"O goldne Zeit, die nicht mehr ist im Werden,
Als noch die Kunst vermocht die Welt zu lehren,
Und nur das Schöne heilig war auf Erden !"
"He exists
and wil continue to do so for some time, perhaps
for many years, and as I walked without hesitation
directly past the store he had entered I was overcome
with a sudden feeling of elation at the thought
that it was within my power to record this incident
which is unexceptional
as the budding of pear trees in their season,
unrepeatable as the first sight of a great city."
John Ash Following a Man
"He exists
and wil continue to do so for some time, perhaps
for many years, and as I walked without hesitation
directly past the store he had entered I was overcome
with a sudden feeling of elation at the thought
that it was within my power to record this incident
which is unexceptional
as the budding of pear trees in their season,
unrepeatable as the first sight of a great city."
John Ash Following a Man
"Je ne publie pas un commentaire de même teneur : son auteur persiste, dans son blog à faire référence à Renaud Camus. Et ça, je ne peux vraiment cautionner."
Silvano, auteur du blog Gay Cultes
Un autre extrait du roman de Renaud Camus L’Épuisant Désir de ces choses ; il s’agit d’un dialogue entre le personnage principal, Jean Deladevèze, et son collègue de travail Cattaro. Ce dernier lui fait part d’un projet de film qui lui tient particulièrement à cœur :
« Je n’y comprends rien. Qu’est-ce
que c’est ton projet ?
— Ça pourrait s’appeler L’Ecriture de Dieu…
—
Fiououou… Carrément…
— Carrément. L’écriture de Dieu, ce sont les visages…
—
Les visages ?
— Oui, les visages. Écoute, s’il y a quelqu’un qui peut
comprendre ça, c’est bien toi… On traverse des villes étrangères, des
campagnes, n’importe où, et on voit des visages qui nous éblouissent, des
visages qu’on donnerait n’importe quoi pour pouvoir contempler aussi longtemps
qu’on voudrait, inscrire en nous, posséder, si tu veux, interroger, en tout
cas, interroger sous tous les angles ; des visages qui semblent tout
expliquer : comme si toutes les lignes
de la réalité convergeaient vers leurs traits, ou bien même partaient d’eux, au
contraire.
— Des visages de garçons ?
— Dans mon cas, ce sont plutôt des
visages de garçons, évidemment. L’écriture de Dieu n’est pas forcément la même
pour tout le monde…
— De garçons et en plus de beaux garçons, je suppose. De garçons qui te paraissent beaux à toi, en tout cas ?
— De garçons et en plus de beaux garçons, je suppose. De garçons qui te paraissent beaux à toi, en tout cas ?
— Beaux, ou
intéressants, ou même pas beaux, mais qui me parlent, pour une raison ou pour
une autre, qui me paraissent attachants, bons, forts, émouvants…
— Oui, enfin, qui t’inspirent du désir…
— Pas forcément, mais… Pas forcément un désir physique, en tout cas…
— Quand même, c’est une drôle de conception de l’écriture de Dieu. Pas très… démocratique. Dieu ne parlerait que par la beauté ?
— Oh, alors là, tu es bien placé pour faire ce genre d’objections, toi… Dieu ne parle pas que par la beauté, mais disons que la beauté est sa poésie. Les autres visages sont la prose… […] On demande donc à ceux que je veux filmer s’ils nous permettent de le faire, ça peut être quinze secondes, une photographie animée, ou bien une conversation de cinq minutes, d’un quart d’heure, ou bien plusieurs conversations, dans plusieurs sites : le tout est d’établir une relation de confiance — et ensuite elle peut évoluer vers ceci ou vers cela, l’amitié, le plaisir, l’amour, le malentendu, la disparition… L’essentiel est de mettre fin à ce supplice, à cette perte continuelle, à tous ces moments où l’on se dit qu’on est peut-être en train de passer juste à côté du bonheur, et où l’on ne peut rien faire pour s’en assurer ; comme si l’écriture de Dieu…
— Oui, enfin, qui t’inspirent du désir…
— Pas forcément, mais… Pas forcément un désir physique, en tout cas…
— Quand même, c’est une drôle de conception de l’écriture de Dieu. Pas très… démocratique. Dieu ne parlerait que par la beauté ?
— Oh, alors là, tu es bien placé pour faire ce genre d’objections, toi… Dieu ne parle pas que par la beauté, mais disons que la beauté est sa poésie. Les autres visages sont la prose… […] On demande donc à ceux que je veux filmer s’ils nous permettent de le faire, ça peut être quinze secondes, une photographie animée, ou bien une conversation de cinq minutes, d’un quart d’heure, ou bien plusieurs conversations, dans plusieurs sites : le tout est d’établir une relation de confiance — et ensuite elle peut évoluer vers ceci ou vers cela, l’amitié, le plaisir, l’amour, le malentendu, la disparition… L’essentiel est de mettre fin à ce supplice, à cette perte continuelle, à tous ces moments où l’on se dit qu’on est peut-être en train de passer juste à côté du bonheur, et où l’on ne peut rien faire pour s’en assurer ; comme si l’écriture de Dieu…
— Mais qui te dit que ce n’est pas
justement ça, l’écriture de Dieu : un texte qui défile si vite devant nous
qu’on n’a pas le temps de l’arrêter, qui brille un laps, comme dit l’autre ;
et si on l’arrêtait ce ne serait plus que…
— Oh, quel parfait salaud tu fais !
Tu dis ça par méchanceté pure… Puisque c’est comme ça je ne t’inviterai même
pas à la projection de la première partie de mon film, qui doit durer
cinquante-trois heures seulement, après un montage féroce…
— Je vois ça d’ici :
Pedro, Lorenzo, Paolo, Giancarlo, Guido, Nourredine, Ali, Ahmed, Nemer,
Jean-François, Pierre, Cesario, Manuel, Stefano, Ruy, Henrique, Wenceslao…
—
Phiououou… Tu crois que ça va être vraiment aussi beau que ça ? »
Renaud Camus L'Épuisant Désir de ces choses Éditions P.O.L, 1995
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