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lundi 31 mai 2010

Fantasmi (Fantômes)


SIGNUREDDRI. Le piccole signore. E sono i fantasmi, gli spiriti. Non tutti e non sempre maligni ; a volte, anzi, che proteggono, che soccorrono. Ma bisogna accattivarsele, le piccole signore, non mostrando paura : facendo finta di niente quando di notte fanno volare in cucina qualche stoviglia o vengono a spostare qualcosa ai piedi del letto, a scherzare tirando il lenzuolo o nascondendo i vestiti. Tutto sommato, amano, appunto, soltanto scherzare : e se la prendono a male quando qualcuno non sta allo scherzo, si impaurisce, grida, fugge. Ben diversamente agisce, verso coloro che abitano la casa in cui è morto, il fantasma di un ammazzato : implacato, non si decide a lasciarli in pace – digrignìo di denti, gemiti che si alternano a diaboliche risate, picchiar di martelli, scroscio di catene – se non dopo i scongiuri, benedizioni e messe in suffragio. Chi possiede una casa abitata da «signureddri» anche soccorrevoli o, peggio, da fantasmi di morti amazzati, se la vede deprezzare nel canone d’affitto o nella vendita. Un inquilino sfrattato – se poco scrupoloso – facilmente riesce a gettare sulla casa che lascia la «filama» (la fama, la malafama) delle «signureddri» o d’altri più maligni fantasmi : e la rende inaffitabile, invendibile. La novella di Pirandello che s’intitola La casa del Granella racconta dei rischi che per suggestione si corrono a voler abitare une casa toccata dalla «filama».

Leonardo Sciascia Occhio di capra Einaudi ed.





SIGNUREDDRI. Les petites dames. Ce sont les fantômes, les esprits. Ils ne sont pas tous, ni toujours, méchants ; ils peuvent même parfois se montrer protecteurs et secourables. Mais il s’agit de les conquérir, ces petites dames, en leur montrant que l’on n’a pas peur : il faut faire comme si de rien n’était quand, la nuit, elles font voler la vaisselle dans la cuisine, déplacent quelque chose au pied du lit, s’amusent à tirer les draps ou à cacher les vêtements. Tout compte fait, elles aiment surtout la plaisanterie : elles ont tendance à se fâcher quand quelqu’un n’entre pas dans leur jeu, prend peur, hurle et s’enfuit. C’est d’une façon bien différente que va agir le fantôme d’un homme assassiné à l’égard de ceux qui habitent la maison où il a été tué : impitoyable, il ne leur accordera aucun répit – grincement de dents, gémissements alternant avec des rires diaboliques, coups de marteaux, bruits de chaînes – et cela tant que l’on n’aura pas procédé à des conjurations, des bénédictions et des messes pour le repos de l’âme du défunt. Celui qui possède une maison habitée par les «petites dames», même si ces dernières sont serviables, ou pire, par des fantômes de morts assassinés, voit le montant de son loyer ou de son prix de vente se déprécier. Un locataire expulsé – s’il est indélicat – parvient facilement à ternir la réputation de la maison qu’il quitte en invoquant la malédiction des «petites dames», ou d’autres fantômes encore plus méchants : il devient alors impossible de louer cette maison, ou de la vendre. La nouvelle de Pirandello intitulée La maison de Granella évoque les risques que l’on court par suggestion si l’on choisit d'habiter une maison touchée par cette malédiction.

Leonardo Sciascia Œil de chèvre (Traduction personnelle)

Images : Bagheria, Villa Palagonia. En haut : Site Flickr En bas : Site Flickr

1 commentaire:

  1. Je suis heureuse de découvrir votre site. J'espère que vous continuerez de le faire vivre.

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