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lundi 19 novembre 2012

Maremma




La Maremme toscane, c'est pour Giosuè Carducci le pays de l'enfance. Il y vécut les quinze premières années de sa vie, à Valdicastello (où il est né le 27 juillet 1835), Serravezza, et surtout à Bolgheri, un hameau de la commune de Castagneto (aujourd'hui Castagneto Carducci), où il passa près d'une dizaine d'années. En 1949, il partit pour Florence pour y faire ses études. Trente six ans plus tard, en avril 1885,  à l'occasion d'un voyage en train de Livourne à Rome, il retraverse ces lieux et écrit ce très beau sonnet, nostalgique, amer, mais finalement serein, puisqu'il s'achève sur l'évocation de la douceur paisible des collines toscanes et de la verte plaine riante sous la rosée du matin. 

C'est un poème très célèbre en Italie ; des générations d'écoliers l'ont appris par cœur et l'ont récité dans leurs classes. Il est très difficile à traduire ; je ne pense pas d'ailleurs y être vraiment parvenu... On remarquera au vers 5 la citation quasi littérale d'un vers de Pétrarque (Canzoniere CCCI, 9 : "Ben riconosco in voi le usate forme, / Non, lasso, in me, che da sì lieta vita / Son fatto albergo d'infinita doglia." "Je reconnais bien en vous les formes anciennes / Non pas en moi, hélas, qui après une vie si joyeuse / Suis devenu l'asile d'une douleur sans fin.") Traversando la Maremma toscana se trouve dans le recueil Rime nuove (1887).




 Traversando la Maremma toscana

Dolce paese, onde portai conforme
L’abito fiero e lo sdegnoso canto
E il petto ov’odio e amor mai non s’addorme,
Pur ti riveggo, e il cor mi balza in tanto.

Ben riconosco in te le usate forme
Con gli occhi incerti tra ’l sorriso e il pianto,
E in quelle seguo de’ miei sogni l’orme
Erranti dietro il giovenile incanto.

Oh, quel che amai, quel che sognai, fu in vano ;
E sempre corsi, e mai non giunsi il fine ;
E dimani cadrò. Ma di lontano

Pace dicono al cuor le tue colline
Con le nebbie sfumanti e il verde piano
Ridente ne le pioggie mattutine.

21 aprile 1885






En traversant la Maremme toscane

 Doux pays, dont j'emportai en moi
Le fier caractère et le chant hautain
Et l'âme où ne s'apaisent jamais la haine ni l'amour,
Enfin je te revois, et mon cœur bat plus fort.

Mes yeux hésitant entre sourire et larmes
Retrouvent bien en toi les formes anciennes,
Et en elles, de mes rêves je suis les traces
Errantes derrière l'enchantement de la jeunesse.

Oh ! j'ai aimé et rêvé, mais en vain ;
Et j'ai couru toujours sans atteindre aucun but ;
Et demain je tomberai. Mais, de loin :

«Paix !» disent au cœur tes collines
Enveloppées de brumes, et la verte plaine
Riante dans la rosée du matin.

21 avril 1885








Toutes les photographies sont d'Aurelio Candido  (Site Flickr)




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