"Solo chi non è nato, vive !
Vive perchè vivrà,
e tutto sarà suo, è suo, fu suo !"
P.P.P. Poesia in forma di rosa
Supplica a mia madre
E’ difficile dire con parole di figlio
ciò a cui nel cuore ben poco assomiglio.
Tu sei la sola al mondo che sa, del mio cuore,
ciò che è stato sempre, prima d’ogni altro amore.
Per questo devo dirti ciò ch’è orrendo conoscere :
è dentro la tua grazia che nasce la mia angoscia.
Sei insostituibile. Per questo è dannata
alla solitudine la vita che mi hai data.
E non voglio esser solo. Ho un’infinita fame
d’amore, dell’amore di corpi senza anima.
Perché l’anima è in te, sei tu, ma tu
sei mia madre e il tuo amore è la mia schiavitù.
Ho passato l’infanzia schiavo di questo senso
alto, irrimediabile, di un impegno immenso.
Era l’unico modo per sentire la vita,
l’unica tinta, l’unica forma : ora è finita.
Sopravviviamo : ed è la confusione
di una vita rinata fuori dalla ragione.
Ti supplico, ah, ti supplico : non voler morire.
Sono qui, solo, con te, in un futuro aprile.
Pier Paolo Pasolini Poesia in forma di rosa
Supplique à ma mère
Il est difficile de dire avec les paroles d'un fils
ce à quoi dans mon cœur je ressemble bien peu.
Tu es la seule au monde à connaître mon cœur,
ce qu'il a toujours été, avant tout autre amour.
Pour cela, je dois te dire ce qu'il est horrible de savoir :
c'est de ta grâce que naît mon angoisse.
Tu es irremplaçable. À cause de cela, la vie
que tu m'as donnée est condamnée à la solitude.
Et je ne veux pas être seul. J'ai une faim infinie
d'amour, de l'amour de corps sans âme.
Parce que l'âme est en toi, c'est toi, mais tu es
ma mère et ton amour est mon esclavage.
J'ai vécu mon enfance esclave de cette sensation
intense, irrémédiable, d'un engagement total.
C'était la seule façon de se sentir vivant,
la seule couleur, la seule forme : à présent, c'est fini.
Nous survivons : et c'est le désordre
d'une vie nouvelle privée de raison.
Je t'en supplie, oui, je t'en supplie : ne meurs pas.
Je suis là, seul, avec toi, en un futur avril.
(Traduction personnelle)
Images : en haut, Susanna Colussi-Pasolini dans L'Evangile selon Saint-Matthieu
au centre, Pasolini et sa mère.
en bas, tombes de Pasolini et de sa mère à Casarsa
C'était sa mère ! oh, quel visage inoubliable dans ce film de cristal et de sang. Paul Edel nous avait dit de bien regarder le visage de la mère mais il n'avait pas dit pour quelle raison... Nous évoquions sur son blog ce film si rare.
RépondreSupprimerEt voilà maintenant, ces photos, ce poème. Quelle émotion.
Tout vient... il suffit d'attendre.
Oui, on ne peut plus revoir ces images sans penser à ce qui devait arriver onze ans plus tard... J'ai rajouté au fond de mon message un lien renvoyant à un texte de Nico Naldini que j'avais publié ici il y a quelques mois sous le titre "Deposizione". Son témoignage est vraiment bouleversant.
RépondreSupprimeroui, mais sans traduction....
RépondreSupprimerParlez-vous du texte de Nico Naldini, chère Christiane ? Il y a bien la traduction juste en dessous...
RépondreSupprimerOh quel cadeau ! merci Emmanuel. C'est incroyable ce choc des images et ce texte qui s'éteint sur les cris de la mère. Quelle étrange superposition du temps fictif et du réel. réentendre la Missa creola au moment où le tombeau s'ouvre est également une joie intense.
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé le Kyrie de la Misa Criolla de Ariel Ramirez.... que de souvenirs...
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=7DHTKJPuW_w&feature=related