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mardi 5 mars 2013

Valle dei morti (Vallée des morts)




C'è una piccola valle che s'inoltra
nelle colline così dolci e popolose, solo un tratto
d'ombra visto dal treno, dietro il verde
che fugge e quelle bestie
miti, vacche e cavalli
uguali da un anno con l'altro e quasi immobili
lungo il filo dei giorni.
Ma uno, se alza gli occhi dal suo libro,
o si sveglia smarrito a un sobbalzo,
la guarda per un attimo come si guarda il vuoto.
E tutto è fermo : una coda a mezz'aria,
un getto giallo d'urina, un ghiaccio teso
sui fotogrammi spezzati, un bambino
che salta e resta appeso
al suo gesto giocoso. C'è una casa
e del fumo e un paesaggio tagliato dal treno.
E quell'ombra.

C'è sempre una piccola valle che s'inoltra
e non si sa dove porti
se ci passi
qualcuno mai. Lì vorrei immaginarvi
camminare da soli nei boschi d'autunno,
a modo vostro liberi, senza voltarvi. E non posso.

Fabio Pusterla Folla sommersa, ed. Marcos y Marcos, 2004





Vallée des morts

Il y a une petite vallée qui s'avance
dans les collines si douces et populeuses, un simple trait
d'ombre aperçu depuis le train, derrière les pâturages
qui défilent et ces bêtes
douces, vaches et chevaux
identiques d'une année à l'autre et presque immobiles
dans la suite des jours.
Mais quelqu'un, levant les yeux de son livre,
ou se réveillant égaré en un sursaut,
regarde soudain cette vallée comme on regarde le vide.
Et rien ne bouge : la queue à demi dressée d'une vache,
un jet jaune d'urine, du givre répandu
sur des plaques photographiques brisées, un enfant
qui saute et reste suspendu
dans son geste joyeux. Il y a une maison
de la fumée et un paysage haché par le train.
Et cette ombre.

Il y a toujours une petite vallée qui s'avance

sans que l'on sache où elle conduit
s'il y passe
jamais quelqu'un. C'est là que je voudrais vous imaginer
marcher seuls dans les bois d'automne,
libres, à votre manière, sans vous retourner. Et je ne peux pas.


(Traduction personnelle)





Images : Renaud Camus (Site Flickr)

4 commentaires:

  1. Je lis lentement. Un paysage presque familier, serein et puis des mots qui accrochent comme des fils de fer barbelés pour la laine des moutons. J'ouvre les liens. Photos bouleversantes de R. Camus. J'écoute la musique et le silence en est modifié et puis à nouveau le silence succède à ces maux-dits... la vie s'est délitée...

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  2. Merci d'avoir repris ici votre commentaire, chère Christiane, je reproduis à mon tour la réponse que je vous avais faite :

    J'aime beaucoup les échos que permettent sur Internet les liens, et les passages qu'ils opèrent entre les mots, les musiques, les images ; ici entre le poème de Pusterla, la magnifique série de photos de Renaud Camus sur la dispersion des cendres de sa mère, l'exposition "Derniers Jours" de Boltanski et le "Komm, süsser Tod" de Bach chanté par Kirsten Flagstad...

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  3. Quand vous revenez sur un poème, une musique et ces si belles photos, c'est que quelque chose vous tire en arrière. En cette douce vallée où reposent les morts aucune crainte mais la blessure du givre de la mort abrupte sur un visage effacé...
    Êtes-vous triste, ce soir ?
    Faites comme la colline, les vaches débonnaires (j'aime le jet d'urine jaune), l'enfant saisi dans sa joie. Peut-on refuser la mort ? Elle est le point à ligne avant d'inaugurer une autre parole... secrète...
    Pusterla, que j'ai découvert sur le blog numide et lumineux d'Angèle Paoli, m'a séduite par ce poids des choses simples qui nous plantent dans la vie.

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    1. Non, ce n'est pas de la tristesse, mais j'aime bien "repêcher" quelques anciens messages que j'aime particulièrement pour les proposer aux (éventuels) nouveaux visiteurs du blog. Cela dit, je reconnais que la tonalité générale de ces textes n'est pas la franche gaieté...

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