Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire Les Fleurs du mal Spleen et Idéal
Ora vibra sullo stelo ogni fiore,
svapora in aria come un incensiere,
suoni profumi affollano la sera :
valzer triste, vertigine, languore.
Svapora il fiore come un incensiere,
freme il violino, contristato cuore,
valzer triste, vertigine, languore !
Il cielo è bello e triste come un altare.
Freme il violino, contristato cuore,
un cuore ostile al nulla immenso, nero.
Il cielo è bello e triste come un altare :
il sole annega nel suo sangue d'oro.
Un cuore ostile al nulla immenso, nero,
del passato conserva ogni tesoro.
Il sole annega nel suo sangue d'oro...
Ostensorio è il tuo volto in me, raggiera !
Traduction : Antonio Prete (I Fiori del male Ed. Feltrinelli)
Les deux photographies sont de Renaud Camus (Site Flickr)
Désir infini d'infini et d'harmonie, enchantement du poème, de la valse triste de Sibélius, photographie captant l'invisible, quelle unité sensorielle et sentimentale...
RépondreSupprimerSensations d'un monde en paix...