C'était il y a quarante ans, dans la nuit du premier au deux novembre 1975, sur la plage d'Ostie, près de Rome...
Francesco De Gregori chante A Pa' (1985). Il est également l'auteur des paroles et de la musique de cette chanson :
e nè che occhi aveva il ragazzo,
ma mi ricordo quel sapore in gola
e l'odore del mare come uno schiaffo.
A Pà.
E c'era Roma così lontana,
e c'era Roma così vicina,
e c'era quella luce che ti chiama,
come una stella mattutina. A Pà.
A Pà. Tutto passa, il resto va.
E voglio vivere come i gigli nei campi,
come gli uccelli del cielo campare,
e voglio vivere come i gigli dei campi,
e sopra i gigli dei campi volare.
Je ne me rappelle pas s'il y avait la lune,
et j'ai oublié les yeux du garçon,
mais je me souviens de ce goût dans la bouche
et de l'odeur de la mer comme une gifle.
Et Rome était si lointaine,
et Rome était si proche,
et il y avait cette lumière qui t'appelle,
comme une étoile du matin.
Je veux vivre comme les lys dans les champs,
comme les oiseaux dans le ciel,
je veux vivre comme les lys des champs,
et au-dessus des lys des champs voler.
(Traduction personnelle)
Témoignage de la femme qui a été la première à découvrir le corps de Pasolini au matin du deux novembre : « C'était à six heures et demie, je sortais de ma voiture et je me suis dit : "C'est incroyable, ils jettent vraiment leurs ordures n'importe où !" Je me suis approchée un peu plus près et là, j'ai compris que ce n'était pas des ordures, mais un cadavre... »
Dans l'entretien prophétique qu'il avait accordé au supplément littéraire de «la Stampa», il expliquait à Furio Colombo:
RépondreSupprimer"As-tu jamais vu ces marionnettes qui font tant rire les enfants parce qu'elles ont le corps tourné d'un côté et la tête du côté opposé ? Voilà comment je vois la belle troupe des intellectuels, sociologues, experts et journalistes aux intentions les plus nobles. Les choses se passent de ce côté, et leur tête regarde de l'autre. Je ne dis pas que le fascisme n'existe pas. Je dis : arrêtez-vous de me parler de la mer alors que nous sommes dans la montagne. Ici, c'est un paysage différent. Ici, il y a le désir de tuer. Et ce désir nous lie comme des frères sinistres dans la sinistre faillite de tout un système social.(...) Moi, je descends en enfer et je sais des choses qui ne troublent pas la paix des autres. Mais faites attention. L'enfer est en train de monter vers vous.»
Triste et terrible mémoire de cet homme complexe et créateur inclassable. Merci pour l'épure de l’évangile selon saint Mathieu.
Merci de cette intéressante citation, Christiane !
SupprimerJ'ai ressenti la mort de Pasolini comme un deuil personnel. La manière m'a atterrée. On a appris plus tard que l'assassinat qu'on avait voulu faire passer pour une histoire de mauvais garçons, avait une trame politique. J'avais découvert, pour la première fois, éblouie, L'Évangile selon Saint Matthieu, à la cinémathèque de Henri Langlois. puis Médée. Puis, tous ses autres films. Merci pour cet hommage.
RépondreSupprimerJe pense que l'on ne connaîtra jamais la vérité sur les circonstances réelles de la mort de Pasolini, surtout que Pelosi en a déjà donné cinq ou six versions complètement différentes et contradictoires... Le cousin de Pasolini, Nico Naldini, n'a jamais cru à l'hypothèse politique, et j'avoue qu'elle me laisse aussi un peu dubitatif ; l'important est quand même l’œuvre qui reste, et qui n'a rien perdu de sa force subversive et prophétique !
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