"Perché mi svegli, soffio di primavera ?"
Il giovane Werther amava Carlotta
e già della cosa fu grande sussurro.
Sapete in che modo si prese la cotta ?
La vide una volta spartir pane e burro.
Ma aveva marito Carlotta, ed in fondo
un uomo era Werther dabbene e corretto ;
e mai non avrebbe (per quanto c'è al mondo),
voluto a Carlotta mancar di rispetto.
Cosí, maledisse la porca sua stella ;
strillò che bersaglio di guai era, e centro ;
e un giorno si fece saltar le cervella,
con tutte le storie che c'erano dentro.
Lo vide Carlotta che caldo era ancora,
si terse una stilla dal bell'occhio azzurro ;
e poi, vòlta a casa (da brava signora),
riprese a spalmare sul pane il suo burro.
Ernesto Ragazzoni Buchi nella sabbia e pagine invisibili Einaudi Editore, 2000
Le jeune Werther aimait Charlotte
et déjà la nouvelle fit grand bruit.
Savez-vous comment cet amour naquit ?
Il la vit une fois étaler du beurre sur du pain.
Mais Charlotte avait un mari, et par nature
Werther était un homme comme il faut et correct ;
et (pour rien au monde) jamais il n'aurait
voulu à Charlotte manquer de respect.
Ainsi, il maudit sa mauvaise étoile ;
hurla qu'elle était la cible et le centre de tous les malheurs ;
et un jour il se fit sauter la cervelle,
avec toutes les histoires qu'il y avait à l'intérieur.
Charlotte le vit alors qu'il rendait l'âme,
elle essuya une larme perlant sur ses beaux yeux bleus ;
et puis, rentrée au foyer (comme une bonne épouse),
elle se remit à étaler du beurre sur son pain.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Jonas Kaufmann dans Werther (Massenet)
au centre, gravure pour une édition des Souffrances du jeune Werther, de Goethe
en bas, François-Charles Baude (1880 - 1953), La Mort de Werther
au centre, gravure pour une édition des Souffrances du jeune Werther, de Goethe
en bas, François-Charles Baude (1880 - 1953), La Mort de Werther
Hors la cruauté de cette histoire malicieuse (Pauvre Werther !), il est bon de se rappeler qu'un geste anodin peut soudain être à l'origine d'un bouleversement amoureux.
RépondreSupprimerTrès juste, et ce petit poème sarcastique est sans doute plus profond qu'il n'en a l'air, comme vous l'avez bien perçu !
SupprimerQue Werther est bête ! Détester le beurre à ce point-là ! Brando, dans le "Dernier tango", en joue tout autrement . Il est cependant vrai que là il n'était pas question de tartine.
RépondreSupprimeradoro il surrealismo
RépondreSupprimer