Nella mia giovinezza ho navigato
lungo le coste dalmate. Isolotti
a fior d’onda emergevano, ove raro
un uccello sostava intento a prede,
coperti d’alghe, scivolosi, al sole
belli come smeraldi. Quando l’alta
marea e la notte li annullava, vele
sottovento sbandavano più al largo,
per fuggirne l’insidia. Oggi il mio regno
è quella terra di nessuno. Il porto
accende ad altri i suoi lumi; me al largo
sospinge ancora il non domato spirito,
e della vita il doloroso amore.
Umberto Saba Mediterranee
J'ai navigué dans ma jeunesse
Le long des côtes dalmates. Des îlots
Émergeaient à fleur d'eau, où parfois
S'arrêtait un oiseau guettant sa proie,
Couverts d'algues, glissants, beaux
Au soleil comme des émeraudes. Quand la marée
Haute et la nuit les annulaient, les voiles
Sous le vent dérivaient plus au large,
Pour en fuir l'embûche. Aujourd'hui mon royaume
Est cette terre de personne. Le port
Pour d'autres allume ses feux ; l'esprit
Indompté me pousse encore au large,
Et de la vie le douloureux amour.
Traduction : Philippe Renard (Anthologie bilingue de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1994)
Une présentation d'Umberto Saba (en italien)
L'Ulysse de Dante (Inferno, canto XXVI)
Contro Ulisse : demitizzare un modello negativo
Umberto Saba sur le site d'Angèle Paoli, Terres de femmes
On peut lire ici (en italien) un beau commentaire de cette poésie.
Image : Le Mépris, de Jean-Luc Godard
lungo le coste dalmate. Isolotti
a fior d’onda emergevano, ove raro
un uccello sostava intento a prede,
coperti d’alghe, scivolosi, al sole
belli come smeraldi. Quando l’alta
marea e la notte li annullava, vele
sottovento sbandavano più al largo,
per fuggirne l’insidia. Oggi il mio regno
è quella terra di nessuno. Il porto
accende ad altri i suoi lumi; me al largo
sospinge ancora il non domato spirito,
e della vita il doloroso amore.
Umberto Saba Mediterranee
J'ai navigué dans ma jeunesse
Le long des côtes dalmates. Des îlots
Émergeaient à fleur d'eau, où parfois
S'arrêtait un oiseau guettant sa proie,
Couverts d'algues, glissants, beaux
Au soleil comme des émeraudes. Quand la marée
Haute et la nuit les annulaient, les voiles
Sous le vent dérivaient plus au large,
Pour en fuir l'embûche. Aujourd'hui mon royaume
Est cette terre de personne. Le port
Pour d'autres allume ses feux ; l'esprit
Indompté me pousse encore au large,
Et de la vie le douloureux amour.
Traduction : Philippe Renard (Anthologie bilingue de la poésie italienne, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1994)
Une présentation d'Umberto Saba (en italien)
L'Ulysse de Dante (Inferno, canto XXVI)
Contro Ulisse : demitizzare un modello negativo
Umberto Saba sur le site d'Angèle Paoli, Terres de femmes
On peut lire ici (en italien) un beau commentaire de cette poésie.
Image : Le Mépris, de Jean-Luc Godard