Translate

jeudi 6 janvier 2011

Fortezza Bastiani




In uno spiraglio delle vicine rupi, già ricoperte di buio, dietro una caotica scalinata di creste, a una lontananza incalcolabile, immerso ancora nel rosso sole del tramonto, come uscito da un incantesimo, Giovanni Drago vide allora un nudo colle e sul ciglio di esso una striscia regolare e geometrica, di uno speciale coloro giallastro : il profilo della Fortezza.
Oh, quanto lontana ancora. Chissà quante ore di strada, e il suo cavallo era già sfinito. Drogo la fissava affascinato, si domandava che cosa ci potesse essere di desiderabile in quella solitaria bicocca, quasi inaccessibile, così separata del mondo. Quali segreti nascondeva ? Ma erano gli ultimi istanti. Già l'ultimo sole si staccava lentamente dal remoto colle e su per i gialli bastioni irrompevano le livide folate della notte sopraggiungente.

Dino Buzzati Il Deserto dei Tartari


À travers une fissure des roches voisines que l'obscurité recouvrait déjà, derrière de chaotiques gradins, à une distance incalculable, Giovanni entrevit alors, encore noyé dans le rouge soleil du couchant et comme issu d'un enchantement, un plateau dénudé et, sur le rebord de celui-ci, une ligne régulière et géométrique, d'une couleur jaunâtre particulière : le profil du fort.
Oh ! comme il était loin encore, ce fort ! Qui sait à combien d'heures de route encore, et le cheval de Drogo qui était déjà fourbu ! Drogo, fasciné, regardait fixement le fort, se demandant ce qu'il pouvait bien y avoir de désirable dans cette bâtisse solitaire, presque inaccessible, à tel point isolée du monde. Quels secrets cachait-elle ? Mais c'étaient les derniers instants. Déjà les ultimes rayons du soleil se détachaient lentement du lointain plateau et, sur les bastions jaunes, les livides bouffées de la nuit qui tombait faisaient irruption.

(Traduction : Michel Arnaud)



Franco Battiato canta Fortezza Bastiani (2004, testo e musica di F. Battiato)

Resisterà alle dolci lusinghe la Fortezza Bastiani ?
Bugiardi imbonitori l'assediano
con violenze degne di Tamerlano.
Resisterò andando incontro al piacere,
ascoltando il respiro, trattenendo il calore,
su un'altra forma d'onda intonerò il mio pensiero.

Ho camminato girando a vuoto,
senza nessuna direzione.
Mi tiene immobile nei limiti
l'ossessione dell'Io

Mi ritrovai seduto su una panchina
al sole di febbraio,
un magico pomeriggio dai riflessi d'oro,
e mi svegliai con l'aria di pioggia recente
che aveva lasciato frammenti di gioia.

Résistera-t-il aux douces flatteries, le fort Bastiani ?
Des bonimenteurs l'assiègent
avec des outrages dignes de Tamerlan.
Je résisterai en recherchant le plaisir,
écoutant chaque souffle, retenant la chaleur,
j'accorderai ma pensée sur une autre longueur d'onde.

J'ai marché au hasard,
sans aucune direction.
Immobile derrière les barrières
de l'obsession du moi.

Je me suis retrouvé assis sur un banc
au soleil de février,
un magique après-midi aux reflets d'or,
et je me suis réveillé dans un air rafraîchi par une pluie récente
où subsistaient des fragments de joie.

(Traduction personnelle)






Image (en bas) : Leonardo Sagnotti (Site Flickr)

Source de la vidéo : Site YouTube

2 commentaires:

  1. Un de mes romans culte et une si belle chanson. Comme c'est beau, ici, comme c'est beau !
    Bravo aussi pour les photos.

    RépondreSupprimer
  2. Merci, Christiane ! Je suis moi aussi un lecteur passionné de Buzzati, et en particulier du "Désert des Tartares".

    RépondreSupprimer