Cardarelli, maître dans l'art de prendre congé :
Sento che il
tempo cade e fa rumore nell’anima mia. Il rimorso, sempre ritornante ad ogni
leggero soffio di fiducia, dei giorni mancati, delle risoluzioni violente,
delle visite precipitate, apre vortici di disperazione nella mia volontà di
rifarmi. Ho alle spalle il vuoto. Mi appoggio ai miei errori. Sono pieno di
convinzioni contrastate dall’esperienza. Oh, dunque, lasciatemi andare ! Io
voglio che la mia solitudine e il mio orgoglio siano almeno due fatti reali.
Questo non me lo impedirete. Che io vi lasci, che io mi riduca ogni volta
sempre più silenziosamente in me stesso, questo non me lo potrete impedire.
Avete un bel dire che non è possibile e darmi lezioni di superiorità. Vi dico
che noi finiremo per non vederci e non parlarci più ; e forse diventeremo
nemici. Non c’è uomo che possa resistere a un altr’uomo ! Non c’è decisione che
si possa scongiurare ! Non vi gioverà esser dolci, coprirmi di bontà,
impegnarmi per il laccio della gratitudine, addormirmi col vino forte di certe
parole che sapete. È lo stesso, vi sfuggirò. Tornerò ad annoiarmi sempre più
facilmente di voi. – Non sorridete delle mie inquietudini, e ricordatevi che io
sono un uomo pericoloso. Non vi fidate di me. Non avrò pietà del nostro
affetto. Io non ho nessuna ragione di rispettare un uomo soltanto perché l’ho
conosciuto. Io ho dei risvegli belluini nella necessità.
Tutti i ragionevoli e
spesso imponenti pretesti che ho lasciato passare per disfarmi di voi, non
dicono nulla. Dicono soltanto che io mi lasciavo tradire. Ma quando meno mi
aspettate, a somma confusione di tutte le opportunità, mi posso attaccare al
più vile. Allora vi presenterò dei conti che non immaginate. Vi ricorderò dei
particolari da meravigliarvi come io abbia potuto notarli. Avrò smesso tutto
quel che costituiva la difesa del nostro rapporto : le apatie, le timidezze, le
sensuali compiacenze. Le mie ultime parole saranno tempestate di verità. –
Avreste per caso la forza di resistere ancora ? Se questo fosse possibile io
avrei adesso qualche spirito fraterno da amare, qualche fedeltà da servire. Ma
voi mi odierete e mi lascerete andare nella polvere delle mie ire. Così
finiremo anche noi. Che cosa staremmo a fare più insieme ? Ci siamo dati quel
che potevamo. Ci siamo rubati tutto il possibile. Abbiamo fatto la guerra e il
saccheggio. Siamo stracchi del dovere compiuto e lordi delle fami soddisfatte.
Me ne andrò. Non accetterò di prolungare questo giorno fumido che è tramontato
in ciascuno di noi senza partorire una stella.
Je sens que le temps
décline et s’agite dans mon âme. Affleurant toujours à chaque léger souffle de
confiance, le remords des jours manqués, des résolutions violentes, des visites
précipitées, ouvre des abîmes de désespoir dans ma volonté de me ressaisir. Le
vide est derrière moi. Je prends appui sur mes erreurs. Je suis rempli de
convictions contrariées par l’expérience. Alors, laissez-moi partir ! Je
veux que ma solitude et mon orgueil soient au moins deux faits réels.
Cela,
vous ne me l’interdirez pas. Que je vous abandonne, que je me réfugie toujours
plus silencieusement en moi-même ; cela, vous ne pourrez pas me
l’interdire. Vous avez beau dire que c’est impossible et me donner des leçons
de supériorité. Je vous affirme que nous finirons par ne plus nous voir et ne
plus nous parler ; et peut-être même deviendrons-nous ennemis. Il n’y a
pas d’homme qui puisse résister à un autre homme ! Il n’y a pas de
décision qui se puisse conjurer ! Il ne vous servira à rien d’être doux,
de me couvrir de bonté, de tenter de me prendre au piège de la gratitude, de
m’endormir avec le vin puissant de certaines paroles que vous connaissez bien.
Vous aurez beau faire, je réussirai à m’enfuir. Vous finirez bien vite par
m’ennuyer à nouveau. – Ne souriez pas de mes inquiétudes, et rappelez-vous que
je suis un homme dangereux. Ne vous fiez pas à moi. Je n’aurai pas pitié de
notre affection. Je n’ai aucune raison de respecter un homme pour la simple
raison que je l’ai connu. Sous le coup de la nécessité, je peux avoir des
réveils sauvages.
Tous les prétextes raisonnables, et souvent décisifs,
pour me défaire de vous que j’ai écartés ne signifient rien. Ils sont
simplement la preuve que je me laissais trahir. Mais quand vous vous y attendez le
moins, dans l’extrême confusion de toutes les opportunités, je peux m’attacher
au plus vil d’entre eux. Alors, je vous présenterai des comptes dont vous
n’avez pas idée. Je vous rappellerai des détails dont vous vous demanderez avec
étonnement comment j’ai pu les remarquer. J’aurai renoncé à tout ce qui protégeait
notre relation : les apathies, les timidités, les sensuelles complaisances. Mes dernières paroles seront criblées de vérités. – Auriez-vous encore la force
de résister ? Dans ce cas-là, j’aurais maintenant quelque esprit fraternel
à aimer, quelque fidélité à servir. Mais vous me haïrez et me laisserez m’en
aller dans la poussière de mes colères. C’est ainsi que les choses finiront
entre nous. Qu’aurions-nous encore à faire ensemble ? Nous nous sommes
donné ce que nous pouvions. Nous nous sommes volé tout ce qui était possible.
Nous avons fait la guerre en nous livrant au pillage. Nous sommes épuisés par
le devoir accompli et alourdis par toutes les faims apaisées. Je m’en irai. Je
n’accepterai pas de prolonger ce jour fumeux tombé en chacun de nous sans que
de son crépuscule jaillisse la moindre étoile.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Site Flickr
au centre et en bas, merci à Patrick Raymond pour ses photos de la Via Veneto (Site Flickr)
Images : en haut, Site Flickr
au centre et en bas, merci à Patrick Raymond pour ses photos de la Via Veneto (Site Flickr)
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