13 juillet 1959. — A la radio, la cinquième symphonie de Schubert que je ne puis entendre sans un peu de mélancolie, parce qu'elle me rappelle ma jeunesse et surtout un moment d'ivresse que j'ai eu sous le portique, côté Paris, de l'ancien Trocadéro, alors que j'avais moins de trente ans. Non pas la nuit, mais un matin, devant la ville que je voyais étendue à mes pieds dans tout l'éclat de la lumière d'avril. Je sentais ma force, la joie me gonflant le cœur, l'inexprimable beauté de la vie, de ce don prodigieux dont nous n'apprécions la valeur que par éclairs, la grâce d'exister alors que nous aurions pu ne pas être, la promesse de bonheur que nous font le ciel et la terre, à cet âge. Tout cela, je le retrouve dans cette musique, mais quoi, le vieux Trocadéro a disparu ignoblement. Reste la musique, et reste le souvenir.
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