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mercredi 2 juillet 2014

D'une étoile l'autre




La promenade nocturne vaut surtout par la vision unique du ciel étoilé. (Si l’on décide d’y perdre la vue, prenons garde à ne pas renouveler la pénible aventure de Thalès qui, ne quittant pas les yeux de la voûte céleste et se refusant à l’immobilité, tomba dans une fosse.) 




Je ne connais pas de spectacle plus ravissant que ce panorama cosmique offert au contemplateur qui ne parvient pas à discipliner son regard tant il est attiré par des scintillements joueurs. Dès que je lève la tête, dans ces instants sublimes, le vers de Mistral dans Mireille — « Et le soir, Dieu sème les étoiles » vient frapper à mon huis mental. Inutile de connaître les constellations pour profiter de cette unique et permanente représentation qui jamais ne joue à guichet fermé malgré le caractère exceptionnel des acteurs. 




D’une étoile l’autre, petit prince qui erre d’astres en astres, je vogue sur du velours noir au gré des vents sidéraux. Quand je pense que des faquins me croient casanier ! Je me déplace beaucoup plus vite et beaucoup plus loin qu’ils ne l’imaginent, ces êtres dont le sens poétique est si atrophié que l’on se demande s’ils en furent un jour pourvus ! Las, laissons les assis et reprenons notre grande course.

Rémi Villedecaze  De la promenade  Éditions du Bon Albert, 1997








Images : (1)  Site Flickr

(2) et (3)  Site Flickr





3 commentaires:

  1. Je crois que c'est Pirandello qui préconisait de lever la tête vers la lune et les étoiles chaque soir. La lune est également souvent présente chez Arno Schmidt avec des qualificatifs toujours d'une grande finesse et d'une invention rare. Et puis, il y a ce vers de Pöe : "et les étoiles ne regardent jamais en bas".
    Merci beaucoup pour ce voyage, j'aime vraiment cet auteur. "Quand je pense que des faquins me croient casanier!"

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    1. "Faquin" : ce terme plutôt rare et ancien a été récemment remis au goût du jour par Godard pour qualifier ce roublard de Tarantino...

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  2. "On croit que les étoiles sont dans le ciel mais elles sont sous nos pas. On les écrase. Ce qu'on voit briller dans la nuit, ce sont leurs cris;"
    Jean-Marie Kerwich (L’Évangile du gitan, éd. Mercure de France)

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