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dimanche 22 août 2010

Se io fossi un Santo... (Si j'étais un Saint...)


Un extrait du chapitre Un santo come me (Un saint comme moi), dans l'ouvrage de Curzio Malaparte Donna come me (Une femme comme moi) :

Se io fossi un Santo, vorrei esser di quelli veri, dei quali, come dei gusti, non si discute : voglio dire uno di quei Santi alla maniera toscana, che son poi i più garbati, i più civili, e i più lieti Santi del calendario, come San bernardino e San Jacopino. E della mia santità vorrei far oggetto non di devozione o di meraviglia, né di spavento o d’invidia, ma di simpatia.

Me ne andrei a vivere dalle mie parti, nella pineta di Galceti o sul poggio della Sacca, a un tiro di schioppo dalla mia città, e a poche miglia da quell’altra mia città ch’è Firenze. Perché un Santo che vive selvatico, in una grotta come un eremita, o in una capanna di frasche come un uccellatore, lontano dal mondo civile, non mi par che vada con i miei gusti, né con la natura dei Toscani. Non proprio in mezzo agli uomini vorrei vivere, né troppo lontano da loro, ma vicino alle loro case, ai loro teatri, ai loro caffè, alle loro piazze ariose, per poter mescolarmi ai discorsi, ai giochi, alle liti, ai negozi, senza tuttavia lasciarmi prender nel giro, e compromettermi più che a un sant’uomo non convenga.

Naturalmente vorrei vestirmi in modo che tutti, a prima vista, mi riconoscessero per santo. Necessaria prudenza in Toscana, dove l’abito fa il monaco. Il che non vuol dire andar vestito di pelli caprine, o di una tonaca rappezzata, e portare il cilicio, i capelli a zazzera, la barba appesa al mento come una barba finta. Mi vesterei di vergatino, e porterei scarpe di vacchetta, camicia di lino grezzo ; e che la giacca fosse comoda, i calzoni ampi, il colletto della camicia largo, da potervi girare il collo senza fatica. Vestito alla buona, insomma, ma andrei in giro armato di bastone, che le ragioni valgono per quel che valgono, e senza un argomento di quella specie nessuna ragione ti serve al viver tranquillo. E che il bastone fosse di cipresso, nodoso e liscio.

Me ne andrei dunque a vivere in una bella villa sui poggi di Prato, con un bel podere intorno, tutto chiaro d’olivi, giallo di grano, rosso di papaveri, verde di vigne, di quelle che danno un vino asciutto e garbato, che appena sulle labbra ti par dolce e risentito, e con una fiammata leggermente aspra ti svanisce in fondo alla gola, lasciandoti nel palato un magro sapore amarognolo. Che son poi le virtù e il modo di comportarsi del vino toscano : anzi, dirò, dei Toscani.

M’alzerei la mattina prestissimo, non appena il ciglio della Retaia diventasse bianco, e subito me ne andrei in giro per i campi, a veder come si svegliano le viti, gli olivi, il grano, e come le canne lungo la Bardena o lungo il Rianoci pigliano il primo vento mattutino.

(...)

Così passerei la mia vita, sorvegliando i miei poderi, discorrendo con i contadini, mutando i pratesi in cicale, in mosconi, in ranocchi ; e di magia in magia, di srtilegio in sortilegio, di miracolo in miracolo, starei contento al quia, cioè ora al meglio ed ora al peggio, ma più spesso al peggio, se è vero che «il peggio è meglio assai del bene».

E un giorno, quando fosse suonata anche per me l’ora di salire in cielo, salirei tranquillamente in Paradiso. Alla pratese, s’intende : col cappello sulla nuca, le mani in tasca, e la pipa in bocca, tra gli applausi di tutto il popolo di Prato. Salirei in cielo come un vero Santo toscano : sorridendo. Come un palloncino di gomma, oscillando nel vento. Come un aquilone, dimenando la coda. Mi perderei fra le nuvole, e prima di sparire saluterei per l’ultima volta, sventolando il cappello, la mia città cinta di mura, irta di camini fumanti : i suoi pergami, le sue statue, le sue chiese, i suoi colombi, i suoi fiaccherai addormentati a cassetta. E sarei il primo Santo pratese : se è vero che nel calendario non c’è neppure un Santo che sia di Prato.

Curzio Malaparte Donna come me, Valecchi ed.






Si j’étais un saint, je voudrais être un saint véritable, de ceux dont, comme des goûts, on ne discute pas : c'est-à-dire un de ces saints à la mode toscane qui, parmi tous ceux qui figurent dans le calendrier, sont les plus courtois, les plus polis et les plus joyeux, comme saint Bernardin et saint Jacques. Et je voudrais que ma sainteté ne soit pas un objet de dévotion ou d’émerveillement, mais de sympathie.

J’irais vivre dans mon pays, dans la pinède de Galceti ou sur la colline des Sacca, à deux pas de ma ville, et à quelques milles de mon autre ville, Florence. Parce qu’il me semble qu’un saint qui vivrait en sauvage, dans une grotte comme un ermite, ou dans une cabane de branchages comme un oiseleur, loin de la société, ne serait conforme ni à mes goûts, ni au tempérament des Toscans. Je ne voudrais vivre ni au milieu des hommes, ni trop loin d’eux, mais à proximité de leurs maisons, de leurs théâtres, de leurs cafés, de leurs places aérées, pour pouvoir me mêler à leurs discours, à leurs jeux, à leurs disputes, à leurs affaires, sans toutefois me laisser trop entraîner, et risquer de me compromettre plus qu’il ne siérait à un saint homme.

Naturellement, je voudrais m’habiller de façon à ce que tous, au premier coup d’œil, me reconnaissent comme un saint. Prudence nécessaire en Toscane, où l’habit a toujours fait le moine. Cela ne signifie pas que je me vêtirais de peaux de bique, ou d’une robe de bure rapiécée, ni que je porterais le cilice, la tignasse, la barbe suspendue au menton comme un postiche. Je porterais des costumes rayés, des chaussures en cuir, des chemises de lin, des vestes et des pantalons amples et confortables, des cols de chemise larges, afin de pouvoir tourner le cou sans difficulté. En somme, je serais correctement habillé : mais je ne sortirais qu’avec un bâton, car quelles que soient les raisons que l’on avance, sans un argument de cette nature, on n’est jamais sûr de pouvoir vivre tranquille. Le bâton sera de préférence en cyprès, noueux et lisse.

J’irais donc vivre dans une belle villa sur les collines de Prato, avec un grand domaine tout autour, baigné par la lumière des oliviers, l’or des blés, le rouge des coquelicots et le vert des vignes, celles qui donnent un vin sec et agréable, qui lorsqu’il se dépose sur les lèvres semble doux et tranquille, puis se révolte soudain dans la bouche en se faisant vif et piquant, avant de disparaître dans la gorge en une flambée légèrement âpre, qui laisse sur le palais une petite saveur aigrelette. En fait, il s’agit là des qualités et des manières du vin toscan, et je dirais même des Toscans.

Je me lèverais très tôt le matin, dès que blanchirait la cime de la Retaia, et j’irais aussitôt me promener dans les champs, pour assister au réveil des vignes, des oliviers, du blé, et pour voir les roseaux, le long de la Bardena ou du Rianoci, s’agiter au premier vent du matin.

(...)

C’est ainsi que je passerais ma vie, veillant sur mon domaine, discutant avec les paysans, transformant les gens de Prato en cigales, en grosses mouches, en grenouilles ; et ainsi de magie en magie, de sortilège en sortilège, de miracle en miracle, je saurais me contenter de mon sort, pour le meilleur ou pour le pire, mais plus souvent pour le pire, s’il est vrai que «le pire est préférable au bien».

Et un jour, quand sonnerait pour moi aussi l’heure de monter au ciel, j’irais tranquillement au Paradis. À la manière des gens de Prato, bien sûr : avec le chapeau sur la nuque, les mains dans les poches et la pipe au bec, au milieu des applaudissements de tout le peuple de Prato. Je monterais au ciel comme un vrai saint toscan : le sourire aux lèvres. Comme un petit ballon de caoutchouc se laissant porter par le vent. Comme un cerf-volant balançant sa traîne. Je me perdrais dans les nuages, et avant de disparaître, j’agiterais mon chapeau pour saluer une dernière fois ma ville serrée dans ses murs, hérissée de cheminées fumantes : je saluerais ses chaires, ses statues, ses églises, ses pigeons, ses cochers endormis sur leurs sièges. Et je deviendrais le premier saint de Prato, s’il est vrai que dans le calendrier ne figure pas un seul saint qui soit de Prato.

(Traduction personnelle)

Images : en haut, Xavier de Jauréguiberry (Site Flickr)

en bas, soares77 (Site Flickr)

3 commentaires:

  1. Après quelques longues semaines de vacances, il est temps que je me remette à l'italien!... Je vois que j'ai quelques beaux textes à lire, merci encore.

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  2. Merci à vous, chère Arlette ! Dans l'œuvre très riche de Malaparte, je recommande vivement la lecture de "Une femme comme moi", "Ces sacrés Toscans", "Ces chers Italiens" ou "La tête en fuite", qui ne sont pas aussi connus que "Kaputt" et "La Peau", mais méritent vraiment le détour ! On les trouve encore assez facilement sur les sites de vente de livres d'occasion.

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  3. Merci pour ces références. Je n'ai lu aucun de ces livres, (bien sûr j'ai lu Kaputt et La peau) je vais donc partir à leur recherche.

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