"Un anno vecchio è una lettera scritta male,
un anno nuovo è il ricorso che ferma la pratica."
Ennio Flaiano La valigia delle Indie
[1971]
31
dicembre. È da stamattina che stanno sparando, fuori. Cominciano a salutare
l’anno nuovo. Alle due del pomeriggio è già pericoloso girare per strada. La
mia idea di partire alle nove per non assistere alla baraonda e passare così la
notte dell’ultimo dell’anno in treno non ha più senso. Ma partiamo lo stesso.
Non si trovano taxi. Ci accompagna un amico. Alla stazione non si trovano
portabagagli, c’è un vecchio che fa il portabagagli abusivo e chiede una somma
spropositata per portare al treno col suo carretto le nostre valigie.
Benissimo. Nella stazione sparano e si sente, nelle pause, il borbottio di
tutta la città che spara, nei quartieri vicini e più lontani. Non si capisce
perché. Sfugge tutto. Forse sbagliamo noi a non accettare il punto di visto
della maggioranza. Sparare per sentirsi che cosa ? Più forti, più allegri, più
mandolinisti ? Non si capisce. Il treno infine è una soluzione.
Alle undici
della mattina dopo arriviamo a Montreux. La stazione è deserta. Il giovane
portabagagli si toglie il berretto e tenendolo tra le due mani ci dice : «La
coincidenza parte tra un’ora. Dieci minuti prima troverete il vostro bagaglio
sul treno. Avete tempo di fare un giro per la città o per andare al caffè. Ce
ne sono due. Uno nell’interno della stazione, l’altro di fronte. Grazie.» E se
ne va con un accenno di inchino.
La città è deserta. Un sole pallido sfiora la
nebbia del lago. Cigni, anatre e gabbiani lungo la riva. Passeggio
tranquillo.
Ennio Flaiano Diario degli errori Ed. Adelphi, 1976
[1971]
31 décembre. Depuis ce matin, ils tirent des pétards, là-dehors.
Ils commencent à saluer l’année nouvelle. À deux heures de l’après-midi, il est
déjà dangereux de sortir dans la rue. Mon idée de partir à neuf heures pour
échapper au tintamarre et passer ainsi la dernière nuit de l’année en train n’a
plus de sens. Mais nous partons quand même. On ne trouve pas de taxi. Un ami
nous accompagne. À la gare, il n’y a pas de porteurs, seulement un vieillard
qui travaille au noir et demande une somme démesurée pour transporter nos
bagages jusqu’au train avec sa charrette. Très bien. Dans la gare, on lance des
pétards, et l’on entend, entre deux détonations, le boucan de toute la ville où
l’on tire, dans les quartiers proches ou plus lointains. On ne comprend pas
pourquoi. Cela nous échappe. Peut-être avons-nous tort de ne pas accepter le
point de vue de la majorité. Pourquoi se mettent-ils tous à lancer des
pétards ? Pour se sentir plus forts, plus joyeux, plus joueurs de
mandoline ? C’est incompréhensible. Finalement, le train est une solution.
Le lendemain, à onze heures du matin, nous arrivons à Montreux. La gare est déserte. Le jeune porteur enlève sa casquette et, en la tenant entre ses mains, nous dit : «Vous avez une correspondance dans une heure. Dix minutes avant, vous trouverez vos bagages sur le train. Vous avez le temps de faire un tour en ville ou d’aller dans un café. Il y en a deux. L’un se trouve dans la gare et l’autre est juste en face. Je vous remercie.» Et il s’en va en esquissant une révérence.
La ville est déserte. Sur le lac, un pâle soleil perce le brouillard. On aperçoit des cygnes, des canards et des mouettes sur la rive. Je me promène tranquillement.
Le lendemain, à onze heures du matin, nous arrivons à Montreux. La gare est déserte. Le jeune porteur enlève sa casquette et, en la tenant entre ses mains, nous dit : «Vous avez une correspondance dans une heure. Dix minutes avant, vous trouverez vos bagages sur le train. Vous avez le temps de faire un tour en ville ou d’aller dans un café. Il y en a deux. L’un se trouve dans la gare et l’autre est juste en face. Je vous remercie.» Et il s’en va en esquissant une révérence.
La ville est déserte. Sur le lac, un pâle soleil perce le brouillard. On aperçoit des cygnes, des canards et des mouettes sur la rive. Je me promène tranquillement.
(Traduction personnelle)
Images : (1) et (2) Paolo Serra (Site Flickr)
(3) Sonja Pieper (Site Flickr)
(4) Cesar Pics (Site Flickr)
Ce désert du 1er janvier au matin se lie à l'aube que vous aimez tant, comme une neige où poser un pas...
RépondreSupprimerDans ce silence fragile et éphémère, belle année à vous cher Emmanuel.
Merci, Christiane, et tous mes vœux pour cette nouvelle année !
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