donne une belle profondeur au poème.
Heureuse de retrouver cette page mélancolique. Le billet d'avant me laissait perplexe....
RépondreSupprimerOui, vous avez raison, j'avais quelque chose en tête, mais ça n'a pas collé, et le résultat était franchement gênant...
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