"wer
in diesem
Schattengeviert
schnaubt, wer
unter ihm
schimmert auf, schimmert auf, schimmert auf ?"
Paul Celan Atemwende
in diesem
Schattengeviert
schnaubt, wer
unter ihm
schimmert auf, schimmert auf, schimmert auf ?"
Paul Celan Atemwende
Stai sognando
cratassi, tirabraccia, il drago soffia-naso.
Chissà cosa sognava Anna Brichtova, che stanotte
viene a trovarci con il suo mosaico
di carte colorate : la sua casa
col tetto rosso, gli alberi
nel prato verde, il cielo : e fuori un lager.
Questo è il vero regalo
che ho portato da Praga senza dirtelo.
Era con me sul treno, la mattina
che ho creduto di vivere all'inferno : Stoccarda,
o giù di lì, dentro un ronzare
di gente che lavora a non sa cosa
o per chi, ma lavora, preme tasti,
invia messaggi a ignoti dentro l'aria.
Solo occhi e dita, solo
un giorno dopo l'altro, smisurato
trascorrere di un tempo che non varia, che appartiene
per sempre ad altri,
ad altro che a sé stessi, e la paura, l'odio
del paria contro il paria, questa rissa
d'anime perse, nuovi schiavi. Il Grande
Bevitore di Birra, la Donna Occhi nel Vuoto,
Mazinga, i miei compagni di viaggio.
Chissà come sognava Anna Brichtova,
a cosa sogni tu, e come vedete
il mondo voi bambini. Lo troverete,
fra i vostri giochi, il gioco che ci salvi ?
Noi tutti lo speriamo
guardandovi dormire.
Fabio Pusterla Le cose senza storia Ed. Marcos y Marcos, 1994
Visite nocturne
Tu rêves
de cratasses, de tire-bras, de dragon mouche-nez.
Qui sait ce dont rêvait Anna Brichtova qui, cette nuit,
vient nous trouver avec sa mosaïque
de papiers colorés : sa maison
au toit rouge, les arbres
dans le pré vert, le ciel : et dehors un lager.
C'est le vrai cadeau
que j'ai rapporté de Prague sans te le dire.
Il était avec moi dans le train, le matin
où j'ai cru être en enfer : Stuttgart,
ou par là, dans un bourdonnement
de gens qui travaillent sans savoir à quoi
ou pour qui, mais qui travaillent, pressent des touches,
envoient des messages dans l'air à des inconnus.
Rien que des yeux et des doigts,
un jour après l'autre, écoulement
démesuré d'un temps qui ne varie pas, qui appartient
pour toujours à d'autres,
à tout autre qu'à soi-même, et la peur, la haine
du paria pour le paria, ce combat
d'âmes perdues, nouveaux esclaves. Le Grand
Buveur de Bière, la Femme aux Yeux dans le Vide,
Mazinga : mes compagnons de route.
Qui sait ce dont rêvait Anna Brichtova,
et ce dont tu rêves toi, et comment vous voyez
le monde, vous les enfants. Le trouverez-vous,
parmi vos jeux, le jeu qui nous sauvera ?
Nous l'espérons tous
vous regardant dormir.
Fabio Pusterla Une voix pour le noir, Poésies 1985-1999, Editions d'en bas (Traduction : Mathilde Vischer)
Fabio Pusterla sur le site Terres de femmes
Images : en haut, Paolo et Vittorio Taviani, La Notte di San Lorenzo
en bas, Source
J'ai connu ce poète émouvant et étrange grâce à Angèle Paoli. Beaucoup de pages réservées à Fabio Pusterla sur "Terres de Femmes" dont celle-ci où l'on peut lire la préface de "Une voix pour le noir" écrite par Philippe Jaccottet.
RépondreSupprimerhttp://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2010/05/fabio-pusterlaarte-della-fuga.html
Le poème que vous avez choisi et cette musique vrillent le coeur. C'est un pétale de rose dans l'enfer de Terezin...