"È una terra
che attende
e non dice parola."
Pour commencer cette année, voici une promenade silencieuse dans les Langhe, la terre de Pavese et de Fenoglio, en compagnie du romancier Gianni Farinetti :
Il silenzio,
specialmente di notte, in Langa è doppio. A un primo strato superficiale,
comune a ogni campagna del mondo, ne segue un altro più profondo, più sordo
eppure più vibrante. Forse perché la gente va a letto presto e non è rumorosa
di suo, ma soprattutto perché le colline di Langa non emettono echi. Non è come
in montagna che se gridi ti torna indietro il richiamo, ma queste colline, i
dirupi, i calanchi, i valloni di qui, assorbono i suoni, li trattengono, li
celano nel profondo. Se fossero un tessuto sarebbero velluto, un cibo una crema
di verdure, stagnante, sommessa. Non ci sono cascate, non c’è il mare in
burrasca, anche il vento — che qui non manca — fa sbattere le porte, certo, ma
con suoni speciali, non rabbiosi, senza avvisaglie, un bel bam secco e basta.
Di notte, c’è un fremito segreto di animali cauti nel bosco, di sonno, di tana.
Gli uccelli dormono, le bisce — sempre comunque impercettibili — tacciono
vicino alla cisterna, ai pozzi, nelle pietre dei muretti. Un animale perfetto
di qui è la salamandra che attraversa eterna un sentiero, segreta, felpata,
indifferente al trascorrere delle stagioni, dei secoli. Gli unici veri rumori
animali, ma lievi, come di carta stropicciata, sono quelli delle falene che
sbattono balorde contro un lume acceso.
Così, nelle notti, è come se la
preistoria trionfasse. Persino un lampione, il neon di un’insegna, l’accendersi
di un segnale stradale accecato dagli abbaglianti non fa che accentuare i
millenni passati. In valle, inoltre, non c’è nemmeno un semaforo, solo il
passaggio ferroviario di Cengio. Si possono intravedere armigeri sporchi di
fango, truppe esauste, processioni notturne da chiesa a chiesa, e prima ancora
animali estinti, acque, boschi. E prima ancora altri boschi, altre acque più
estese, insondabili, eterne. La povertà di sempre — ora largamente sconfitta —
vibra però ancora sui muri di pietra delle cascine devastate, nei pioppeti,
nelle grotte, nei conventi dismessi. E anch’essa ha il suo silenzio, i suoi
speciali suoni. La gente dorme con la finestra spalancata, i pipistrelli
volteggiano sui campanili con richiami udibili solo a loro stessi, una serpe
azzanna una rana sui sassi piatti, levigati del Bormida.
Le silence est double dans les Langhe, tout particulièrement la nuit. Derrière une première strate superficielle, commune à toutes les campagnes dans le monde, on en découvre une autre plus profonde, plus sourde et pourtant plus vibrante. C’est peut-être parce que les gens d’ici se couchent tôt et n’ont pas un tempérament bruyant, mais la raison principale est que les collines des Langhe ne produisent pas d’échos. Ce n’est pas comme en montagne, où chaque cri nous revient aussitôt ; ici au contraire, les collines, les escarpements, les sols argileux, les vallons absorbent les sons, les retiennent, les enfouissent au plus profond. S’ils étaient un tissu, ce serait du velours ; un aliment, un potage crémeux, discret comme une eau dormante. Il n’y a pas de cascades, pas de mer tempétueuse ; certes, le vent — bien présent ici — fait claquer les portes, mais avec des sonorités particulières, sans rage, sans alerte, avec un claquement sec et unique. La nuit, il y a un frémissement secret d’animaux à l’affût dans le bois, de sommeil, de tanière. Les oiseaux dorment, les couleuvres — de façon toujours imperceptible — se glissent silencieusement près de la citerne, des puits, entre les pierres des murets. L’animal caractéristique de ces lieux, c’est la salamandre qui traverse un sentier pour l’éternité, secrète, feutrée, indifférente au passage des saisons, des siècles. Les seuls vrais bruits animaux, légers, semblables à du papier froissé, sont ceux des phalènes qui viennent bêtement se cogner contre une lampe allumée.
Ainsi, la nuit devient le triomphe de la préhistoire. Même un lampadaire, une enseigne au néon, le surgissement d’un panneau illuminé par les phares ne font qu’accentuer la présence des millénaires passés. De plus, dans la vallée, il n’y a pas un seul signal lumineux excepté celui du passage à niveau de Cengio. On peut apercevoir des hommes d’armes couverts de boue, des troupes épuisées, des processions nocturnes d’une église à l’autre, et avant cela encore des espèces disparues, des étendues d’eau, des forêts. Et encore plus avant, d’autres forêts, de plus vastes étendues d'eau, insondables, éternelles. La pauvreté de toujours — aujourd’hui largement vaincue — vibre encore toutefois sur les murs de pierre des fermes dévastées, dans les bois de peupliers, dans les grottes, dans les couvents abandonnés. Et elle aussi a son silence, ses sonorités particulières. Les gens dorment avec la fenêtre grand ouverte, les chauves-souris voltigent au-dessus des clochers en lançant des appels qu’elles seules peuvent entendre ; au bord de la rivière, un serpent mord une grenouille sur les galets plats et lisses de la Bormida.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Site Flickr
au centre, Ludovico Caldara (Site Flickr)
Merci, Emmanuel, pour vos excellentes traductions. Je vous souhaite une bonne année 2014. Lilia da Frusseda
RépondreSupprimerGrazie, Lilia, e tanti auguri di buon anno a lei !
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