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jeudi 1 août 2013

Dolce e chiara è la notte... (Douce et claire est la nuit...)











La Sera del dì di festa

Dolce e chiara è la notte e senza vento,
E queta sovra i tetti e in mezzo agli orti
Posa la luna, e di lontan rivela
Serena ogni montagna. O donna mia,
Già tace ogni sentiero, e pei balconi
Rara traluce la notturna lampa :
Tu dormi, che t'accolse agevol sonno
Nelle tue chete stanze ; e non ti morde
Cura nessuna ; e già non sai nè pensi
Quanta piaga m'apristi in mezzo al petto.
Tu dormi : io questo ciel, che sì benigno
Appare in vista, a salutar m'affaccio,
E l'antica natura onnipossente,
Che mi fece all'affanno. A te la speme
Nego, mi disse, anche la speme ; e d'altro
Non brillin gli occhi tuoi se non di pianto.
Questo dì fu solenne : or da' trastulli
Prendi riposo ; e forse ti rimembra
In sogno a quanti oggi piacesti, e quanti
Piacquero a te : non io, non già, ch'io speri,
Al pensier ti ricorro. Intanto io chieggo
Quanto a viver mi resti, e qui per terra
Mi getto, e grido, e fremo. Oh giorni orrendi
In così verde etate ! Ahi, per la via
Odo non lunge il solitario canto
Dell'artigian, che riede a tarda notte,
Dopo i sollazzi, al suo povero ostello ;
E fieramente mi si stringe il core,
A pensar come tutto al mondo passa,
E quasi orma non lascia. Ecco è fuggito
Il dì festivo, ed al festivo il giorno
Volgar succede, e se ne porta il tempo
Ogni umano accidente. Or dov'è il suono
Di que' popoli antichi ? or dov'è il grido
De' nostri avi famosi, e il grande impero
Di quella Roma, e l'armi, e il fragorio
Che n'andò per la terra e l'oceano ?
Tutto è pace e silenzio, e tutto posa
Il mondo, e più di lor non si ragiona.
Nella mia prima età, quando s'aspetta
Bramosamente il dì festivo, or poscia
Ch'egli era spento, io doloroso, in veglia,
Premea le piume ; ed alla tarda notte
Un canto che s'udia per li sentieri
Lontanando morire a poco a poco,
Già similmente mi stringeva il core.

Giacomo Leopardi Canti







Le Soir du jour de fête

Douce et claire est la nuit et sans un souffle,
Et tranquille sur les toits et dans les jardins
La lune repose, et de loin nous révèle
Les montagnes sereines. Ô mon amour,
Déjà les chemins font silence, et aux balcons
Rares sont les lampes qui brillent encore :
Tu dors, car un sommeil aisé t'accueillit
Dans tes chambres paisibles ; et nul souci
Ne te tourmente ; tu ne sais même pas ni ne pense
À la blessure que tu me fis au cœur.
Tu dors : et moi, je salue de ma fenêtre
Ce ciel qui semble si bienveillant,
Et l'antique nature toute puissante
Qui me créa pour la douleur. «Je te refuse l'espoir,
me dit-elle, l'espoir lui-même ; et que rien
ne brille dans tes yeux sinon l'éclat des larmes.»
Ce fut un jour de fête : maintenant de tous ces jeux
Tu te reposes ; et peut-être te souviens-tu
Dans tes songes de tous ceux à qui aujourd'hui tu as plu
Et de tous ceux qui te plurent : et ce serait vain espoir
D'imaginer que c'est à moi que tu penses. Alors je me demande
Combien il me reste à vivre, et à terre, là,
Je me jette, en criant et en tremblant. Ô jours affreux
En un âge si vert ! Hélas, sur la route,
J'entends non loin le chant solitaire
De l'artisan qui revient dans la nuit,
Après les jeux, à son pauvre logis ;
Et durement mon cœur se serre,
À la pensée que tout passe dans le monde,
Sans presque laisser de trace. Voilà, le jour de fête
A fui, et un jour banal lui succède, le temps emporte ainsi
Toute aventure humaine. Où est-il désormais le bruit
De tous ces peuples anciens ? Où est-il le renom
De nos aïeux illustres, et l'immense empire
De cette Rome, et ses armes, et le fracas
Dont elle emplit la terre et l'océan ?
Tout est paix et silence, et tout repose
Dans le monde, on ne parle plus d'eux.
Dans mes jeunes années, à l'âge où l'on attend
Fébrilement le jour de fête, quand celui-ci était passé,
Je veillais douloureusement sans trouver le sommeil ;
Et très tard dans la nuit,
Un chant qu'on entendait par les chemins
Et qui peu à peu s'éteignait dans le lointain,
Déjà pareillement me serrait le cœur.

(Traduction personnelle)








Images
: en haut et au centre, Renaud Camus (Site Flickr)

en bas, B. Zillich (Site Flickr)

1 commentaire:

  1. " Et comme j'entends le vent
    bruire dans ces feuillages, je vais comparant
    ce silence infini à cette voix :
    en moi reviennent l'éternel,
    et les saisons mortes et la présente
    qui vit, et sa sonorité. Ainsi,
    dans cette immensité, se noie ma pensée :
    et le naufrage m'est doux dans cette mer."
    L'infini - Leopardi

    Vittorio Gassman et sa voix sur ce poème déchirant de Leopardi...
    Ces photos nocturnes de la tour carrée du château de Plieux de Renaud Camus, si belles...
    Je suis bien ici ce soir. Merci, Emmanuel.


    < O M /\

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