Henri Dutilleux, L'Arbre des songes, concerto pour violon, premier mouvement : Librement (1983-1985, dédié à Isaac Stern)
La Geôle
Je m’égare par les pics neigeux que mon front
recèle dans l’azur noir de son labyrinthe.
Plus d’autre route à moi ne s’ouvre, vagabond
enfoncé sous la voûte de sa propre plainte.
Errer dans ce lacis et délirer ! Ô saintes
rêveries de la captivité. Les prisons
sont en moi les prisonnières et dans l’empreinte
de mes profonds miroirs se font et se défont.
Je suis perdu si haut que l’on entend à peine
mon sourd appel comme un chiffon du ciel qui traine.
Mais là-bas, clair pays d’où montent les matins,
dans ta prairie, Alice-Abeille, ma bergère,
si quelque voix, tout bas, murmure "C’est ton père",
va-t’en vers la montagne et prends-moi par la main.
Poème de Jean Cassou, extrait des 33 sonnets composés au secret, mis en musique en 1944 par Henri Dutilleux.
Images : en haut (Source)
Henri Dutilleux converse avec le chef Alan Gilbert, directeur musical de l'Orchestre philharmonique de New York et la grande soprano Renée Fleming, pour qui il a composé le cycle de mélodies Le Temps l'horloge.
Photo émouvante où on voit Henri Dutilleux se promener sur un quai de l'Île-Saint-Louis où il habitait. Cette plaque qui devait honorer la mémoire de ce grand compositeur - mort le 22 mai 2013 dans un silence officiel d'indifférence - et qui ne le sera pas n'empêchera pas d'écouter ses œuvres. Le poème de Jean Cassou est bien choisi pour opposer à toutes les geôles, des vies données pour la lumière.
RépondreSupprimerQuand les politiques s'embourbent dans la polémique qu'ils ont eux-même lancée, une seule chose à faire : se passer d'eux et désobéir civilement.
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/media/set/?set=a.865969583442161.1073741827.100000873815150&type=1&l=8943c38f38
Ah, merci pour le 12 rue Saint-Louis en l'Île. "Désobéir civilement" ? Beau programme ! Vous avez un drôle de pseudo difficile à lire ! (cela ressemble à un froufrou de plumes d'un oiseau qui s'envole ou à ronronnement de chat.)
RépondreSupprimerCette affaire est bien triste : quand un pays refuse d'honorer, sous un prétexte idiot et mensonger, l'un de ses plus grands artistes (et une personnalité admirable, d'une liberté et d'une rectitude exceptionnelles), il y a de quoi s'inquiéter pour son avenir !
SupprimerVoici le lien de brvbrv : 12 rue saint-Louis-en-l'Île
L'hypocrise touche au cynisme : Mitterand n'a-t-il pas été proche, dans sa jeunesse ,de l'Action française ? Mitterand n'a-t-il pas été un moment accompagné le régime de Vichy? N'a-t-il pas écrit dans "France, revue de l'Etat Nouveau" ? N'a-t-il pas été d'abord un admirateur du "vieux maréchal" ? N'a-t-il pas aussi obtenu en 1943 la "Francisque Gallique" ? N'a-t-il pas attendu que Laval "fasse ses preuves" ? Avant, bien sûr, de comprendre...
RépondreSupprimerFaut-il donc qu'on soit musicien et qu'on n'ait participé, ni de près ni de loin, à la collaboration (qui était l'essence même du régime de Vichy) pour que soit refusé l'ultime marque de reconnaissance pour une vie d'artiste accomplie (et au demeurant déjà reconnue) ?
Enfin, toujours les mêmes portes ouvertes à défoncer : Papon, ministre de l'Intérieur sous De Gaulle, Bousquet quasi blanchi à l'époque par un jury de résistants, et tous les autres...effectivement de quoi perdre le "la"...