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samedi 18 octobre 2014

Ogni volta (Chaque fois)




Ogni volta che quasi
di soppiatto ripasso da Luino
sulla piazzza del lago
schizzato fuori da un negozio corre
un tale ad abbracciarmi
farfugliando il nome di mia madre.
Faceva lo stesso anni fa
un suo fratello più grande
e come allora adesso subitanea
sbocciata da una parete d'argilla
a ritroso lungo la trafila
dei morti ci stravolge una mano.

Vittorio Sereni  Stella variabile  Garzanti Editore, 1981






Chaque fois que presque
en cachette je repasse par Luino
sur la place du lac
surgi d'une boutique quelqu'un
accourt pour m'embrasser
bredouillant le nom de ma mère.
Faisait de même voici des années
un de ses frères plus grand
et aujourd'hui comme alors soudain
éclose d'un mur d'argile
à rebours dans la filière
des morts nous bouleverse une main.

Traduction : Bernard Simeone et Philippe Renard








Images(1)  Site Flickr

(2)  Site Flickr 

(3) Mario Personeni  (Site Flickr

jeudi 28 août 2014

Sopra un'immagine sepolcrale (Sur une image sépulcrale)




Il sorriso balordo che mi fermò tra le lapidi
e le croci, nella piccola selva
dei morti innocenti, delle vite
appena accese e spente nel candore
era la stessa mia stupefazione
che avesse in tanti anni fatto così poca strada.

O dormiente, che cosa è sonno ?
                                                      
                                                       Il sonno...

E qui egli sta tra i pargoli innocenti
stupefatto nel marmo
come se un Tu dovesse veramente
ritornare
a liberare i vivi e i morti.
E quante lagrime e seme vanamente sparso.

Vittorio Sereni  Gli strumenti umani  Mondadori Editore, 1986






Le sourire gauche qui m'arrêta parmi les pierres tombales
et les croix, dans la petite forêt
des morts innocents, des vies
à peine allumées, éteintes dans leur candeur,
était ma propre stupéfaction
qui aurait toutes ces années fait si peu de chemin.

O dormeur, qu'est-ce que le sommeil ? (1)

                                                                 Le sommeil...

Il est ici parmi les bambins innocents
stupéfait dans le marbre
comme si un Tu devait vraiment
revenir
pour libérer les vivants et les morts.
Et que de larmes et de semence en vain répandues.

Traduction : Bernard Simeone et Philippe Renard  (Les instruments humains, Verdier, 1991)

(1) Sereni cite ici Léonard de Vinci : "O dormiente che cosa è sonno? Il sonno ha similitudine colla morte ; o perchè non fai adunque tale opera che dopo la morte tu abbi similitudine di perfetto vivo, che vivendo farsi col sonno simile ai tristi morti ?" [O dormeur, qu'est-ce que le sommeil ? Le sommeil ressemble beaucoup à la mort ; pourquoi donc n'accomplis-tu pas une œuvre qui te rende, après la mort, semblable à un parfait vivant, toi qui, vivant, te fais par le sommeil semblable aux tristes morts ?] 











Images : en haut, Luca Iozia  (Site Flickr)

au centre, Tommaso Valente  (Site Flickr)

en bas, Giuseppe Giovanniello  (Site Flickr)


 

mercredi 20 août 2014

Quei bambini che giocano (Ces enfants qui jouent)




Quei bambini che giocano
un giorno perdoneranno
se presto ci togliamo di mezzo.
Perdoneranno. Un giorno.
Ma la distorsione del tempo
il corso della vita deviato su false piste
l'emorragia dei giorni
dal varco del corrotto intendimento :
questo no, non lo perdoneranno.
Non si perdona a una donna un amore bugiardo,
l'ameno paesaggio d'acque e foglie
che si squarcia svelando
radici putrefatte, melma nera.
« D'amore non esistono peccati,
s'infuriava un poeta ai tardi anni,
esistono soltanto peccati contro l'amore ».
E questi no, non li perdoneranno. 

Vittorio Sereni  Gli strumenti umani, Einaudi Editore, 1965






Ces enfants qui jouent
un jour pardonneront
si nous faisons vite place nette.
Ils pardonneront. Un jour.
Mais la distorsion du temps
le cours de la vie détourné sur de fausses pistes
l'hémorragie des jours
s'écoulant de la brèche de la raison corrompue :
cela, non, ils ne le pardonneront pas.
On ne pardonne pas à une femme un amour mensonger,
le plaisant paysage d'eaux et de feuilles
qui se déchire en révélant
des racines putréfiées, de la fange noire.
« Il n'y a pas pas de péchés d'amour,
martelait un poète dans ses vieux jours (1),
il n'y a que des péchés contre l'amour. »
Et ceux-là, non, ils ne les pardonneront pas.

(Traduction personnelle)

(1) Le vieux poète est Umberto Saba, dont Vittorio Sereni rapporte ici les propos. 

Je rajoute ici la traduction du même poème par Bernard Simeone et Philippe Renard (in Les instruments humains, Verdier, 1991) :

Ces enfants qui jouent
un jour ils pardonneront
si vite nous laissons la place.
Ils pardonneront. Un jour.
Mais la distorsion du temps
le cours de la vie dévié sur de fausses pistes
l'hémorragie des jours
dans la trouée de l'intelligence corrompue :
cela non, ils ne le pardonneront pas.
On ne pardonne pas à une femme un amour mensonger,
le riant paysage d'eaux et de feuilles
qui se déchire en dévoilant
des racines putréfiées, de la boue noire.
« Il n'existe pas de péchés d'amour,
rugissait un poète en ses vieilles années,
il n’existe que des péchés contre l'amour. »
Et ceux-là non, ils ne les pardonneront pas.








Images : en haut, Ilaria Gatto  (Site Flickr)

au centre, Erminio Vanzan  (Site Flickr)

en bas, Cesare Nicola  (Site Flickr)