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vendredi 15 mars 2013

Come tu non mi vuoi (Comme tu ne me veux pas)




 Je cite ici un deuxième extrait du livre de Masolino d'Amico, Lampadine :

Avec un coupable retard (quand on pense qu’il n’existe pas un seul enregistrement de la voix d’Eleonora Duse, morte en 1924 !), l’Italie, après s’être dotée d’une Discothèque nationale, se préoccupa de conserver les voix de ses hommes les plus illustres, comme Marconi, D’Annunzio, et d'autres encore ; Luigi Pirandello, dramaturge déjà célèbre, même s’il n’était pas encore Prix Nobel, fut lui aussi invité à se prêter à une séance d’enregistrement. L’auteur des Six personnages accepta bien volontiers, et il lut une page de l’une de ses œuvres. 
Ensuite, quand il réécouta sa voix, il fut horrifié. Il n’en reconnaissait pas le timbre, et surtout il n’avait jamais pensé avoir un accent sicilien aussi prononcé. 
« Mais c’est vraiment ma voix ? » demanda-t-il au technicien chargé de la prise de son.
« Oui, mais ne vous en faites pas ! C’est une réaction normale pour quelqu’un qui s’entend pour la première fois. Tous pensent être différents, et personne ne se plaît. » 
Pirandello réfléchit un moment sur cette réponse. 
« J’aurais dû le savoir, dit-il enfin ; au fond, j’ai écrit des pièces sur ce sujet. »

Masolino d'Amico  Lampadine  il Mulino Ed. 1994 (Traduction personnelle)



2 commentaires:

  1. Quel document !
    C'est tout à fait vrai que la voix du maître vient un peu "gâcher" le solennel.
    J'aime beaucoup aussi ce geste ( la main sur l'épaule) de l'homme debout.

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    1. Ah oui, le geste du présentateur m'a aussi beaucoup étonné ! En revanche, si on en juge par ce court extrait, je ne trouve pas que Pirandello a un accent sicilien très prononcé...

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