Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !
La voix vous fut connue (et chère ?),
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.
Paul Verlaine Sagesse
Udite la canzone dolce
Che piange solo per piacervi.
Canzone discreta, leggera :
Un brivido d'acqua sul muschio !
La voce vi fu nota (e cara ?),
Ma ora è velata
Come una vedova desolata,
E come lei ancora fiera,
E fra le pieghe lunghe del velo
Mosso alle brezze d'autunno,
Al cuore stupito cela e svela
La verità come una stella.
Dice, la voce ritrovata,
Che la bontà è la nostra vita,
Che né rancore né invidia
Rimane in noi, quando morte giunge.
E anche parla della gloria
Di essere semplice senza più indugio,
E di nozze d'oro, e di una tenera
Gioia di pace senza vittoria.
Accogliete la voce insistente
Nel suo ingenuo epitalamio.
Nulla è più dolce per l'anima
Che far meno triste un'altra anima !
L'anima che senza collera
Soffre, è di passaggio, è in pena,
E quanto chiara, la sua morale !...
Ascoltate la saggia canzone.
Images : en haut, Site Flickr
Toujours j'attends une surprise de vous. Comme elle est étonnante cette chanson quand Paul Léautaud s'en saisit... des voix voilées qui murmurent en nous tout au long de la vie... notre ancre de miséricorde...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce passage des entretiens de Léautaud avec Robert Mallet. Léautaud récite le poème de mémoire (il y a d'ailleurs quelques petites erreurs dans le texte) et on entend bien à la fin qu'il est au bord des larmes...
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