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vendredi 24 mai 2013

Comme le feu




"Vegnendo adunque il dì ordinato a ciò, santa Chiara uscì del monistero con una compagna, e accompagnata dai compagni di san Francesco, venne a santa Maria degli Angeli, e salutata divotamente la Vergine Maria dinanzi al suo altare, dov’ella era stata tonduta e velata, sì la menarono vedendo il luogo, infino a tanto che e’ fu ora di desinare. E in questo mezzo, san Francesco fece apparecchiare la mensa in sulla piana terra, siccome era usato di fare. E fatta l’ora di desinare, si pongono a sedere insieme san Francesco e santa Chiara, e uno delli compagni di san Francesco colla compagna di santa Chiara, e poi tutti gli altri compagni s’acconciarono alla mensa umilmente. E per la prima vivanda, san Francesco cominciò a parlare di Dio sì soavemente, sì altamente, sì maravigliosamente che, discendendo sopra di loro l’abbondanza della divina grazia, tutti furono in Dio ratti. E stando così ratti, con gli occhi e colle mani levale in cielo, gli uomini d’Ascesi e da Bettona, e qua’ della contrada d’intorno, vedeano che santa Maria degli Angeli e tutto il luogo e la selva ch’era allora allato al luogo ardevano fortemente, e parea che fosse un fuoco grande che occupava la chiesa e il luogo, e la selva insieme: per la qual cosa gli Ascesani con gran fretta corsero laggiù per ispegnere il fuoco, credendo veramente che ogni cosa ardesse. Ma giugnendo al luogo e non trovando ardere nulla, intrarono dentro e trovarono san Francesco con santa Chiara, e con tutta la loro compagnia ratti in Dio per contemplazione, e sedere intorno a quella mensa umile. Di che essi certamente compresero, che quello era stato fuoco divino, e non materiale, il quale Iddio avea fatto apparire miracolosamente, a dimostrare e significare il fuoco del divino amore del quale ardeano le anime di questi santi frati e sante monache; onde e’ si partirono con grande consolazione nel cuore loro e con Santa edificazione."







Sur sa petite terrasse, où un jeune cyprès et trois pots de fleurs enivrées font un jardin, Claire immobile vole à François : son regard abolit l’espace : elle est avec lui ; elle le voit dans sa hutte de feuilles aux bois de Sainte-Marie des Anges. Elle distingue entre toutes cette ombre frêle et brûlante qu’entoure une auréole, l’épée mince et brune de ce corps, tison de bure, épi de feu. Elle se prosterne sur ses mains et les baise ; tête basse, les yeux baissés, elle le voit tout entier : elle le sent vivre et mourir : elle vit et meurt en lui, comme elle rêve qu’il meurt en elle. Et lui, fait bien plus que de la voir : il la comble de son cœur ; il bat dans son sein, le pigeon pourpre ; il l’emplit de son âme en sang à rouges bords. 

La petite demi-lieue de ciel qui palpite entre eux, cette onde bleue sous une résille d’or ne les sépare pas : elle les unit plutôt : elle les filtre l’un à l’autre. Elle ne laisse plus en eux que l’espace comblé d’un ineffable amour. 

Claire est aux pieds de cet amour comme aux pieds de la croix. Mais lui est la croix même. Tout son corps est croix : il est le bois et Jésus est dans son âme. 

Ses pieds saignent, ses mains saignent, percés des clous invisibles qu’on ne retire pas. Et son flanc saigne, sous la lance. Il sue par tous les pores le mystère du sang. Ici, il faut comprendre. Claire comprend. C’est qu’elle prend ce sang : il coule de François en elle, comme de Jésus à François. 

François se roule sur les épines aigres du rosier d’hiver ; il se râpe et s’étrille à ce buisson qui n’est tout que bois aigu et cruelles aiguilles. Mais de chaque égratignure naît une touffe de roses, qui sont marquées à son signe, qui parfument l’air de la vallée, et l’embaument de l’éternel encens. 

Ni la distance, ni le sable du temps, ni les lois immuables qui régissent les changeantes apparences de la nature n’ont ici un souverain empire. Aveugle qui ne se rend pas à l’évidence de la puissance cachée, intérieure et divine, qui élève si haut une nature épurée et plus libre au-dessus de la matière serve, cristal de la réalité. 

André Suarès  Voyage du condottiere, Sienne la bien aimée








Images : Francesco, giullare di Dio, de Roberto Rossellini 


 

1 commentaire:

  1. Peut-être le seul amour qui ne craint pas la mort car il est dans la mort, flamboyant, jaillissant du noir de la mort pour être plus fort qu'elle. C'est magnifique ! comme vous lisez bien ce livre...

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