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samedi 4 mai 2013

L'Adagio




Nous avons écouté en chemin le sublime adagio qui est à lui seul tout ce qui existe de la dixième symphonie de Mahler. On dit toujours : la dixième est (très) inachevée, il n’en existe qu’un mouvement (sur les quatre ou cinq qu’elle aurait sans doute comportés). Mais si Mahler ou quelqu’un d’autre avait eu l’idée de donner un titre à ce mouvement, L’Adieu à la vie ou Fin d’été à la montagne, et de le considérer comme une œuvre autonome, un poème symphonique ou une suite pour orchestre, par exemple, tout le monde serait d’accord pour y voir sans réserve un chef d’œuvre de plus, et tout à fait complet, parfaitement comparable aux Métamorphoses de Strauss (avec trente-cinq ans d’avance). Il s’agit en tout cas d’une de ces œuvres musicales, comme les Métamorphoses, comme Siegfried Idyll ou le prélude de Lohengrin, qui ne vont nulle part, qui font du surplace (pendant une bonne demi-heure, en l’occurrence) – inutile d’écrire que cette remarque n’est pas à prendre en mauvaise part, bien au contraire : l’art du surplace est un des plus hauts qui soient, en musique. 

Renaud Camus  Vue d’œil, Journal 2012  Éditions Fayard, 2013












Images : Renaud Camus (Site Flickr)

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