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mardi 7 janvier 2014

Tout le monde était jeune




Rome 1952 : un extrait des souvenirs de Pierre Barillet (dont le nom est traditionnellement associé à Jean-Pierre Grédy, avec qui il a écrit de très nombreuses pièces dites "de boulevard"), réunis dans le délicieux ouvrage À la ville comme à la scène :

C’est à Venise que nous nous sommes séparés de Denise [Bourdet], qui rentrait à Paris. Jean-Pierre [Grédy] et moi, nous avons décidé de prolonger notre séjour italien, et de partir à la découverte de Rome. D’autres amis nous y attendaient. Si quelques recommandations nous valaient encore des invitations dans la haute société romaine, somme toute assez restreinte, c’est une existence beaucoup plus libre, principalement entre garçons, que nous allions y mener pendant deux ou trois semaines. Installés au dernier étage de l’Albergo d’Inghilterra, où descendaient, entre autres, Truman Capote et Montgomery Clift, nos chambres donnaient sur une terrasse que rien ne séparait des autres. On liait connaissance avec ses voisins. À la faveur d’un petit déjeuner pris au soleil, on découvrait même avec qui ils avaient passé la nuit, et cela provoquait parfois des surprises et des chassés-croisés. Les relations se nouaient gaiement. Il y avait beaucoup d’Américains, d’étudiants, de peintres, d’écrivains et de musiciens.




Quand nous n’étions pas dans les musées ou dans les églises, Guide bleu à la main, nous partions en balade, pour la journée, aux environs de Rome. J’adorais la Villa Adriana dont on découvrait encore les ruines presque comme Hubert Robert, au hasard du paysage, dans son élément naturel. Nous allions aussi à la plage, à Ostie, où nous draguaient gentiment des Italiens adolescents qui se partageaient entre le foot et le détournement de majeurs. Dans la soirée, nous allions boire un americano ou un negroni, au bal de l’Hôtel Flora, via Veneto, où se réunissaient en majorité les jeunes gens étrangers. Là encore, s’amorçaient des rencontres faciles. Puis on dînait en bandes improvisées dans des trattorias du Trastevere. C’était une vie exquise. Tout le monde était jeune, et moi, je n’avais pas trente ans. 

Pierre Barillet  À la ville comme à la scène  Editions de Fallois, 2004  









Images : au centre, Valerio Pacchiarotti  (Site Flickr)

en bas, (1) Simona Z.  (Site Flickr)

(2) Sergio  (Site Flickr)

1 commentaire:

  1. Puis les années passent... Gratitude pour nos beaux souvenirs de jeunesse et de frémissements..; et dépouillement grandissant dans la dernière marche...

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