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jeudi 16 juin 2016

Jardin de Boboli





"Dirò altresì, non per migliore chiarezza ma per scolpire meglio con un'immagine la positura, che se in questa terra la collina vi tiene il posto della signora, e quasi sempre signora vera, principessa, la pianura vi tiene quello della serva, della cameriera o ancella ; e che il più benevolo e cortese dei passanti ha per lei quella cordialità di concessione che si usa verso la donna che ci apre la porta allorquando si va per visitare la sua padrona ; o nel più fortunato dei casi della dama di compagnia che mantiene il proprio rango con dignità e compostezza senza permettersi di giudicare, esternando ammirazione bonaria e socchiudendo appena gli occhi o storcendo un po' la bocca alla molta polvere che per colpa dell'altra è costretta a inghiottire dalla mattina alla sera, e alla motriglia che tale scorribanda le produce davanti a casa inzaccherandone l'uscio fino in cima ; e qualche volta infine, della mendicante supplice ai suoi piedi.

Riporterò alcuni nomi di queste colline riuscendo essi, meglio delle parole, a dimostrarsi tale evidenza : Bellosguardo, e notate che molte ve ne sono dove lo sguardo è ancor più bello, Il Gelsomino, Giramonte, Il Poggio Imperiale, Torre del Giallo, San Gersolè, Settignano, Fiesole, Vincigliata e Castel di Poggio, Montebeni, Il Poggio delle Tortore, Montiloro, L'Apparita e L'Incontro, Monte Asinario, Il Giogo, Monte Morello... Sentite invece i nomi della pianura : Rifredi, Le Caldine, Le Panche, Peretola, Legnata, Soffiano, Petriòlo, Brozzi, Campi, Quarto, Quinto, Sesto... anche la fantasia pedestre si spegne, sembrano gli evirati dell'immaginazione."


Aldo Palazzeschi   Sorelle Materassi  Ed. Mondadori






De Florence, il est souhaitable – ne serait-ce que pour se laver l'esprit de tant de chefs-d'œuvre assemblés en si peu d'espace – de s'éloigner vers les collines en grimpant jusqu'à San Miniato – bien verte, bien blanche, bien romane, bien mignonne – ou en progressant par les terrasses du jardin de Boboli. Ah ! les collines... c'est presque décourageant, elles semblent mises là pour composer le plus harmonieux tableau du monde. On souhaiterait un vague désordre, au moins une discordance. Avec leurs maisons semées au milieu du feuillage, leurs cyprès (seuls arbres que je reconnais à coup sûr), leurs pentes douces, elles ont l'air de dire : ici tout va de soi, moins on se force et plus c'est beau. Aussi je ne m'acharnerai pas à les célébrer, les collines, il y faudrait un art très subtil, celui d'un Aldo Palazzeschi qui, au début des Soeurs Materassi, arrive à restituer leur présence. Voilà un livre à la mesure de ce paysage : faussement simple comme l'âme de ces pauvres sœurs, vieilles brodeuses, qui s'éprennent à la folie de leur charmant neveu dont la beauté physique, qu'elles contempleront en vain, les conduira à leur perte. Un livre superbe, allant de soi lui aussi et dont l'ironie allège et accuse le drame. On me dit que Palazzeschi subit, depuis sa mort, une éclipse en Italie. Les meilleurs font le vide.




Dans le jardin de Boboli, soucieux d'anecdote, je cherche la vasque où Teresa Stich-Randall, alors à l'aube de sa carrière, a plongé après avoir chanté un air d'Obéron. À elle, je demeurerai éternellement redevable. Au festival d'Aix-en-Provence, vers la fin des années cinquante, ses interprétations de Donna Anna et de Pamina me révélèrent un Mozart limpide, épuré comme un dessin à la plume. Je la revois dans la nuit de la cour de l'Archevêché, je revois les décors de Cassandre, de Jean-Denis Malclès : quelques heures de ma jeunesse que je suis certain de ne pas embellir.

Des jeunes, j'en croise beaucoup par ici. La plupart vont s'asseoir sur les pelouses du Belvédère tout en haut. Filles et garçons – blue-jeans, chemises claires – bavardent ou lisent, pas Aldo Palazzeschi, des livres de classe et des BD. Quelques-uns écoutent de la musique branchée à leurs oreilles, pas du Mozart. Ils ne se distinguent pas des jeunes de partout, sympathiques, éphémères, un de perdu, dix de retrouvés. Dans ce paysage pourtant, à cause des collines, ils paraissent inaltérables.

Christian Giudicelli
  Quartiers d'Italie Editions du Rocher, 1993







Images : en haut, Site Flickr

an centre, Manuel Palomino Ajorna (Site Flickr)

en bas, Alessio Mariottini (Site Flickr)

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