"Vano dirai quel che disserra e scote
Della virtù nativa
Le riposte faville ? e che del fioco
Spirto vital negli egri petti avviva
Il caduco fervor ? Le meste rote
Da poi che Febo instiga, altro che gioco
Son l'opre de' mortali ?"
G. Leopardi Canti, A un vincitore nel pallone
« La poésie doit être attentive à la vie quotidienne, et donc au sport, dit Roberto Mussapi ; pour ma part, je m’intéresse à l’autre visage du sport, celui qui est vrai, héroïque, opposé à la violence, et qui fait ressembler certains champions au mythique Hector de l’Iliade. Ce sont des personnages faits de nerfs et de sentiments, qui se battent pour défendre quelque chose qui appartient aussi à la collectivité. ». Justement, le poème que l’on va lire ici lui a été inspiré par le cri de victoire du célèbre footballeur Marco Tardelli, grâce à qui l’Italie a remporté la Coupe du Monde de Football en Espagne, le 11 juillet 1982. J’aime beaucoup la réaction tranquille et détachée de Tardelli à la lecture du poème lyrique et épique que Mussapi lui a consacré : « Nel leggerla, la prima volta, ho provato una strana sensazione : lui ha visto in me una specie di eroe, quando io mi sentivo solo un ragazzo fortunato. » (« La première fois que je l’ai lu, j’ai éprouvé une sensation bizarre : il a vu en moi une sorte de héros, alors que moi, je me considérais plutôt comme un garçon chanceux. »)
Tardelli
Le ombre dei pipistrelli abbacinati
dai fari, in alto, qui nel cristallo della luce
verde la rete perforata,
come se un gelo più grande di ogni grido
protraesse il già stato, fissandolo per sempre
mentre l'occhio guardava oltre le carni
in un punto preciso, sulla terra :
senza contatto, come senza erano
i corpi trapassati da quello sguardo :
mentre le forze nel fango hanno incontrato
il destino, e il dettato riempie l'esatta forma :
e una solitudine strana
oltre le prime barriere, oltre le gradinate
si perdeva negli occhi mentre l'esecuzione
feroce traboccava negli altri
e una ragione antica feriva i ginocchi,
piegati sull'erba elettrica, in ginocchio
sulla terra, non pioverà mai su questo campo
non tornerà il giorno e la sera resterà verde
non pioverà, e non ci saranno bambini sulle
tribune, le loro bocche, i loro occhi facili
al pianto prosciugati dal sole in una gola,
mentre il tempo acquatico non attendeva il fischietto
non attendeva il ritorno, immobile nel grido nel
deserto verde nel mistero degli occhi in quella
linea oltre i corpi, come se dalla ferita
della fronte gli occhi
riverberassero nel mare e in un grande
silenzio il sangue si tuffasse
nella luce, mentre il grumo dell'anima
ringhiava, « Non ho parlato con voi e con
nessuno, qualcosa ho dato », e la mente
già lacerata nel grido, lontano, come in un tabernacolo
della battaglia trovasse
oltre gli spalti, la propria pace.
11 luglio 1982
Roberto Mussapi Luce frontale L'età degli eroi Garzanti Ed. 1987
Tardelli
Les ombres des chauve-souris aveuglées
par les phares, en haut, ici, dans le cristal de la lumière
verte, le filet troué,
comme si un gel plus grand que tout cri
prolongeait ce qui a déjà été, l'immobilisant à jamais
tandis que l'œil regardait par-delà les chairs
vers un point précis, sur la terre :
sans contact, comme l'étaient aussi
les corps transpercés par ce regard :
tandis que les forces dans la boue ont rencontré
le destin, et que la dictée remplit l'exacte forme :
et une solitude étrange
au-delà des premières barrières, au-delà des degrés
se perdait dans les yeux cependant que l'exécution
féroce débordait dans les autres yeux
et qu'une raison ancienne blessait les genoux
fléchis sur l'herbe électrique, à genoux
sur la terre, il ne pleuvra jamais sur ce terrain
le jour ne reviendra pas et le soir restera vert,
il ne pleuvra pas, il n'y aura pas d'enfants sur les
tribunes, leurs bouches, leurs yeux prompts
aux larmes séchés par le soleil – elles restent dans la
gorge – et cependant le temps aquatique n'attendait pas
le coup de sifflet
n'attendait pas le retour, immobile dans le cri
dans le désert vert dans le mystère des yeux dans
cette ligne au-delà des corps, comme si du fond
de la blessure au front les yeux
se réverbéraient dans la mer et que dans un grand
silence le sang s'immergeât
dans la lumière, tandis que le caillot de l'âme
grondait, « je ne vous ai pas parlé, à vous ni à
personne, j'ai donné quelque chose »,
et comme si l'esprit déjà lacéré dans le cri, au loin,
comme dans un tabernacle de la bataille trouvait
par-delà les gradins, sa propre paix.
Traduction : Jean-Yves Masson (Lumière frontale, L'Âge des héros, Editions de la Différence, 1996)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire