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jeudi 4 octobre 2012

Dal Paradiso (Du Paradis)





"Depuis mon enfance, aux jours lointains de la rue de Passy où nous habitions, j'entendais parfois prononcer son nom avec cette tendresse qui l'accompagne toujours. Ma mère surtout, toute protestante qu'elle fût, lui vouait une affection qui me faisait croire qu'elle l'avait connu. Il était et reste encore l'homme qui passe au-dessus de nos tristes barrières théologiques. Il est à tout le monde, comme l'amour qui nous est sans cesse offert. On ne pouvait le voir sans l'aimer, disait-on de lui de son temps, et cet amour n'a jamais bougé."

Julien Green  Frère François









Angelo Branduardi canta L'infinitamente piccolo (L'infiniment petit) :





Intra Tupino e l'acque che discende
del colle eletto dal beato Ubaldo,
fertile costa d'alto monte pende,
onde Perugia sente freddo e caldo
da Porta Sole ; e di rietro le piange
per grave giogo Nocera con Gualdo.
Di questa costa, là dov'ella frange
più sua rattezza, nacque al mondo un sole,
come fa questo talvolta di Gange.

Ma perch'io non proceda troppo chiuso,
Francesco e Povertà per questi amanti
prendi oramai nel mio parlar diffuso.
La lor concordia e i lor lieti sembianti,
amore e maraviglia e dolce sguardo
facieno esser cagion di pensier santi ;
tanto che'l venerabile Bernardo
si scalzò prima, e dietro a tanta pace
corse e, correndo, li parve esser tardo.

Né li gravò viltà di cuor le ciglia
per esser fi' di Pietro Bernardone,
né per parer dispetto a maraviglia ;
ma regalmente sua dura intenzione
ad Innocenzio aperse, e da lui ebbe
primo sigillo a sua religione.
Poi che la gente poverella crebbe
dietro a costui, la cui mirabil vita
maglio in gloria del ciel si canterebbe...

E poi che, per la sete del martiro,
ne la presenza del Soldan superba
predicò Cristo e li altri che'l seguiro,
nel crudo sasso intra Tevero e Arno
da Cristo prese l'ultimo sigillo...

Quando a colui ch'a tanto ben sortillo
piacque di trarlo suso a la mercede
ch'el meritò nel suo farsi pusillo,
a frati suoi, sì com'a giuste rede,
raccomandò la donna sua più cara,
e comandò che l'amassero a fede ;
e del suo grembo l'anima pleclara
mover si volle, tornando al suo regno,
e al suo corpo non volle altra bara.






Entre le Tupino et l'eau qui descend
du puy élu par le bienheureux Hubald,
un haut mont forme une côte fertile,
d'où Pérouse sent le froid et le chaud
par la Porte au Soleil ; et derrière pleurent
sous un rude joug Nocera et Gualdo.
De cette côte, à l'endroit où s'adoucit
sa raideur, au monde naquit un soleil
comme celui-ci parfois sur le Gange.

Mais pour ne pas poursuivre en étant obscur,
je dis ces amants François et Pauvreté,
ainsi qu'il faut l'entendre en mes discours.
Leur harmonie et leur joyeuse guise
faisaient que merveille, amour et doux regards
devenaient la source de saintes pensées ;
tant que d'abord le vénérable Bernard
se déchaussa, pour courir derrière telle
paix : et courant, il crut être en retard.

Et lâcheté de cœur ne lui fit pas
baisser les cils, né d'un Pier Bernardone
et paraissant méprisable hors de mesure ;
mais royalement, de sa dure intention
il s'ouvrit à Innocent et en obtint
le premier sceau pour sa congrégation.
Puis, quand se fut accrue la pauvre gent
derrière celui dont l'admirable vie
serait mieux chantée en la gloire du ciel...

Après que, mû par la soif du martyre,
en l'orgueilleuse présence du Sultan
il eût prêché Christ et ceux qui le suivirent,
sur l'âpre roc entre Tibre et Arno
lui fut accordé le dernier sceau du Christ...

Quand, à qui l'avait élu pour un tel bien
il plut de l'appeler à la récompense
qu'il mérita en se faisant chétif,
aux frères siens, comme à de justes hoirs,
il recommanda sa dame la plus chère
et fidèlement de l'aimer commanda ;
en s'élevant de son sein, l'âme éclatante
voulut partir et rejoindre son royaume
sans vouloir que son corps n'eût d'autre bière.

(Extraits du onzième chant du Paradis de Dante, traduction : Jean-Charles Vegliante)



"Ma non ti gira la testa ?"


Santi
, un texte de Malaparte




Images
: Francesco, giullare di Dio, de Roberto Rossellini (1950)


Source de la vidéo : Site YouTube

4 commentaires:

  1. Ces images si délicates, ce chant de Dante, cette musique... Le seul chemin possible : tout donner, tout offrir et aller dans la nudité du jour qui se lève, disponible... L'eau, le feu, les oiseaux, les loups, la terre, ses blés et ses coquelicots... Aller et laisser agir la Providence, cet accent du ciel qui remplace un point par une virgule ou par trois points de suspension... La pauvreté c'est abandonner même la colère, même le chagrin, c'est ouvrir les yeux sur une aurore et devenir ruisseau transparent suivant sa pente de mousses et de cailloux bleus. Se laisser vagabonder dans la main de Dieu et essaimer.

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  2. Quelques mois plus tard...
    "...l'homme qui passe au-dessus de nos tristes barrières théologiques...". Comme elle est juste cette pensée de J.Green ! Repousser toutes ces prises de pouvoir, cette haine parfois, cette intolérance au nom de Dieu et retourner à l'enfance du cœur, celle qui est guidée par la naïveté et qui en l'autre et dans ce monde (bêtes, plantes, êtres humains, soleil et lune...)ne rencontre que ce qui n'a pas encore était dévasté par l'ombre du mal, la fascination trouble qu'elle plante dans la lumière-même .

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  3. J'ai ouvert les liens. Merci pour les Fra Angelico. Quattrocento... Florence... Chatoiement des clair-obscur, des ors, des couleurs pures... Halos mystérieux qui rendent visible... l'invisible. La douceur de la Renaissance florentine sied à ce légendaire François humble, tendre. J'aime retrouver dans chaque tempera, si dépouillée, des détails au graphisme précis, ces couleurs, cette lumière, l'expression d'un visage. Œuvre troublante, sensuelle. Ce Fra Giovanni da Fiesole... un grand artiste, tellement libre, pur, ambigu...

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    1. Merci Christiane, et n'oublions pas le "Francesco" de Rossellini, un des plus beaux films du monde...

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