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samedi 31 décembre 2016

Scherzo di Capodanno (Une blague du Jour de l'an)




Pour terminer avec un sourire une année qui ne fut pas des plus joyeuses, je cite ici un exemple de blague du Jour de l'an typique de l'humour toscan, tel qu'on le retrouve par exemple dans la série des films de Monicelli Amici miei (Mes chers amis). Il s'agit d'un extrait d'une nouvelle de Marco Malvaldi qui, avec sa série du BarLume, exprime aussi parfaitement cette comicità toscane liée à la bischerata, c'est-à-dire à la farce souvent ravageuse et révélatrice des ridicules d'une époque, comme cette directive de l'Union Européenne, plus vraie que nature dans son bureaucratisme tatillon, qui est censée réglementer les réveillons du Jour de l'an :  




Deux ou trois ans auparavant, Massimo avait envoyé à tous les restaurateurs de la commune une fausse directive de la Communauté Européenne, intitulée "Normes européennes pour le Réveillon du Jour de l’an", dans laquelle étaient énumérées de façon pointilleuse et bureaucratique toutes les conditions qu’un repas servi le soir du 31 décembre devait remplir pour être considéré et promu comme "Réveillon du Jour de l’an", selon les normes européennes en vigueur. 




Le document, divisé en plusieurs articles, concernait les divers plats et les moments où ils devaient être servis (Art. 12 : «Les lentilles, obligatoirement de provenance européenne et de préférence issues de l’agriculture biologique, doivent être servies dans un plat de service apporté sur la table seulement au moment de la dégustation, et non pas déposées directement dans l’assiette de chacun des convives. Le plat de service en question, d’une dimension comprise entre 29 et 50 centimètres de diamètre, doit être impérativement apporté sur la table entre 23h00 et 23h30, et même quand tous les convives ont été servis, il ne doit pas être ramené en cuisine, mais doit demeurer sur la table jusqu’à 23h45.»). La durée et le déroulement des festivités faisaient également l’objet d’unes stricte réglementation (Art. 21 : «La formation d’une éventuelle farandole de convives, communément appelée petit train, ne peut avoir lieu qu’après minuit, après une demande d’autorisation auprès des autorités responsables de l’ordre public. Un tel petit train doit être obligatoirement conduit par un membre du personnel habilité détenteur d’un contrat de travail à temps indéterminé dans le local où se déroulent les festivités.»). D’autre part, certaines dispositions à caractère général étaient également stipulées (Art. 26 : «La nature des chansons reproduites, transmises ou exécutées sur place au cours de la soirée doit être conforme aux critères suivants : 50% de ces chansons doivent être l’œuvre d’auteurs ou de groupes ayant participé au moins une fois à une fête nationale, quelle que soit l’année de cette participation ; 25% de ces chansons doivent être l’œuvre d’auteurs ou de groupes appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou culturelles ; et parmi ces 25%, au moins la moitié émanera d’auteurs ou de groupes officiellement homosexuels ; pour les 25% restants, il sera fait appel à des groupes appartenant au panorama culturel traditionnel — ou folk — de la Nation en question. Au moins la moitié des dites chansons devra être en langue anglaise.»). 

Beaucoup avaient immédiatement compris que cette directive était une blague ; hélas, "beaucoup" ne veut pas dire "tout le monde", ce qui signifie que certains l’avaient prise au sérieux, avec des conséquences plutôt grotesques.

Marco Malvaldi  L'esperienza fa la differenza (in Sei casi al BarLume, Sellerio editore, 2016) (Traduction personnelle)






Images : Site Flickr



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